Mohamed Tall : « Nous attendons du CNRD des gages…pour un dialogue sincère »

Mohamed Tall

CONAKRY-Comment sortir de la crispation politique actuelle pour enclencher (enfin) le Dialogue tant réclamé en Guinée ? Qu’exigent concrètement le quatuor « RPG, FNDC politique, ANAD, CORED » de la junte ?


Dans un entretien accordé à Africaguinee.com, Mohamed Tall, cadre du parti Union des Forces Républicaines (UFR) a brisé le silence. Avec ce proche collaborateur de Sidya Touré, on a aussi abordé le cas de Saikou Yaya Barry, hospitalisé depuis le 7 octobre.

Le Directeur de Cabinet de président de l’UFR ne porte pas de gans pour dénoncer les « dérives » de la junte. Selon lui, on assiste à l’installation d’une dictature militaire avec des méthodes rétrogrades et d’une rare cruauté.

AFRICAGUINEE.COM : L’état de santé de Saikou Yaya Barry secrétaire exécutif de votre formation politique s’est considérablement dégradé en prison, au point qu’il a été hospitalisé. Comment observez-vous cette situation ?

MOHAMED TALL : C’est une situation très regrettable qui traduit le recul des droits de l’Homme et des libertés individuelles et publiques. Depuis plus de deux mois, Saikou Yaya Barry est illégalement détenu sans aucune raison. Tout comme Foniké Manguè et Ibrahim Diallo et bien d’autres qui sont moins connus, Saikou Yaya Barry a été arrêté à cause de ses opinions. Je trouve cela inacceptable et révoltant surtout en période de transition. Cette farouche volonté de la junte guinéenne de vouloir faire taire toute voix discordante prouve que le CNRD veut s’éterniser au Pouvoir.

L’UFR et son Président suivent attentivement la situation de Saikou Yaya Barry et nous espérons que le CNRD mettra tout en œuvre pour qu’il bénéficie des soins appropriés afin qu’il recouvre le plus vite possible sa santé.

Le président de votre formation politique Sidya Touré a dépêché son médecin personnel pour être à son chevet. A-t-il pu avoir accès à lui ? Si oui, dans quel état l’a-t-il trouvé ?

En effet, dès qu’il a appris l’information relative à l’hospitalisation de Saikou Yaya Barry, le Président de l’UFR a pris des dispositions afin que la prise en charge du Secrétaire Exécutif du parti soit effective. C’est à cet effet qu’il a demandé à son médecin de se rendre au chevet de Saikou Yaya afin de s’assurer qu’il reçoit des soins appropriés.

Il l’a trouvé fatigué et a constaté une certaine lenteur dans la prise en charge, notamment, au niveau des examens à réaliser.

Est-ce qu’on vous a expliqué concrètement qu’est-ce qu’on lui reproche ?

Non, pas du tout. À l’évidence, Saikou Yaya Barry, Foniké et Ibrahim sont victimes de leurs opinions. Ce sont des prisonniers d’opinion. Nous assistons dans notre pays à l’installation d’une dictature militaire avec des méthodes rétrogrades et d’une rare cruauté. Ce n’est pas acceptable.

Comment expliquez-vous qu’un an après la chute d’Alpha Condé la Guinée se retrouve dans une situation typiquement similaire à celle d’avant le coup d’Etat du 05 septembre ?

Je crois que cela s’explique surtout par le fait que dans notre pays, on n’a jamais véritablement tiré les leçons du passé. Après chaque étape difficile de notre histoire, on s’est efforcé à garder l’omerta ou entretenir volontairement une confusion sur les actes les plus cruels et les dérapages les plus inadmissibles. Ce faisant, on a cultivé une forme d’impunité qui a elle-même entraîné une banalisation des dérives.  Cette tendance doit cesser et nous devons rétablir la vérité historique, reconnaître la responsabilité des uns et des autres et trouver des mécanismes permettant d’atténuer les frustrations et rancœurs. En résumé, il nous faudrait à un moment ou à un autre entamer le délicat chantier de la réconciliation nationale.

L’autre actualité qui défraie la chronique c’est la mise en place du dialogue inclusif par le Colonel Mamadi Doumbouya. Pourquoi votre coalition, le FNDC Politique avec ses « alliés » l’ont-ils rejeté ?

La raison est très simple. Nous l’avons clairement exprimée dans nos différentes déclarations. Compte tenu de la crise de confiance qui caractérise les relations entre le CNRD et les principaux acteurs politiques et sociaux, nous avons estimé nécessaire une médiation internationale, notamment celle de la CEDEAO, pour aplanir les différends et restaurer la confiance entre ces acteurs et le CNRD. En plus, nous avons souhaité que le cadre de dialogue soit structuré de manière à permettre un débat serein. Malheureusement, nous constatons un manque de volonté de la part des autorités actuelles pour ouvrir un dialogue sincère de manière à décrisper la situation et à aller rapidement vers le retour à l’ordre constitutionnel.

Le rapprochement entre l’ANAD, le FNDC politique et le RPG est perçu par certain comme une « alliance contre-nature ». Que répondez-vous ?

Même si je peux comprendre ces reproches compte tenu de notre passé politique récent, je pense que dans le contexte actuel où il est même question de supprimer les partis existants, il est logique que des partis politiques qui comptent puissent se retrouver pour faire face à la menace que représente le CNRD pour les partis eux-mêmes, pour la démocratie et la stabilité de notre pays.

Que revendiquez-vous concrètement pour être autour de la table ?

D’abord, nous attendons du CNRD qu’il donne des gages de bonne volonté pour un dialogue sincère. Il s’agit pour nous des mesures de décrispation que le CNRD doit absolument prendre pour rassurer les uns et les autres. Ces mesures sont, notamment, la libération des prisonniers d’opinion, le respect des droits et libertés, notamment, le droit de manifester, la publication de la liste des membres du CNRD, la création des conditions idoines pour le retour en Guinée des acteurs politiques et sociaux en exil, cela soit impliqué, bien sûr, le rétablissement dans leurs droits des deux principaux leaders qui ont été illégalement expropriés de leurs biens…

Ensuite, nous demandons un cadre de dialogue tel que nous l’avons défini dans nos différentes déclarations. Un cadre sous la direction du médiateur de la CEDEAO avec les acteurs politiques et sociaux majeurs ainsi que nos partenaires les plus importants. Bien entendu, le CNRD étant le vrai détenteur du pouvoir, sa présence sera nécessaire.

Que répondez-vous à ceux vous taxent d’être trop capricieux ?

Nous ne le sommes pas du tout. Nous exigeons simplement des conditions nécessaires pour la réussite du dialogue.

Selon vous comment sortir de cet imbroglio ?

Aller au dialogue sincère.

Face à cette crispation, craignez-vous un effet dominos de ce qui s’est passé au Burkina Faso en Guinée ? 

Je n’en sais rien. Il serait intéressant de poser cette question au CNRD.

Oumar Bady Diallo

Pour Africaguinee.com

Créé le 10 octobre 2022 03:04

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