Disparition annoncée des EPA : L’universitaire Makanera Kaké met le pied dans le plat…
CONAKRY-En Guinée, les autorités de la transition ont décidé de déclarer la guerre aux EPA (Établissement public à caractère administratif). L’objectif est d’atteindre zéro EPA en 2023, a annoncé jeudi 02 février le ministre Directeur de Cabinet de la Présidence, Djiba Diakité.
La mesure qui entre dans le cadre de la refondation de l’Etat et de la Rectification Institutionnelle, est motivée par le fait que plusieurs de ces (EPA) coûtent chers à l’Etat et ne rapportent quasiment rien en retour au budget national. Cette annonce qui risque de provoquer un séisme dans l’architecture administrative du pays ne fait pas l’unanimité.
Votre quotidien Africaguinee.com en ligne a interrogé l’universitaire, spécialiste en droit administratif Dr Alhassane Makanera Kaké. Selon lui, les EPA ne sont pas créés pour faire entrer de l’argent dans les caisses de l’Etat.
« Si on me dit zéro EPA en 2023, la question que je me pose : c’est comment seront gérer nos universités qui sont toutes créées sous forme d’EPA ? C’est la grande question, parce que je ne sais pas quelle serait la formule ? Si ce n’est pas EPA, ça sera établissement industriel et commercial ou bien elles seront gérées en régie par l’Etat. Il n’y a pas d'autres formes possibles à moins qu’on les privatise. Donc c’est vraiment un flou autour », soutient l’universitaire.
Il a insisté sur deux principaux points : « Il ne faut pas faire de confusion. Un établissement public administratif sous le nom de EPA, n’est pas créé pour faire entrer de l’argent. Il n’a pas un but lucratif. La seconde précision, comment seront gérées essentiellement les universités publiques qui sont gérées sous forme d’EPA ?
Moi je pense que c’est impossible. La structure étatique est copiée du modèle français. La disparition des établissements publics administratifs est compliquée pour la simple raison que la création de l’Etat, les fonctions régaliennes de l’Etat, sont des fonctions qui ne sont pas marchandes.
Ils doivent être caractérisés par la neutralité et par la gratuité. Et l’EPA c’est la gratuité. Si on me dit qu’il n’y a plus d’EPA à l’université, je pense que l’enseignement ne sera plus gratuit. On va payer désormais comme à l’université privée. C’est pourquoi on a besoin de beaucoup d'explications, d'informations sur le compte-rendu du gouvernement… », ajoute le juriste.
La décision devrait faire très peur, selon notre interlocuteur. Car dit-il, « les pauvres que je vois à l’université là, si on dit qu’il n’y a plus d’EPA, cela signifie qu’on va supprimer les bourses. Cela signifie que les étudiants vont maintenant payer leurs études…Les premières observations qui se présentent tout de suite, c’est la fin de l’université publique. Il n’y a plus de gratuité de l’enseignement. Il n’y a plus de bourse », analyse M. Kaké.
Il admet cependant qu’il y a des EPA qui méritent de disparaître. « Il y a une infinité d’EPA qui existent certains méritent de disparaitre car ils ne sont EPA que par le nom », a-t-il ajouté.
L’universitaire invite le Gouvernement à faire un audit institutionnel sur les EPA. A la suite de cela, essayer de voir les établissements publics administratifs opérationnels, et qui ont une utilité d’intérêt général, les maintenir et faire disparaître le reste. « Les EPA qui sont là, créés pour les personnes, les groupes, les individus, on les élimine. Mais dire que tout va partir, c’est comme si on me dit que tu as une seule dent pourrie parmi les 32, et qu’il faut arracher toutes les dents ».
Dansa Camara DC
Pour Africaguinee.com
Créé le 4 février 2023 15:38Nous vous proposons aussi
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