Bah Oury précise : « Il n’y a pas de limitation d’âge pour l’élection présidentielle… »
CONAKRY-Faut-il craindre un glissement du chronogramme de la transition fixé à 24 mois ? Quelles sont les garanties offertes par le CNRD pour éviter un tel scenario ? Quelles sont les précautions prises pour le respect des accords contenus dans le rapport du dialogue signé ce mercredi 20 décembre 2022 ? Faut-il craindre l’exclusion de certains leaders dans la course à la prochaine élection présidentielle à cause de l'âge ? Bah Oury, leader du parti UDRG qui a pris part au dialogue inclusif inter-guinéen a répondu aux questions d’Africaguinee.com (première partie).
AFRICAGUINEE.COM : Vous avez pris part au dialogue inter-guinéen organisé du 24 novembre au 15 novembre 2022. Quelles ont été les principales articulations des conclusions ?
BAH OURY : Ce qui est très important à rappeler, il y avait déjà les préalables qui étaient acquis à savoir, l'acceptation du chronogramme et de la durée de la transition dans le cadre de l'accord entre la CEDEAO et la Guinée. Ceci a été quelque chose qui a facilité les débats concernant le dialogue politique inter-guinéen. Maintenant, le dialogue inter-guinéen lui-même, a beaucoup plus consisté à parcourir les différentes étapes de ce chronogramme, et à envisager des aspects thématiques susceptibles d'être importants pour assurer une bonne fiabilité du processus politique et électoral et signaler les écueils susceptibles d'altérer ou de freiner la marche de la transition. Et de ce point de vue, je pense que les résolutions ont été très explicites.
Certaines résolutions du dialogue font déjà polémiques. C’est par exemple celle relative à l'âge requis pour être candidat à l’élection présidentielle. Qu'est-ce que vous pouvez nous dire à ce propos ?
De ce point de vue, c'est une proposition pour la rédaction de la constitution. C'est une perspective dans le cadre de la rédaction du projet constitutionnel. Mais il y a quelque chose de très important qui a été validé. En ce qui concerne de l'élection présidentielle de la sortie de la transition, tous ceux qui auront au-delà de 75 ans peuvent être candidats. En d'autres termes, il n'y a pas de limitation d'âge pour l'élection présidentielle à la sortie de la transition actuelle.
Les parties prenantes demandent ouvertement au gouvernement de s'impliquer pour demander à la CRIEF de prendre des dispositions pour mettre sous contrôle judiciaire les cadres qui sont détenus depuis huit mois. Est-ce qu'il n'y a pas là un risque d’immixtion de l'exécutif dans le judiciaire ?
Dans la mouture finale, cette rédaction n'a pas été celle qui a été retenue. Il a été tout simplement dit que dans le cadre des résolutions qui ont été actées hier, d'encourager la justice à faire preuve de diligence en ce qui concerne les personnes en détention ou en détention préventive et qui sont des responsables sociopolitiques.
Quelle va être la prochaine étape après la signature de ce rapport ?
Un comité de suivi et de contrôle va être mis en place le plus rapidement possible pour que la transition puisse avoir déjà des regards critiques et attentifs sur la marche du processus. Donc le travail a déjà commencé et nos autorités ont exprimé avec beaucoup plus de netteté, leur ferme volonté d'éviter tout ce qui pourrait être susceptible de prolonger la transition au-delà des 24 mois. C'est un engagement du CNRD pour faire en sorte que les élections se fassent dans les temps requis.
En écoutant les recommandations des chefs d'État de la CEDEAO le 4 décembre dernier, on a l'impression que le dialogue qui vient d'être clôturée n'est pas celui qu'ils ont demandé. Qu’en dites-vous ?
Bon, là c'est une interprétation. Le dialogue a pu avoir lieu. C'est un dialogue valide, légitime, c'est un dialogue qui a recueilli la participation de tous. Ceux qui n'ont pas voulu se présenter, pourront le faire dans les temps à venir. Puisque le cadre de dialogue continue sa vie pendant toute la durée de la transition. Maintenant, considérer que parce que certains ne sont pas là, que ce qui a été fait est caduque, ça, je laisse libre à ceux qui le pensent, mais c'est une erreur de penser comme tel.
L’absence de la troïka « ANAD, FNDC POLITIQUE, RPG ARC EN CIEL » ne donne-t-elle pas à ce dialogue un goût d’inachevé. Ne risque-t-on pas de replonger dans les travers du passé ?
Je pense que l'écrasante majorité de la population guinéenne n'accepte pas que le pays soit pris en otage. Et les conclusions du dialogue sont un engagement de tous ceux et celles qui ont participé et un engagement également du gouvernement à travers la signature du premier ministre. C'est aussi un engagement du CNRD, qui est l'instance qui dirige le pays à l'heure actuelle. Et c'est un engagement également de la CEDEAO. Donc je vois mal quelqu'un soutenir une autre thèse qui ne soit pas en conformité avec ce que je viens de dire.
Je pense qu'il faut que les gens reviennent à la raison. Nous sommes dans un contexte régional d'une extrême fragilité. Et, au-delà de la région, c'est le monde entier qui est dans une situation troublée. Les conclusions du cadre de dialogue, ce sont les conclusions qui reflètent un large consensus et une volonté de prendre des réponses et de préconiser des actions qui rassemblent, qui apaisent et qui permettent d'aller de l'avant pour l'intérêt du pays et pour l'intérêt d'une transition apaisée.
Tous ceux et toutes celles qui de manière sincère, aiment la Guinée, ne pourront que souscrire à cela. Si on reste aveuglé par des ambitions qui sont outre, alors libre à ceux-là d'aller dans une direction qui ne va pas conforter l'intérêt national ni l'intérêt de la paix et la stabilité de notre pays.
A suivre…
Dansa Camara
Pour Africaguinee.com
Créé le 23 décembre 2022 14:12Nous vous proposons aussi
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