Cas de la Guinée : Ce que la France n’a pas dit…
CONAKRY-Après de longs mois de mutisme, la France a brisé le silence sur la situation sociopolitique qui prévaut en Guinée où au moins dix civils ont été tués depuis fin juillet dernier, dans une série de manifestations.
Réaffirmant son engagement à accompagner la transition en cours dans le pays commandé par le colonel Mamadi Doumbouya, Paris s’est dit cependant préoccupé par l'arrestation de personnalités politiques et de la société civile. La cheffe de la diplomatie française a déploré notamment ce qu’elle qualifie de « recours excessif à la force et l'utilisation alléguée d'armes létales pour le maintien de l'ordre lors des manifestations organisées par l'opposition à Conakry ».
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Pour désamorcer la crise, Paris a appelé les autorités guinéennes à travailler avec la CEDEAO en vue d'aboutir à un accord sur le déroulement de la transition et sur un chronogramme électoral permettant un retour rapide à l'ordre constitutionnel. A ce propos, un accord a été trouvé vendredi 21 octobre entre la Guinée et la Cedeao sur une transition de deux ans.
Au plan interne, Paris invite Conakry à engager un dialogue inclusif avec les acteurs politiques et les représentants de la société civile, afin de permettre une transition apaisée et garante de la paix sociale. Mais à ce niveau, il reste beaucoup à faire. Car une frange importante de la classe politique rejette le cadre institué par le Gouvernement. Pour avoir soutenu la manifestation du 20 octobre, soldée par cinq morts, au moins six leaders politiques sont convoqués ce lundi 24 octobre à la gendarmerie. Une situation qui contribue à creuser davantage le fossé entre les deux parties. Ceci est une autre histoire.
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Revenant sur la récente position exprimée par la France sur la crise guinéenne, il faut dire qu’il y a un point sur lequel, une réaction officielle était attendue, mais le Quai D’Orsay n’a pipé mot. Il s’agit des allégations de plus en plus en persistantes relatives à la reprise de la coopération militaire entre la France et Conakry. Ce sujet qui parait sensible voire embarrassant, cristallise les débats au sein de l’opinion et fait les choux gras de la presse française.
Sur cette question, Conakry a apporté un démenti formel. « Ceux qui ont dit que la Guinée voudrait mettre une base militaire française ici et qui ont lamentablement échoué après le démenti du ministre de la défense, sont revenus par la fenêtre en disant que la France va déployer des militaires à la frontière entre la Guinée et le Mali. C’est ridicule », a martelé Dr Morissanda Kouyaté début octobre, précisant que la Guinée ne ferait jamais appel à la France pour sécuriser ses frontières.
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Ce démenti n’a toutefois pas empêché les avocats du FNDC (front national pour la défense de la constitution) de saisir directement Emmanuel Macron, le 14 octobre dernier, pour lui demander de suspendre la coopération militaire avec la Guinée. Alors qu’une position claire était attendue, Paris a préféré entretenir le flou, laissant libre cours aux spéculations.
Focus Africaguinee.com
Créé le 23 octobre 2022 19:59Nous vous proposons aussi
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