Menace de suspension des partis politiques : Le RPG arc en ciel, l’UFDG et l’UFR réagissent…

De gauche à droite, Sidya Touré, Alpha Condé, Cellou Dalein Diallo

CONAKRY-En Guinée, le Gouvernement issu du coup du 05 septembre 2021, menace de suspendre ou de retirer les agréments des partis politiques ayant soutenu la manifestation du jeudi 16 février 2023, à Conakry. Une mobilisation dont la répression s’est soldée par la mort de deux jeunes par balles.


Mory Condé, Ministre de l’Administration du Territoire et de la Décentralisation, s’appuie sur la Loi organique L/91/002/CTR de 1991 régissant le fonctionnement des partis politiques.

« En application de la Loi organique L/91/002/CTR en date du 23 décembre 1991 portant charte des partis politiques en République de Guinée et la loi L/2005/013/AN en date du 04 Juillet 2005, régissant les Associations en République de Guinée, les organisations politiques et sociales dont la responsabilité pénale sera établie par la suite des poursuites judiciaires par les autorités compétentes se verront appliquer des sanctions allant de la suspension jusqu’au retrait de leurs agréments », a-t-il martelé.

Le Ministre de l’Administration du Territoire et de la Décentralisation a pris à témoin la communauté nationale et internationale sur ce qu’il appelle « l’usage des méthodes appelant à la violence et à la déstabilisation du vivre-ensemble des Guinéens par certains individus à partir de l’Étranger pour tenter vainement de saper l’autorité de l’Etat et la paix publique avec le concours de certains acteurs politiques en violation de leurs obligations légales ».

Comment cette menace a-t-elle été perçue dans les QG (quartiers généraux) des principaux partis politiques ? Africaguinee.com a pu interroger quelques cadres des formations politiques dirigées par les anciens premiers ministres Cellou Dalein Diallo et Sidya Touré et celui de l’ex président Alpha Condé.

Au téléphone d’Afriicaguinee.com, Cellou Baldé cadre de l’Union des forces démocratiques de Guinée, n’exclut pas une action concertée de l’ensemble des formations politiques visées par cette menace pour répondre à Mory Condé.

« C’est une réaction des partis et cela ne concerne pas seulement l’UFDG. Il y aura probablement une déclaration peut-être dans les prochains jours, en attendant que les gens se retrouvent », a réagi cet ancien député. Un autre responsable du cette formation politique a nuancé, estimant que la junte ne va pas franchir le Rubicon.

Mohamed Tall, cadre de l’UFR de Sidya Touré affirme que le CNRD est sur sa lancée qui consiste à faire taire les voix discordantes.

« Tout ce qui ne va pas dans le soutien aveuglé à leurs actions est aujourd’hui réprimé. Tout cela est assez curieux parce que dans un régime de transition comme c’est le cas actuellement en Guinée, on s’attend plutôt à ce qu’on dialogue avec les principaux acteurs. Particulièrement les acteurs politiques. Pourquoi ? Parce qu’on est arrivé par la force au pouvoir, sans aucune légitimité. Donc, forcément on devrait rechercher le consensus », a affirmé ce cadre de l’Union des forces républicaines avant d’ajouter que le but d’un régime de transition, c’est d’organiser des élections pour un retour à l’ordre constitutionnel.

« Ceux qui compétissent pendant les élections c’est quand-même les partis politiques. Quelle lecture peut-on avoir lorsqu’on voit une junte militaire qui est supposée être là pour un court moment s’attaquer à ce point-là les partis politiques jusqu’à vouloir les éliminer complètement ? Faire table rase de la classe politique signifierait que la junte a l’intention de confisquer le pouvoir. De plus en plus la preuve est faite que cette junte n’a pas l’intention de quitter sinon je ne comprends pas pourquoi elle continue à s’acharner contre la classe politique », s’inquiète ce cadre de la formation politique dirigée par Sidya Touré.

Mohamed Tall affirme que la menace du CNRD de dissoudre, de suspendre ou de retirer l’agrément d’un parti n’aura absolument aucun sens.

« Tout ça-là n’a aucun sens. Ce qui serait plutôt intelligent de la part du CNRD, c’est d’ouvrir le dialogue comme on les invite à le faire ainsi que la CEDEAO et d’autres entités. Nous-mêmes en tant qu’acteurs politiques on a cessé d’appeler le CNRD à ouvrir le dialogue car c’est la voix de sortie de crise. Toute autre option ne ferait qu’alimenter la crise et je crois qu’on n’a pas besoin de ça », a soutenu Mohamed Tall.

Du côté de l’ancien parti au pouvoir, Marc Yombouno affirme que le RPG arc-en-ciel n’est pas concerné par cette menace de Mory Condé.

« Nous (RPG arc-en-ciel ndlr) ne sommes pas concerné parce qu’il (Mory Condé ndlr) ne nous a pas cité. Il n’a pas dit le RPG. Mais comme il a dit qu’ils vont bientôt clairement informer l’opinion nationale, on saura en détail ce qu’il veut dire. Mais pour le moment, on n’a rien à dire. Ça ne nous concerne pas », a réagi l’ancien ministre du commerce sous le régime d’Alpha Condé.

Oumar Bady Diallo

Pour Africaguinee.com

Tel : (00224) 666 134 023

Créé le 17 février 2023 21:15

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