La détresse des habitants des cités Camayenne: « On n’a pas d’autres endroits où aller… »
CONAKRY- Les occupants des cités Camayenne et de Cameroun dans la commune de Dixinn sont sommés de quitter leurs bâtiments d'ici le 25 décembre 2022. Cette décision du CNRD (comité national du rassemblement pour le développement) qui entre dans le cadre des opérations de récupération des domaines spoliés de l’Etat, fait des grincements de dents.
Dans ces zones concernées par ce vaste déguerpissement qui était suspendu en raison de la saison des pluies, les habitants sont partagés entre choc et indignation. Ce vendredi 16 décembre 2022, un reporter d’Africaguinee.com est allé à leur rencontre.
Si la plupart des personnes interrogées admettent qu’elles occupent des domaines de l’Etat, elles jugent cependant le délai donné par le Gouvernement très court. Très inquiets, ces citoyens interpellent les autorités de la transition, notamment le chef de l’Etat, le colonel Mamadi Doumbouya.
Sayon Camara est né dans cette cité et y a vécu pendant près de 30 ans. Il témoigne comment ils ont vu les agents du patrimoine bâti débarquer sur les lieux.
« Les responsables du patrimoine bâti public sont venus ce mercredi 14 décembre, accompagnés par des militaires pour mettre des croix sur nos maisons. Nous ne sommes pas opposés à ce que l'Etat vienne récupérer des domaines qui lui appartiennent. Mais, c'est sa manière de faire qui nous a beaucoup choqué.
Depuis 29 ans, nous sommes là, nous enfants sont nés là. Avant que mon père ne décède, il nous avait dit que tous ces domaines-là sont pour l'Etat et que le jour où ils viendront récupérer les maisons, de ne pas s'opposer à cette décision. Depuis qu'il nous avait dit ça, nous nous sommes toujours apprêtés à quitter les lieux.
Mais, une fois encore, c'est la manière de faire qui nous agace. On n’a pas reçu de préavis…pire, ils viennent avec des militaires lourdement armés, comme si on voulait déloger des malfrats. C'est ce qui nous a beaucoup choqué », témoigne Sayon Camara.
Nomory Condé, un autre citoyen concerné par ce déguerpissement abonde dans le même sens. "La décision du gouvernement de déguerpir les zones de Camayenne, Cameroun nous a été annoncée très tardivement. On nous a donné un délai qui ne dépasse pas 10 jours. On nous demande de quitter avant le 25 décembre, un jour de fête.
C’est là où le bât blesse dans la mesure où nous avons nos enfants qui sont à l'école primaire dans la même cité, sans parler de ceux qui sont au collège et au lycée. Nous sommes vraiment perturbés. Nous savons que l'Etat a la force publique, nous sommes républicains, nous n'allons pas nous opposer à cette décision, mais qu'on nous donne un délai raisonnable suffisant. C’est notre cri de cœur", a-t-il dit.
En revanche Fanta Béavogui se dit quant à elle très étonnée de voir des gens du patrimoine bâti public dans cette cité, qui selon elle, n’était pas concernée par les précédents communiqués publiés à cet effet. « Dans les communiqué précédents, ces cités ne faisaient pas partie des zones à déguerpir. Donc, ils n'ont qu'à revoir leur copie. On a parlé de beaucoup de domaines de l'Etat, mais ces cités ne faisaient pas partie des zones ciblées », a-t-elle dit.
Peinda Doumbouya, explique avoir passé près de 39 ans dans cette cité. Elle lance un appel au colonel Mamadi Doumbouya.
« Je vais dire au colonel Mamadi Doumbouya, nous ne sommes pas contre qu'on quitte les lieux. Mais, nous demandons au président de la transition, de nous trouver un autre lieu de recasement parce que c'est ici seulement que nous connaissons et nous n'avons pas d’autres endroits où aller. Alors, si nous quittons ici, c'est dans la rue que la plupart d'entre nous, vont dormir », a-t-elle lancé.
Nous y reviendrons
Mamadou Yaya Bah
Pour Africaguinee.com
Créé le 16 décembre 2022 14:46Nous vous proposons aussi
L’histoire pathétique de Mamady Fofana, bachelier paralysé : «Je ne suis pas né comme ça… aidez-moi»
TAGS
étiquettes: Déguerpissement, Patrimoine bâti, Reportages