« Tu te retournes, on te descend » : Témoignage ‘’affreux’’ d’un citoyen pris en embuscade

Des Agents du BATA sur le terrain du maintien d'ordre à Conakry

CONAKRY-Le 09 mars dernier, des troubles ont été enregistrés dans plusieurs endroits de l’autoroute le Prince, malgré le report de la manifestation des forces vives. Ce jour, Sadialiou Baldé a eu la plus grosse peur de sa vie. Pris en embuscade entre des militaires qui menaçaient de le « descendre » et des manifestants qui voulaient le « dépouiller », ce citoyen fait un témoignage glaçant. Les faits se sont déroulés entre le tronçon T7 et T8.


« Le jeudi 09 mars, je revenais du boulot. Difficilement, je suis arrivé à la T7.  Je voulais prendre l’autoroute Fidel Castro parce que des militaires étaient là, en train de faire des sommations. C’était entre 19 heures 20 h.

J’ai voulu descendre vers Dabompa pour emprunter l’autoroute. Mais lorsque nous sommes arrivés au niveau des rails, la femme de mon grand frère, m’a appelé pour me demander ma position. Elle m’a dit qu’entre Manguéboungni et la T8, il y avait des troubles. Elle m’a suggéré de prendre le goudron de la Casse (Sonfonia) pour ressortir à Samatara. 

En contournant le rond-point de la T7 pour aller vers l’Université de Sonfonia, j’ai été intercepté par des agents. Ils m’ont obligé de remonter vers  la route le Prince (là où les jeunes manifestaient). Les agents étaient habillés en treillis militaires, armés jusqu’aux dents sans béret. Ils étaient là en train de semer des troubles au niveau du carrefour.

Quand j’ai hésité, l’un des agents m’a lancé : ‘’il faut que tu retournes…tu nous réponds, on te descend’’ . J’ai tourné ma moto. Il a répété : ‘’ tu te retournes, on te descend’’. Car selon lui, c’est nous qui sémions la pagaille. Alors que moi, je ne cherchais qu’à rentrer tranquillement chez moi. J’étais tétanisé de trouilles. L’agent a répété : Tu dis un mot, on va t’abattre. Il a même voulu me donner un coup de cross. Heureusement qu’il m’a raté.

J’ai tourné ma moto pour prendre la direction qu’il m’avait indiqué. C’est-à-dire aller vers les manifestants malgré moi. J’étais avec mon neveu. Ils m’ont insulté avec toute la haine. Je n’avais pas d’autre choix que d’aller vers la T8. Ils m’ont jeté dans la gueule du loup, en quelque sorte.

J’étais pris en embuscade entre ceux qui étaient censés me protéger (les agents) et les jeunes manifestants. Arrivé à la T8, je me suis que j’étais sauvé. En remontant vers Solokhouré, j’ai trouvé des jeunes brigands. Ils récupéraient tous les biens des gens qu’ils croisaient, y compris même des motos.

Dans cette situation, je me suis dit de me retourner au rond-point T8, d’où je venais. Arrivé-là, j’ai trouvé que des jeunes sont sortis, ériger des barricades avec des cailloux. C’est Dieu qui m’a sauvé. Parce que ces jeunes aussi voulaient retirer ma moto. J’ai emprunté la route de Samatara pour rentrer dans le quartier et arriver chez moi.  

Aujourd’hui, nous qui habitons cette zone, on a des problèmes. Parce que lorsqu’il y a des mouvements et que tu as le malheure de te retrouver là, tu as peur des agents mais également des manifestants. Ici, ceux qui viennent maintenir l’ordre, c’est souvent des gens qui sont aveuglés par la haine, ils font du mal à tout le monde. C’est pourquoi le plus souvent, les gens qu’on tue dans ces quartiers, ne sont pas des manifestants. C’est des innocents comme moi, qui n’ont rien à voir avec la manifestation, qu’on abatte. C’est pourquoi je fais ce cri de cœur », témoigne Sadialiou Baldé.

 

Siddy Koundara Diallo

Pour Africaguinee.com

Tel : (00224) 664 72 76 28

Créé le 13 mars 2023 09:45

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