Massacre de 2009 : Des « preuves accablantes » exhumées contre Dadis…
CONAKRY-Le capitaine Moussa Dadis Camara est toujours à la barre du tribunal criminel de Dixinn pour répondre des crimes commis au grand stade de Conakry, le 28 septembre 2009 qui avait FAIT plus de 150 morts, 109 femmes violées, des milliers de blessés et des dizaines de portés disparus, selon l’ONU.
C’est sa troisième comparution dans ces audiences criminelles qui tiennent en haleine les guinéens. Ce 19 décembre 2022, l’ancien chef de l’Etat s’est longuement prêté aux questions du procureur Alghassimou Diallo. Le chef de file du ministère public a exhumé des « preuves » que l’accusé à la barre n’a pas réfuté. Le magistrat a sorti de vieux propos tenus par le M. Camara au lendemain du carnage devant la commission d’enquête internationale désignée par l’ONU. Extraits.
‘’Le lendemain des événements du stade, le Président a déclaré en public : « L'aspect le plus choquant est que j'ai essayé de moraliser et de sensibiliser les leaders politiques, leur disant qu'il y a eu des cas similaires dans le passé et que je ne veux pas que la même chose se reproduise
A plusieurs reprises, le Président a attribué la responsabilité des événements aux leaders politiques qui ont organisé une « manifestation subversive », « préméditée » ou une « insurrection ». II a déclaré que les leaders politiques étaient « responsables d'avoir envoyé les enfants des autres à l'abattoir »’’.
Cet extrait résulte-t-il de votre entretien avec les enquêteurs de la commission internationale ? lui demande le procureur.
En réponse l’accusé affirme : « Il faut se dire la vérité dans ce pays. Oui j’ai bel et bien dit qu’on a eu des cas similaires. C’est ce qui fait que le pays est toujours instable. Je l’ai dit, je réitère ce langage », a martelé Dadis Camara.
Et le procureur d’enchainer : Qu’avez-vous voulu dire que les « leaders politique ont envoyé les enfants des autres à l'abattoir » ?
« J’ai voulu dire que toutes les fois qu’il y a des marches, ce sont les pauvres citoyens innocents qui perdent leur vie », répond-t-il.
A la question de savoir si les agents qui se sont rendus au stade étaient prédisposés à ouvrir le feu sur les manifestants, M. Camara affirme qu’il n’était pas au stade. « Je ne peux dire qu’il y a eu des autorisations d’ouvrir le feu, mais j’ai décri la réalité de mon pays. Et je le rétière », se défend-il.
Le Procureur rappelle ensuite à M. Camara qu’il avait déclaré à la Commission que les leaders politiques avaient déjà vu la réaction de l'armée en 2007 et que, par-conséquent, ils savaient que cette armée allait répondre.
Moussa Dadis Camara n’a pas nié non plus avoir tenu ces propos. « Quand on est chef de famille, il faut donner des conseils. Les évènements de 2007, ce sont des exemples », a-t-il dit.
Pourquoi avez-vous fait un parallèle entre les évènements de 2007 et la manifestation de 2009 ? « Nous sommes avant tout guinéen…mais ce parallèle n’a rien de méchant », soutient l’accusé.
Amené à donner son avis sur la conclusion des enquêteurs de l’ONU qui disent « ses propos indiquent qu'il (Dadis) est convaincu que de telles manifestations mènent nécessairement et inévitablement à la violence telle que celle qui a été observé le 28 septembre et les jours suivants et témoignent de son intention d'apporter une réponse aux manifestations de 2009 similaire à celle de 2007 », M. Camara déclaré que ce sont des hypothèses.
La Commission d’enquête dans son rapport a estimé par conséquent qu'il pourrait y avoir des raisons suffisantes de présumer une responsabilité pénale directe du Président Camara dans la commission des crimes.
Mieux, explique le Procureur, ils ont mentionné qu’en tant que commandant en chef des forces armées, le Président Camara a l'ultime pouvoir de commandement sur toutes les forces de sécurité engagées dans l'attaque et les jours suivants.
A suivre…
Africaguinee.com
Créé le 19 décembre 2022 18:41Nous vous proposons aussi
TAGS
étiquettes: 28 septembre, Dadis Camara, Politique