Droits humains : « On a assisté à un retour en arrière…sous le CNRD », selon Maître Foromo Frédéric Loua

CONAKRY-En Guinée, le 05 septembre prochain marquera l'an 1 de la prise du pouvoir par le Colonel Mamadi Doumbouya. Pour sa première année à la tête de la Guinée, le président du Comité National du Rassemblement pour le Développement (CNRD) a-t-il réussi à faire oublier les tares du régime qu’il a renversé ?
Son leitmotiv « la justice sera la boussole qui va orienter les actions de chaque citoyen » a-t-il été appliqué ? Quel est le bilan du colonel Mamadi Doumbouya en matière des droits humains ?
Pour répondre à toutes ces questions, Africaguinee.com est allé à la rencontre d'un défenseur des droits humains. Il s'agit de maitre Foromo Frédéric Loua, Directeur exécutif de l'ONG les Mêmes Droits pour Tous (MDT).
Selon ce défenseur des droits humains, l'espoir qu'a suscité l'avènement du CNRD au pouvoir, n'a pas tardé à voler en éclats. Surtout dans le domaine du respect des droits humains, les pratiques qui ont écorché l'image de la Guinée sont les mêmes observées en ce moment. La seule différence soutient-il, c'est le degré de l'ampleur des violations des droits humains.
« L'espoir tel que manifesté par les Guinéens à l'occasion de la prise du pouvoir n'a pas été entièrement respecté. Il y a par endroits des cas de violation des droits de l'homme, des cas d'entorse à la loi qui, manifestement, jettent du discrédit sur la volonté de bien conduire une transition. Pour exemple, je vais citer le rétrécissement de l'espace civique et politique.
Le CNRD a décidé de dissoudre les mouvements pro-démocratie, de réprimer certaines manifestations en Guinée et on a assisté à des graves violations des droits de l'homme. On a assisté à un retour en arrière parce qu'on a connu ça sous le magistère d'Alpha Condé. Lorsqu'il était au pouvoir, c'était la répression des manifestations, la violation répétée des droits de l'homme. Et, le CNRD a repris les mêmes choses même si elles n'ont pas atteint encore le degré qu'avait connu les répressions du temps d'Alpha Condé », a déploré Foromo Frédéric Loua.
L'autre violation des droits humains mise à l'actif du CNRD, c'est la poursuite engagée contre certains acteurs politiques écroués à la maison centrale de Coronthie sans jugement. A cela s'ajoute la démolition des résidences de Cellou Dalein Diallo et de Sidya Touré.
« Nous avons assisté à des poursuites qui ont été lancées tous azimut. Des gens se sont retrouvés en prison parfois avec des conditions de détention très difficiles. On a enregistré des cas de décès en prison et toute chose qui n'est vraiment pas à l'honneur du CNRD. Aussi, on a dépossédé certains Guinéens de leurs biens en violation manifeste de la loi. Certains responsables politiques ont vu leurs domiciles saisis quand bien même que la procédure était encore pendante devant la justice. Il y a aussi la question socio-économiques. La vie devient de plus en plus chère. Les Guinéens ont du mal à joindre les deux bouts », soutient le directeur exécutif de MDT.
Le pire dans ce sombre tableau, selon maitre Foromo Frédéric Loua, ce sont les cas de morts enregistrés sur l'Axe à l'occasion des manifestations du Front National pour la Défense de la Constitution (FNDC), officiellement dissout par la junte au pouvoir.
« L'un des points noirs de cette transition c'est les cas de mort. On dénombre aujourd'hui 8 morts avec des blessés, beaucoup de personnes en prison. On a une justice qui peine à affirmer son indépendance », a flétri maître Foromo Frédéric Loua qui invite les nouveaux dirigeants à se rappeler de leur discours de prise de pouvoir dans lequel, ils ont promis au peuple de Guinée que la « justice sera la boussole qui va orienter les actions du CNRD.
« Il faut redonner à la justice la place qui est la sienne et mettre fin aux restrictions des droits humains dont celui de manifester », préconise ce défenseur des droits humains.
A suivre…
Siba Engagé
Pour Africaguinee.com
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Créé le 31 août 2022 10:29Nous vous proposons aussi
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