Bah Oury « déchire » le rapport présenté au Conseil de Sécurité de l’ONU : « C’est du bashing contre la Guinée… »
CONAKRY-Bah Oury n’est pas du tout d’accord avec le contenu du rapport (concernant la Guinée) présenté le 10 janvier dernier devant le Conseil de Sécurité de l’ONU, par la Représentante spéciale adjointe du Secrétaire général et Chef par intérim du Bureau des Nations Unies pour l'Afrique de l'Ouest et le Sahel.
Le leader de l’UDRG l’a fait savoir dans un entretien accordé à Africaguinee.com. Pour l’homme politique, le rapport manque d’exhaustivité concernant la Guinée. Il va même jusqu’à parler de « bashing » contre la Guinée.
AFRICAGUINEE.COM : Quelle lecture faites-vous de cette note que la représentante spéciale par intérim du secrétaire général des Nations Unies en Afrique de l'ouest a présentée au conseil de sécurité de l'ONU ?
BAH OURY : J'ai lu avec intérêt cette note. Mais j'ai trouvé qu’elle manquait d'exhaustivité par rapport à ce qui se passe en Guinée. Donc, le rapport concernant la Guinée me paraît incomplet et ne s'est contenté que des aspects que je considère comme étant périphériques par rapport à tout ce qui est en train de se faire dans ce pays dans cette phase de transition.
Comme quoi par exemple ? Soyez un peu plus précis…
Par exemple, il y a des choses extrêmement importantes qui étaient attendues depuis plus d’une décennie. Par exemple le jugement des crimes de sang. Le procès du massacre du 28 septembre 2009 ne peut pas être occulté dans un rapport qui doit être présenté au conseil de sécurité des Nations Unies par rapport à une certaine période. Le fait de l'omettre est une grave insuffisance qu'il faut noter. Le jugement qui est en train de se dérouler est un élément historique qui va au-delà de la Guinée elle-même, ça concerne l'Afrique toute entière. Dans ce type de rapport, ne pas souligner cela, montrer le caractère inédit et courageux à encourager, je pense que c'est du bashing.
Parlant du dialogue, le rapport souligne que la démarche du gouvernement est restée inefficace. Qu’en dites-vous en tant qu’acteur dudit dialogue ?
Ça c'est un jugement de valeur qui ne correspond pas au jugement global que des acteurs internationaux peuvent faire de la dynamique d'instauration du climat de dialogue qui a été validé par la CEDEAO avec l'accompagnement de la plupart des représentations diplomatiques à Conakry. Considérer cela comme inefficace alors que ça a déblayé le chemin de la feuille de route pour une transition réussie, je pense que là aussi c'est une vision très politicienne qui ne devrait pas se retrouver dans un rapport à présenter au conseil de sécurité.
Dans le rapport ils ont salué le chronogramme de 24 mois et ils ont promis d'accompagner le processus en cours. Il ne faut pas l’occulter…
Bien entendu ! Mais, le fait de considérer que le dialogue qui a été organisé est inefficace, moi je trouve que c'est un jugement à priori. Et qui n'est pas du tout en adéquation avec la réalité et les enjeux politiques qui sont autour de ce dialogue par rapport à l'acceptation du chronogramme, à l'acceptation de la durée de la transition, à la définition d'éléments susceptibles d'éviter les écueils qui nous ont plongé dans la tragédie et l'impasse lors des transitions précédentes. Donc, là aussi ils ont péché par simplisme.
Est-ce qu'il ne faut aussi jeter la pierre aux autorités guinéennes qui peut-être n'ont pas communiqué comme il faut sur les conclusions obtenues ?
Peut-être qu'il y a une part de vérité. Vous savez dans ce monde d'aujourd'hui, vous avez des personnes qui ont d'autres intérêts que les vôtres qui utilisent les moyens extrêmement importants pour dénaturer ou discréditer tout ce qui se fait de positif. Si vous ne vous donnez pas les moyens supérieurs d’autant plus que vous faites des choses qui correspondent à l'attente de la grande majorité de la population guinéenne, là aussi c'est une faiblesse. Et, les autorités actuelles doivent en tirer les leçons et savoir dire ce qui se fait de bien. Parce qu'il y a beaucoup de choses qui se font correctement, mais le fait de le faire savoir, le défendre, à ce niveau-là je considère qu'il y a des lacunes qu'il faut corriger.
Le rapport pointe également des « allégations d'actions judiciaires politiquement motivées ciblant la société civile et des personnalités de l'opposition ». Qu’en dites-vous ?
C'est trop osé de faire comme si la Guinée n'a pas brillé pendant des décennies dans une mal gouvernance endémique. Pire, avec des niveaux de corruption qui a été dénoncé internationalement. Considérer ou faire croire que toutes les actions allant dans le sens de combattre cette mauvaise gouvernance, les détournements des deniers publics, sont des actions orientées contre des personnes à titre individuel et de ne pas voir ici une volonté de rompre la longue chaîne d'impunité et de corruption que le pays a connu, je pense que là aussi c'est comme si on a pris quelques tracts et on a fait copier-coller.
Oumar Bady Diallo
Pour Africaguinee.com
Créé le 18 janvier 2023 11:31