La mère d’Alpha Oumar raconte : « Mon fils a été abattu à Bambéto lors du passage du cortège présidentiel… »

Madame Houssainatou Bah, mère de Alpha Oumar Barry

CONAKRY-La manifestation organisée hier mercredi, 17 août 2022 à Conakry par le Front National pour la Défense de la Constitution (FNDC) se sont soldées par deux (2) cas de mort. Le jeune Alpha Oumar Barry, âgé environ de 18 ans a perdu la vie suite à une balle qu'il a reçue dans la poitrine.


Selon la mère de la victime, c'est pendant le passage du cortège du président de la transition sur l'Axe que son quatrième fils a été tiré à bout portant par les militaires.

Rencontrée ce jeudi, 18 août 2022 à Bambéto, madame Houssainatou Bah, submergée par l’émotion due au choc de la perte brutale et tragique de son fils, peinait à articuler deux phrases. Selon elle, son garçon ne pourra plus réaliser ses rêves de porter le bleu-blanc, couleur de la tenue du lycée, à l’ouverture prochaine des classes.

« J'étais avec lui presque toute la journée. Après avoir fait la prière de 14h ensemble, je l'ai laissé ici. Quand l'accalmie est revenue, il est sorti pour envoyer la puce de sa sœur chez elle qui avait reçu une balle au pied. Donc, arrivé chez sa sœur, il a trouvé que la cour était fermée. Il a vu que ses amis étaient vers là-bas, il les a rejoints et quelques temps après, ils sont venus me dire que ton fils Alpha Oumar a été tué. J'ai dit non, il est allé chez sa sœur tout de suite.

Ils m'ont dit qu'ils l'ont emmené à l'hôpital Jean Paul 2. Je suis allée à l'hôpital, mais dès qu'on l'a envoyé, aussitôt il a rendu l'âme. Les témoins m'ont dit qu'il a été tué lors du passage du cortège du président. Je voulais qu'on l'enterre aujourd'hui, mais ils ont ramené le corps à l'hôpital. Je demande aux autorités de me restituer le corps de mon fils, je vais l'enterrer pour au moins réduire la peine dans mon cœur », a-t-elle plaidé en sanglots.

 

Poursuivant, Houssainatou Bah,les yeux inondés de larmes, est revenue sur les derniers souvenirs et instants passés avec son fils Alpha Oumar Bah.

« Il est mon quatrième fils. Depuis son enfance il m'aide avec les travaux à la maison et depuis qu'il est né personne n'est venu se plaindre auprès de moi à son sujet. À l'école aussi, depuis qu'il a commencé jusqu'à l'obtention de son BEPC cette année, il n'a jamais redoublé dans une classe. Hier toute la journée jusqu'à 14h c'est lui qui était dans ma boutique, c'est lui que j'ai envoyé pour me chercher du pain. Il est resté ici jusqu'à la fin du repas du déjeuner. C'est lorsqu'il a mangé, qu'il est parti chez sa grande sœur. C'est là-bas qu'il a croisé le destin », a confié la mère de la victime.

Selon les informations recueillies sur place et confirmées par le chef secteur, le corps du jeune Alpha Oumar Bah a fait l'objet de tractations entre sa famille soutenue par les jeunes du quartier contre les autorités. Dans un premier temps, dès après l'annonce du décès, les jeunes qui tenaient à enterrer le corps sans autopsie, ont déposé la dépouille dans une mosquée du quartier. 

Ayant eu vent de cela, les autorités à travers la mairie de Ratoma ont également marqué leur opposition. Finalement, le gouvernement a réussi à transporter le corps à l'hôpital Ignace Deen pour faire l'autopsie afin de déterminer les causes réelles de la mort de cette autre victime. Mais la famille tient vaille que vaille à l’enterrer dans la journée de ce jeudi, 18 août 2022 sans aucune autopsie. Chose qui serait probablement impossible, apprend-on.

 

Croisé sur les lieux, le chef secteur Koloma 1 où le jeune Alpha Oumar Barry a été tué, mercredi 17 août, a exprimé sa colère.

Ce responsable local est sorti de ses gongs pour fustiger les tueries devenues récurrentes sur la route Le Prince, coutumière de violents affrontements en marge des manifestations de rues à Conakry.

Ismaël Barry lance un message au président de la transition, Colonel Mamadi Doumbouya, qui, rappelle-t-il, quelques jours après sa prise du pouvoir, s'était recueilli sur les tombes des jeunes tués sous le défunt régime.

« Je ne suis pas du tout content. L'Etat ne doit pas tuer sa population. C'est déplorable. En tant que père de la Nation, le Colonel Mamadi Doumbouya est venu au cimetière de Bambéto voir les 200 jeunes qui y sont enterrés. Il ne doit pas en augmenter.

Il est venu promettre qu'il va instaurer la démocratie. S'il change cela et décide de revenir sur les anciennes pratiques que monsieur Alpha Condé faisait, nous allons dire qu'il est dictateur et nous n'allons pas l'accepter.

Il doit savoir qu'il n'est pas élu président de la République. En tant que président de la transition, il doit savoir que c'est le peuple qui l'a accepté. Si le peuple se lève contre lui, il ne pourra pas gérer. I

l doit dire aux policiers et aux gendarmes de faire beaucoup attention. Il doit sensibiliser les gens, ce n'est pas pour tuer. Ce que les policiers font est déplorable. Ils entrent dans les quartiers pour frapper nos parents. Ils prennent nos enfants pour les enfermer. Pour les libérer, on te demande 3 à 4 millions de francs guinéens, ça ne peut pas continuer », a-t-il fustigé.

A suivre…

Siba Engagé

Pour Africaguinee.com

Tel: (00224) 623 06 56 23

Créé le 18 août 2022 16:19

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