La position de l’Islam vis-à-vis des masques, idoles et autres…
Depuis quelques semaines, des manifestations culturelles en pays Baga à l’hommage d’un masque dit de la fécondité et de la fertilité Ndimba ; et une symbolique protocolaire née de ce qu’on a qualifié de Branding national dont le logo n’est autre que ce même masque, deux sujets ordinaires dans la vie des Guinéens ont suscité débat. D’abord la sortie du Cheick Mansour Fadiga qui a rappelé que la Guinée n’est pas un pays idolâtre. Puis la réaction de François Lounceny Fall qui a soutenu l’Imam Fadiga. La communauté Baga qui réclame la paternité du masque a, elle aussi de son côté protesté vigoureusement dans un écrit contre l’imam. De par la suite, le sujet a marqué les uns et les autres, chacun selon son niveau de compréhension, ses croyances et sa manière de voir. Le débat a invité l’historien Aly Gilbert Ifono, puis l’homme de lettres Tierno Mo Nenembo. Dans les réseaux sociaux et dans les médias chacun affiche sa position et son commentaire.
Nous avons aussi lu en passant les articles et les commentaires des uns et des autres dans les réseaux sociaux sur cette actualité qui n’est pas anodine. La première observation que nous avons relevée, c’est que le sujet abordé n’est pas un sujet facile comme certains l’abordent. C’est un sujet lié à la foi, qui met en face-à-face les musulmans dont la foi ne tolère aucune forme de vénération de masques ou de fétiches et les non musulmans d’une part et les laïcs de l’autre part. L’islam est connu de tous comme étant une religion qui se définit par essence comme la négation de l’idolâtrie et du polythéisme dans toutes ses formes. Une religion qui condamne les représentations artistiques d’êtres animés par des figures : cela aussi bien par le dessin, la gravure, la peinture, la sculpture, que par d’autres moyens.
Nous avons mesuré les positions des uns et des autres, et nous avons compris et surtout nous avons jaugé la dimension de l’enjeu. Nous avons découvert que de forts risques de tensions planent dans l’air ; et nous avons jugé bon d’intervenir à temps opportun pour apporter un éclairage sur la question, avec comme souci de fournir les éléments informatifs nécessaires à lever une confusion chez certains qui, bien que musulmans méconnaissent le sens réel des masques et des représentations figurées de la divinité. De même, nous voulons répondre à des positions radicales teintées de mépris visant la communauté musulmane et sa foi, avec comme soucis d’avertir ceux qui veulent profiter de ce fait divers pour mettre de l’huile sur le feu .
L’histoire de l’Islam est sans doute la plus vieille eu égard aux autres croyances, puisque le premier homme était le premier musulman, c’est-à-dire adorateur d’une unique divinité : Allah. Allah est la seule vraie divinité agissante qui mérite l’adoration, c’est Allah le créateur du monde. Tous les hommes sont unanimes à le reconnaitre. Par conséquent, Il demeure le seul Maître qui a mandat d’ordonner et d’interdire de façon légitime, légal, juste et équitable. C’est sur cette base qu’Allah a engagé tous les hommes quand même ils étaient encore dans les reins de de leurs aïeux. Comme cela est inscrit dans la sourate Al’Araf verset : Allah dit : « Et quand ton Seigneur tira une descendante des reins des fils d’Adam et les fit témoigner sur eux même : « Ne suis-je pas votre seigneur ? » Ils répondirent : Mais si, nous en témoignons. » afin que vous ne disiez point, au jour de la résurrection : « Vraiment, nous n’y avons pas fait attention. (172) Ou que vous auriez dit (tout simplement) : Nos ancêtres autrefois donnaient des associés à Allah, et nous sommes leurs descendants, après eux. Vas-Tu nous détruire pour ce qu’on fait les imposteurs? »(173).Et c’est aussi que nous expliquons intelligemment les signes. Peut-être reviendront-ils ? » (174) De ces versets, les savants tirent la conclusion que le fils d’Adam est moulé sur le monothéisme, le culte exclusif réservé à Allah. Et que le polythéisme est intervenu accidentellement dans sa vie.
