Dr Faya interpelle Alpha Condé et cie : « Il faut qu’on arrête ce jeu macabre… »
CONAKRY-En Guinée, les forces vives projettent une marche dite pacifique dans le Grand Conakry, le 09 mars. Depuis l’arrivée du colonel Mamadi Doumbouya au Pouvoir, c’est la première que des formations politiques s’associent ouvertement à des organisations de la société civile pour appeler à manifester.
Ce mot d’ordre intervient dans un contexte d’interdiction des manifestations de rue en Guinée, ce depuis mai 2022. La mobilisation annoncée a la particularité de rassembler les trois grandes formations politiques du pays, à savoir le RPG arc-en-ciel, l’UFDG, l’UFR et leurs coalitions et alliés. Des mobilisations similaires ont été déjà réprimées dans le sang. Depuis fin juillet 2022, près de 20 guinéens sont tombés sous les balles en marge de manifestations.
Cette démarche ne fait pas l’unanimité au sein de la classe politique. A peine annoncée, certains acteurs politique réprouvent la posture adoptée par leurs collègues. C’est le cas de Dr Faya Milimono qui ne fait pas de cadeaux aux organisateurs. Pour le président du parti Bloc Libéral, cette manifestation est inopportune au regard des « enjeux actuels et de la situation dans laquelle notre pays vit ».
« Je l’ai dit depuis le début de cette période transitoire. Je suis attaché au respect des droits et libertés, je me bats pour cela. Mais l’exercice des droits et libertés dans notre pays endeuille notre peuple« , a déclaré Dr Faya Milimono.
Le leader du BL propose au CNRD et gouvernement d’ouvrir un débat sur l’exercice correct et convenable des droits et libertés et une vulgarisation des lois en République de Guinée.
« Alpha CONDÉ était au pouvoir, il a dénoncé hier le fait qu’on faisait les manifestations. Cellou Dalein, Sidya Touré l’ont fait avant. Chacun a été confronté d’une manière ou d’une autre à cette réalité. On ne peut pas me dire que lorsque Cellou était premier ministre on n’a pas interdit que les manifestations se fassent. On ne me dira que lorsque Sidya était premier ministre, il n’a pas été question d’interdire les manifestations parce qu’il y avait un risque. On ne peut pas me dire que durant les 11 ans d’Alpha Condé il n’a pas été question à un moment donné d’interdiction des manifestations.
Donc, ce sont des gens qui ont de l’expérience dans la gouvernance de notre pays. Ils devraient être aujourd’hui à l’avant-garde de la réflexion sur l’exercice même des droits et libertés dans notre pays. Pourquoi tout nous oppose quand il s’agit de l’exercice des libertés ?
Aujourd’hui nous sommes dans une situation exceptionnelle, une période transitoire. Nous devrions nous concentrer sur ça, réfléchir à tout cela pour que plus jamais l’exercice d’une liberté, d’un droit ne soit la cause de la perte d’une vie, de blessures ou de vandalisme etc. C’est ma conviction et celle de mon parti » a-t-il ajouté.
Pour lui, la manifestation projetée par les forces vives de Guinée est inopportune. « Nous avons encore à la morgue les trois dont nous venons de perdre (en marge des manifestations du 16 février ndlr). Ils ne seront plus avec nous. Ce n’est pas une manière de renoncer à l’exercice de ses droits et libertés, mais c’est simplement une question de responsabilité. C’est devenu un jeu macabre de comptage de morts. Il faut qu’on arrête ça.
Que les têtes de cette manifestation que ce soit Alpha Condé président dont les 11 ans de pouvoir nous ont laissés des centaines de guinéens au cimetière, Sidya, Cellou qui ont aussi leur lot de victimes dans nos cimetières, quand ils étaient aux affaires, alors qu’ils viennent nous dire, hier pourquoi chacun d’eux a interdit qu’il y ait manifestation, dans le cadre d’un débat national, qui nous permet en tant que Guinéens d’arrêter ce jeu macabre de comptage de morts à chaque fois qu’il y a une manifestation. Ça devrait notre préoccupation aujourd’hui plutôt que chaque fois appeler ou préparer des articles en laissant des pontiers là où on va mettre le nombre de morts et de blessés », a martelé M. Milimouno.
Pour cet autre leader politique qui a voulu s’exprimer sous anonymat, les organisateurs de cette manifestation ne mesurent pas les conséquences que cela pourrait avoir contre les leaders politiques et de la société civile en détention à la maison centrale.
« Le contexte n’est pas favorable à ce genre de choses. La situation sous régionale elle est très compliquée. En plus, une enquête est ouverte pour les victimes des dernières manifestations. Et des menaces de sanctions sont annoncées contre certains partis politiques. Tout cela devrait leur amener à réfléchir. Et puis, lorsque les gens apprendront que c’est Alpha Condé qui derrière les forces vives, mais qui est ce fou qui va s’associer à une telle démarche et répondre à cette manifestation sachant bien ce qui s’est passé ses 11 ans de sa gouvernance. A un moment donné il faut qu’on se dise la vérité « , fulmine un leader politique.
Siddy Koundara Diallo
Pour Africaguinee.com
Tel: (0224) 664 72 76 28
Créé le 27 février 2023 13:22Nous vous proposons aussi
TAGS
étiquettes: Alpha Condé;, Cellou Dalein, Dr Faya, Manifestations