Agriculture : La production du Fonio au cœur d’une exposition à Labé…
LABÉ- La filière fonio était au cœur d’une exposition qui a réuni dans la cité de Karamoko Alfa les membres de la coopérative régionale des femmes productrices de fonio de Labé. Elles étaient des dizaines de femmes participantes venues de plusieurs groupements des localités de Laafou, Dara-Labé, Sannou, Fougou, Noussy et de la périphérie de la commune urbaine de Labé. Cette exposition a été exécutée par le consotium UGVD (union guinéenne pour les volontaires du développement) /Maison Mère, financé par Osiwa.
La rencontre qui s’est étendue sur plusieurs jours a été une occasion d’expliquer la toute la chaine de valeur de la filière fonio, -de la qualité passant par les moyens de production-, qui reste encore de nos jours à l’état rudimentaire.
Productrice de fonio dans la commune rurale de Fougou dans Mali Yembering, Hadja Ramatoulaye Diallo témoigne avoir été beaucoup édifiée par cette exposition, organisée en faveur de la coopérative des femmes productrices de fonio à Labé.
« Depuis la mise en place de la coopérative, nous connaissons une avancée en collaboration avec l’UGVD. À tout moment ils nous réunissent pour un partage autour de la production du fonio y compris d’autres projets partenaires comme OSIWA. Ils nous appuient vraiment à travers des renforcements de capacité. Depuis longtemps, nous cultivons le fonio dans notre région mais nous connaissions peu l’importance et la valeur du fonio, c’est maintenant que nous nous en rendons compte. Cette exposition nous a permis d’être suffisamment situées sur la chaîne de production du fonio. De la production à la conservation jusqu’à la consommation. Nous évoluons en groupement depuis 2019. C’est vrai que le coût du fonio est élevé. Mais c’est parce que la production n’est pas facile, tout se fait à la main, de la semence à la récolte à l’aide de la houe, de la faucille. Il faut toujours le mortier et le pilon pour dépouiller les graines du fonio. Il n’y a pas de tracteurs ou autres machines pour ça ; pour cultiver beaucoup ou récolter, il faut mobiliser du monde afin qu’on t’aide.
Là aussi c’est des dépenses énormes. C’est une difficulté que nous pensons résoudre dans les prochaines années avec la modernisation. Nous demandons aux différents projets et au gouvernement de nous aider pour les machines afin de faciliter le travail, comme des moissonneuses batteuses et des machines pileuses. Ça nous permettra d’augmenter la production », explique Hadja Ramatoulaye Diallo venue des groupements de Fougou.
Dans la préfecture de Lelouma, c’est la commune rurale de Laafou qui prend part à
l’exposition du fonio à Labé. Aye Bobo Diallo est issue d’un des groupements de Laafou.
« Chez nous à Laafou, la culture du fonio accroche tout le monde maintenant depuis que l’UGVD et son partenaire Osiwa ont commencé à nous appuyer. Il y avait 2 ou 3 groupements à Laafou, mais depuis l’implication de l’UGVD nous avons sur place 7 groupements. Le projet fonio est un projet d’avenir. Ça fait 4 ans que je suis dedans et je ne fais qu’attirer mes proches dans la production du fonio. C’est une denrée qu’on peut consommer sans problème et les gens ne font que se tourner vers la consommation du Fonio. Ma participation à cette exposition m’a fait découvrir plusieurs types de fonio. C’est l’un des mes meilleurs apprentissages. Ensuite dans les cérémonies, le fonio est beaucoup plus consommé, la nuit c’est le diner de 8 personnes sur 10 au moins », temoigne cette productrice.
La commune rurale de Sannoun aussi est plongée de plein pied dans la production du fonio.
Là aussi, tout se fait en groupements d’où son ascension. Ce qu’explique Aïssatou Bobo Sannou Diallo.
« Il a fallu la présence des partenaires comme l’UGVD et ses partenaires pour qu’on puisse dénicher le fonio comme une production qui ne constitue aucun problème de santé, c’est plutôt thérapeutique. C’est l’unique production qu’un médecin vous recommande quand vous êtes malades. Dans les cérémonies aussi, le fonio est très convoité. Si tout le monde se mobilise ici à Labé autour du fonio, ça veut dire tout simplement qu’il a du potentiel. Le fonio exposé ici est venu de partout, il y a beaucoup de variétés. Pour nous, les emballages ne sont pas encore disponibles, nous prions pour avoir notre marque de sachets, ça permettra de nous distinguer partout », plaide Aissatou Bobo Sannoun Diallo.
Aminatou Bah relève de la coopérative de Dara-Labé. Elle fait partie des pionniers du secteur dans la région. Lors de l’exposition du fonio, elle a expliqué aux participants de long en large les différentes qualités du fonio et sa portée dans la société.
« Le fonio a diverses qualités parmi lesquelles je peux citer le fonio noir, fonio blanc, Dibon, Hotthia, Siraghè…C’est juste la période de maturité qui les distingue en réalité. Il y a une variante de 3 mois, une autre de 4 mois, la catégorie de 5 mois existe également. La production de fonio à Dara a une particularité. Nous faisons des champs associés où chacun a sa part. La synergie d’action nous motive à Dara, nous travaillons à la hauteur de nos forces parce que les machines ne sont pas encore arrivées chez nous même si elles existent ailleurs. Ici, c’est les houes et les charrues encore, donc tout est à l’état traditionnel pour nous. A dara ça fait 25 ans depuis que nous avons commencé à faire les champs en association. Nous avons toujours eu des appuis pour l’obtention des semences, des conseillers agricoles, nous avons aussi des preneurs de nos productions à la récolte. Tout ce qui nous manque ici c’est les outils modernes pour nous sortir du monde rudimentaire », a expliqué Aminatou Bah.
Au nom du ministère de l’agriculture et de l’élevage, Boubacar Mobhi Diallo également directeur préfectoral de l’agriculture et de l’élevage de Koubia a eu son mot à dire.
« Effectivement c’est des groupements membres de la coopérative et d’autres groupements indépendants qui se sont réunis ici pour parler de la chaîne de valeur de la filière fonio. Donc, la coopérative est née de l’appui de l’Etat guinéen, d’Osiwa Dakar/ Guinée, du consortium UGVD/Maison Mère et du Cenafod qui regroupent les groupements de fonio de Mamou jusqu’à Koundara. Donc 07 préfectures sont concernées en Moyenne-Guinée. Des appuis ont eu lieu en termes de formation et des équipements fournis (Décortiqueuses). Comme beaucoup de femmes l’ont dit, la production du fonio n’est pas facile, elle est très contraignante. Il faut défricher à la main, cultiver à la houe, il faut surveiller, il faut moissonner à la faucille, battre à la main ou décortiquer, le pilon et le mortier sont toujours d’actualité dans la chaîne de valeur », précise le directeur préfectoral de l’agriculture et de l’élevage de Koubia.
Lors de cette exposition, il a été demandé aux participants d’organiser des journées d’expositions dans leurs localités pendant les marchés hebdomadaires au moins une fois par trimestre. Notons que pendant cette exposition, des questions réponses ont enrichis les débats entre visiteurs et exposants sur la filière fonio
Alpha Ousmane Bah
Pour Africaguinee.com
Tel : (+224) 664 93 45 45
Créé le 1 novembre 2022 16:16Nous vous proposons aussi
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