DE L’ORIGINE DE L’IDOLATRIE :
A la mort d’Adam, sa descendance est restée une dizaine de siècles dans le culte pur . La mécréance est intervenue suite aux excès qu’ils ont commis dans la considération des personnes pieuses : Et Allah a relaté cela dans la sourate Noé verset -21 : Noé dit : « Seigneur, ils m’ont désobéi, et ils ont suivi celui dont les biens et les enfants n’ont fait qu’ accroitre la perte (21). Ils ont ourdi un énorme stratagème (22). Et ils ont dit : « N’abandonnez jamais vos divinités et n’abandonnez jamais Wadd, Suwà, Yagùth, Ya’ùq et Nasr ?(23). Elles (les idoles) ont déjà égaré plusieurs personnes. Les noms de ces idoles ne sont autre que ceux de personnes pieuses qui ordonnaient le bien et interdisaient le blâmable dans la société. Et quand ils moururent subitement en un mois, leurs disciples furent affligés et craignirent que la religion ne souffrît, après leur mort . Ils décidèrent alors, sans se référer à la science révélée, d’élever des statues à leurs images en guise de mémorial aux endroits où ces personnes s’asseyaient et dispensaient leurs cours. Ils donnèrent leurs noms à ces statues. Voilà donc comment les gens ont inventé les idoles sous les inspirations du diable. Au départ, ceux qui ont érigé ces statues avaient agi dans le simple souci de préserver la mémoire collective, ils souhaitaient que ces statues constituent un rappel pour les fidèles. Et c’est plus tard, après la mort de ces concepteurs et le retour de l’ignorance que le diable souffla aux gens qu’ils devraient considérer ces idoles comme divinité, les invoquer et leur demander secours, …les adorer en un mot.
Et Allah envoya les Messagers comme Nouh, Ibrahim, Louth, Younouss, … pour rappeler les hommes à la voie droite comme Allah le dit dans la Sourate Annahl verset 36 ; « Nous avons envoyé dans chaque communauté un messager pour leur dire « Adorez Allah et écartez-vous du Tagùt ». Le Tagùt regroupe toutes les fausses divinités ; Ibliss, diable, idole, totem, masque… Et les masques vénérés ne font pas exception à cette liste, quoi qu’on n’en dise. Puis, Allah continua son programme en dressant pour chaque communauté un messager pour interdire l’idolâtrie et proclamer le monothéisme. Relisez l’histoire du Messager Muhammad (SAW), vous allez vous rendre compte qu’à l’image de tous les Messagers, celui-ci a invité à l’unicité d’Allah. Le Prophète Ibrahim (PSL) avait excellé dans ce domaine au point qu’Allah a fait de lui Son ami de choix. C’est la foi de Ismaël, de Ishaq, de Yacouba, de leurs descendants et de tous les Prophètes d’ALLAH .
Et quand le Messager Mouhammad PSL a été envoyé, il a commencé par inviter les gens à dire qu’il n’y a de vrai Dieu qu’Allah. Il n’y a eu de confrontation réelle entre le Messager et les mecquois que sur cet aspect singulier : l’interdiction de l’adoration d’autre chose qu’Allah.
Après avoir reconquis la Mecque, le Prophète a trouvé 360 idoles autour de la Maison sacrée. Il se mis aussitôt à les bousculer à l’aide d’une canne qu’il avait en main, en lisant le verset : « Et dis : « la vérité (le monothéisme) est venue, et le faux (l’idolâtrie) a disparu car le faux est destiné à disparaitre ». Verset 81 -Al Isra’i. Et le Prophète continua sa mission de destruction des idoles l’une après l’autre : Il chargea Ahab Ibn Oussayd Al Khouza’i de détruire toutes les idoles se trouvant dans l’enceinte du Haram (la zone sacrée). Il désigna des équipes vers les idoles qui étaient adorées aux confins de la Mecque. Et toutes furent détruites. Et le Prophète désigna quelqu’un d’annoncer à haute voix l’obligation de détruire immédiatement toute idole qui se trouverait dans une maison dans la citée sacrée et cela pour toute personne qui croit en Allah et au jour dernier. Il ne s’arrêta pas là. Il désigna Amr Ibn Al’ Ass de détruire l’idole Suwa’s et il alla la détruire. Il envoya Sa’ad Ibn Zayd pour détruire Manaat, une autre idole. Après cette destruction systématique des idoles sous l’ordre de Messager, il ne convient pas à un musulman – guinéen, eût-il le titre d’homme de lettres ou de Maître de conférences, de défendre un masque sous prétexte que cela ne serait pas incompatible avec l’Islam. Il ne convient pas à un homme d’Etat de prendre unilatéralement de représenter la Guinée par un symbole qui heurte la sensibilité de la majorité. De telles questions méritent de larges concertations au niveau national, que les Guinéens avertis puissent décider, en toute responsabilité, de ce qui devrait constituer les symboles de ce pays. Elhadj Mansour Fadiga a parfaitement raison. Ses adversaires dans ce débat doivent se ressaisir et chercher la meilleure compréhension en interrogeant les spécialistes de l’Islam. Ils doivent s’interdire de tenir de propos belliqueux. Ceux qui voudraient profiter de cet évènement pour insulter la mémoire collective des musulmans se trompent de cible. Ils devraient pleurer leur sort : C’est-à-dire le fait d’ignorer la définition même de l’Islam.
Mamadou Dian Dieng,
Journaliste
Tel : 622 13 52 35
Créé le 2 avril 2023 05:21Nous vous proposons aussi
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