Atrocités de 2009 : « les femmes étaient la proie préférée des militaires… », selon François Fall
CONAKRY-Selon le rapport d’enquête indépendant de l’Organisation des Nations-Unies, au moins 109 filles et femmes ont été victimes de violences sexuelles le 28 septembre 2009 au grand stade de Conakry. A la barre du tribunal criminel de Dixinn où le procès des auteurs présumés du massacre se tient, l’ex premier ministre François Lounceny Fall, ces chiffres sont beaucoup plus élevés.
Ce témoin clef de ces atrocités a expliqué au détail près le modus opérandi des militaires qui ont pris d’assaut le stade. Selon l’ex ministre des affaires étrangères, les femmes étaient leur proie préférée.
« Je peux vous affirmer que le nombre de femmes victimes de viols, indiqué dans le rapport de l’ONU, est bien supérieur au nombre réel. Beaucoup de femmes ont violées, violentées, humiliées le 28 septembre 2009, mais certaines n’ont pas voulu se faire connaitre. Vous comprendrez les raisons, je respecte leur silence.
Des dizaines de femmes ne se sont pas manifestées pour témoigner. Elles continuent à endurer ce traumatisme. J’ai vu pendant ces derniers jours des victimes parler, vous les avez écoutées à huis-clos, ça c’est un nombre infime, beaucoup vivent encore avec ce traumatisme de cette journée funeste. J’ai vu une qui a eu le courage de venir devant vous ici avouer qu’elle a été violée. J’admire son courage », a-t-il expliqué.
Selon le diplomate onusien, le jour du 28 septembre 2009, plusieurs femmes sont sorties complètement nues du stade. Comment les « violeurs » agissaient-ils ? François Fall explique :
« Les militaires s’acharnaient sur les femmes particulièrement, tuaient les jeunes garçons. Si vous voyez le nombre de morts, c’est surtout les hommes. Mais les femmes étaient leur proie préférée, soit pour les humilier, soit pour abuser d’elles. Quelle était la technique ? Il fallait les frapper, les battre, les gifler pour réduire leur capacité de résistance. Ensuite assouvir leur soif spécial (viol ndlr).
Plusieurs femmes sont sorties nues du stade, vous pouvez faire une investigation auprès des familles riveraines du stade du 28 septembre. C’est des femmes de ces familles qui sortaient avec des pagnes pour accueillir les dames qui sortaient du stade nues afin de les protéger. C’est ce traitement qu’on a réservé à ces mères de familles. Cela s’est passé à Conakry en plein jour. Le nombre de victimes est bien supérieur à ce que vous pensez monsieur le président.
Beaucoup de femmes continuent à vivre avec ce traumatisme. On a traité certaines victimes ici de folles. Ce n’est pas le cas. Elles portent le deuil de leur traumatisme. (…) », a révélé François Lounceny Fall.
Oumar Bady Diallo
Pour Africaguinee.com
Créé le 29 mars 2023 10:42Nous vous proposons aussi
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