Procès sur le massacre de 2009 : Une victime « accable » le colonel Chérif Diaby

CONAKRY-Le procès des auteurs présumés du massacre du 28 septembre 2009 entre dans une nouvelle étape cruciale ce mardi 14 février 2023 avec le témoignage des victimes. Oury Baïlo Bah qui a été appelé à la barre du tribunal criminel de Dixinn a livré un témoignage glaçant sur les circonstances de la mort de son frère Elhadj Hassane Bah. Après avoir décliné son identité, Oury Bailo avocat de profession né en 1977 à Pita, et domicilié dans la commune de Matoto a livré son témoignage.


« Je suis partie civile dans cette affaire, parce que j’ai perdu mon petit frère bien aimé qui s’appelait Elhadj Hassane Bah. Il s’est marié en 2006 à une de nos cousines qui était élève à Pita. Celle-ci ne l’a pas rejoint très tôt c’est pourquoi ils n’ont pas fait d’enfants. Il était fonctionnaire, engagé en 2008. Il était archiviste documentariste. Ce jour du 28 septembre, il est sorti parce qu’il avait un programme pour aller assister à un baptême dans la belle famille d’un de ses amis. Il a été emporté par la foule de manifestants, qu’il a suivi. Il habitait Hamdallaye et moi en ville où il venait tous les week-ends…On s’appelait à tout moment. Il m’a dit qu’il est allé au stade et qu’il y a eu 2 morts à l’esplanade du stade en présence du colonel Tiégboro et ses hommes. Après, il m’a dit que le stade est ouvert, ils sont rentrés et c’est les discours qui se tenaient. On a continué à s’appeler.

Quelques temps après aux environs de 11heures, il m’appelle pour me dire que les bérets rouges sont rentrés dans le stade et ont commencé à tirer. Plus tard, je l’ai appelé, le téléphone sonnait mais personne ne décrochait. C’est là j’ai capté France24, et je vois sur la bande passante : massacre au stade du 28 septembre, bilan 10 morts… j’ai continué à appeler, mais finalement, le téléphone ne passait plus. Depuis ce jour, je n’ai pas eu des nouvelles de lui. Après toutes les recherches, c’est à 18heures, j’ai reçu la nouvelle fatidique m’annonçant la mort de mon frère », a-t-il expliqué.

Après s’être rendu compte que son frère ferait partie des victimes, Oury Bailo ajoute qu’il s’est rendu par la suite à la mosquée Fayçal à la recherche de son frère parmi les 57 corps qui avaient été officiellement annoncés par les autorités.

« Je voudrais qu’on nous dise où est mon frère Elhadj Hassane Bah. C’est vrai qu’il a été tué et c’est vrai que son corps a disparu », a-t-il ajouté.

Après avoir recherché à la mosquée sans retrouver Alhassane Bah parmi les victimes, c’est ainsi qu’il s’est rendu à la morgue de Donka également pour tenter retrouver le corps de son frère, avec une photo de lui. C’est là, selon lui, répondant à une question d’un conseil de l’ex ministre de la santé sous le CNDD que le ministre Abdoulaye Chérif Diaby aurait donné instruction à ses hommes de bloquer l’accès aux parents des victimes qui étaient à la recherche de leurs proches.

« Le ministre de la santé est venu avec des hommes à la morgue. Ils ont chassé les gens qui venaient rechercher des proches. Mais quand ils sont arrivés là-bas c’était la débandade. 

J’ai été à l’hôpital de 14h à 18 heures. J’étais là-bas. Ils (ministre et ses hommes) sont venus par le portail.  Il n’a pas tenu des propos désobligeants. Quand-même j’ai vu que suite à son ordre il y a eu ce refus aux parents d’accéder aux corps. L’ordre a été donné aux militaires de chasser tout le monde. Je ne l’ai pas vu injurier », a précisé Oury Bailo Bah. Le procès se poursuit avec les questions des avocats de la défense des accusés à ce procès.

A suivre…

Siddy Koundara Diallo

Pour Africaguinee.com

Tel : (00224) 664 72 72 76 28

Créé le 14 février 2023 14:26

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