Madina Oula : Plusieurs blessées à Safèrin dans un affrontement autour d’un domaine…
KINDIA- C'est un vieux conflit domanial qui a tourné au drame. Une famille a été la cible d'une attaque violente au cours de laquelle, le jeune Lamine Touré âgé de 18 ans a reçu dans la jambe gauche une balle tirée par un féticheur qui détenait un calibre 12. D'autres personnes qui étaient avec lui dans un champ agricole ont été aussi été grièvement blessées. Les faits se sont produits le lundi, 20 juin 2022 dans un champ de riz à Safèrin, un des districts de la commune rurale de Madina Oula (préfecture de Kindia).
Les trois victimes qui sont alitées présentement à l'hôpital régional de Kindia ont été blessées dans une attaque inouïe qui a opposé deux familles autour d'un domaine litigieux. Tout est parti d'un conflit domanial qui oppose deux familles qui se disputent la paternité d'un domaine de 500 hectares depuis plus de 20 ans.
La famille Touré à qui le domaine a été restitué à la faveur d'une décision de justice datant du mois de mai 2022, a donc décidé de cultiver sur ledit domaine. Mais malheureusement, une résistance farouche a été constatée sur le site litigieux. Selon nos informations, c'est dans la matinée du lundi, 20 juin 2022 que les deux familles Touré et Cissé se sont livrées à une grosse bagarre qui s'est soldée par des blessés graves.
« Le jour de l'attaque, nous nous sommes mobilisés en groupe pour aller semer le riz car on avait déjà aménagé le domaine. Lorsqu'on partait au champ, on a dépassé Ansoumane de Famaya sur le chemin. Mais les enfants m'ont dit frère, la position d'Ansoumane ne nous rassure pas. On lui a demandé sa destination mais il nous a dit qu'il cherche son bœuf. C'est ainsi que j'ai dit aux jeunes qu'il (Ansoumane) ne peut rien manigancer contre nous parce que nous nous entretenons de bonne relation. C'est après on a su qu'il était là pour alerter les autres que nous sommes au champ. Donc on a continué notre chemin et c'est lorsqu'on a commencé à semer le grain de riz, qu'on a vu une foule composée d'hommes et de femmes venant de Gaya, Famaya et Modouya tous des secteurs du district de Safèrin. Mais devant la foule, il y avait un féticheur du nom de Soumeila Paipai qui vient de la Sierra-Leone mais il séjourne en ce moment à Famaya. Il tenait une étoffe rouge et des gris-gris en main. Il a crié en disant : qui est homme ici pour m'affronter ? On pouvait riposter car on était aussi nombreux mais j'ai dit aux jeunes de ne pas répondre aux provocations. Le féticheur proférait toujours des injures grossières en nous menaçant. Il y a un jeune parmi nous qui lui a dit, Paipai, toi qui es étranger comment peux-tu agir ainsi contre nous ? Il lui a répondu en disant, je ferai pire que ça.
Un autre jeune de notre camp l'a repoussé. C'est en ce moment qu'on a entendu un coup de fusil. Et immédiatement, Mohamed Lamine a crié en disant qu'il est atteint par la balle. Tout le monde cherchait à sauver sa tête maintenant. Car, ils étaient armés de machettes et de gourdins. Dans leur groupe, quatre (04) personnes dont Bagouraket de Fossé khouré et Paipai avaient des fusils de calibre 12. Dans la débandade, j'ai reçu une pierre sur la tête qui m'a blessé et mon œil aussi est enflé. Nos agresseurs ont réussi à endommager ma moto en la découpant. Quant à Mohamed Lamine Touré, il a été atteint par balle au niveau de sa jambe gauche. Un jeune de notre groupe se trouve toujours dans les mains de nos agresseurs. Nous cherchons comme ça à rallier Kindia centre pour s'occuper des trois (03) blessés dont un par balle », a expliqué Alpha Touré, une des victimes de cette attaque subie par sa famille.
Malgré la gravité des accusations portées par la partie adverse, la famille Cissé qui a été contactée dans le but d'avoir sa version des faits dans cette affaire n'a pas daigné se prêter à nos questions. Interrogé sur le contenu de la décision de justice qu'il a exécutée, maitre Thierno Arafou Diallo, huissier de justice a relaté toutes les péripéties de cette bataille judiciaire qui a profité à la famille Touré.
« J'ai fait application d'une décision de la Cour Suprême en rendant la propriété à la famille Touré après plus de 20 jours (…). Ils sont en train de jouir librement. C'est aujourd'hui j'ai appris qu'il y a eu agression là-bas… Pour la petite histoire, c'est la famille Cissé qui avait porté plainte contre la famille Touré au tribunal de Kindia. Après le procès, le tribunal a donné raison à la famille Touré. Pas satisfaite, la famille Cissé a interjeté appel de la décision rendue. Le dossier est parti à la Cours d'Appel qui à son tour a confirmé la décision du TPI de Kindia. La famille Cissé toujours non satisfaite de la décision de la Cour d'Appel a fait ce qu'on appelle le pourvoi en cassation. Le dossier a été également examiné à la Cour Suprême qui a aussi donné raison à la famille Touré. C'est suite à cela qu'en ma qualité d'huissier de justice j'ai été saisi par le Procureur Général d'une requête aux fins d'obtention d'une réquisition à la force publique pour exécuter la décision de justice. Car, il y a une commission mise en place par le Procureur Alphonse Charles Wright qui est chargée d'examiner tous les dossiers. La commission là aussi a siégé, elle a examiné et les membres ont vu que toutes les procédures ont été respectées et que la famille Touré doit récupérer leur propriété. C'est à la suite de cela que le procureur général a signé la réquisition nous autorisant à se rendre là-bas pour rendre la propriété à qui de droit. C'est ce qui fut fait le 26 mai 2022. Et j'ai déclaré que ma mission prend fin ce jour-là. Donc, s'il y a un autre problème, l'huissier décline sa responsabilité car il a déjà fini sa mission », a confié cet huissier de justice.
Il faut préciser que les trois blessés ont été nuitamment admis à l'hôpital régional de Kindia après plus de 80 km de voyage. On apprend que la vie du jeune Mohamed Lamine Touré, celui qui est atteint par balle n'est pas en danger mais la balle reste toujours logée dans sa jambe.
Depuis Kindia, Cherif Keïta
Pour Africaguinee.com
Créé le 22 juin 2022 10:24Nous vous proposons aussi
TAGS
étiquettes: Echos de nos régions, Kindia