Bah Oury brocarde le « couple » UFDG-RPG arc en ciel : « Ils sont totalement déboussolés… »

Bah Oury, leader de l'UDRG

CONAKRY-Face au « rapprochement » entre l’UFDG et le RPG arc-en-ciel, Bah Oury ne fait pas dans la dentelle. Dans un entretien accordé à Africaguinee.com, le leader de l’UDRG dévoile ce qu’il considère comme étant les « dessous ». L’ancien ministre revient également sur la durée de la transition voté par le CNT. Interview.


AFRICAGUINEE.COM : Comment analysez-vous le rapprochement entre le G58 et le RPG-arc-en-ciel et alliés ?

BAH OURY : Le contexte est le suivant : l’ancien parti au pouvoir se retrouve dans des difficultés du fait de l’interpellation de plusieurs de ses dirigeants par la Crief (cour de répression des infractions économiques et financières. Avant cela, le parti n’avait pas montré un intérêt à coopérer avec les autres coalitions, notamment avec la Cored parce qu’en ce moment, nous avions essayé de faire en sorte que la classe politique ait une vision convergente pour une meilleure transition dans notre pays.  Les responsables du RPG arc-en-ciel n’avaient pas montré l’intérêt de répondre déjà à cette invitation. Maintenant, devant les difficultés qui s’accumulent, c’est tout à fait raisonnable de leur part de chercher des alliés.

De l’autre côté, vous savez que des anciens responsables de ce pays sont à la tête de partis politiques aujourd’hui. Et, leurs gestions antérieures ont posé et posent problème. Donc l’un dans l’autre, de ce point de vue, il y a des convergences d’intérêts. Pour aller plus en profondeur, vous savez que l’ancienne opposition républicaine et le RPG au pouvoir ont eu durant ces dix années des yoyos avec des cycles, d’arrestations, de manifestations de rue, d’oppressions systématiques, des morts. Ensuite il y a eu des négociations et accords politiques qui valident ce qui était contesté hier. Donc, cette pratique n’est pas nouvelle, elle a été utilisée en 2013 avec Waymark et sabaritechnology. En 2015, avec l’acceptation des délégations spéciales pour le partage du pouvoir sur l’ensemble du territoire, en dépit d’un sens de légalité autour de ces questions.

Vous avez vu également la participation à la présidentielle du 18 octobre 2020 dans des conditions qui ne sont pas justifiées. Lorsqu’on est contre un 3ème mandat -la présidentielle du 18 octobre 2020 avec l’utilisation d’une constitution qui n’en était pas une, phagocytée en mars 2020-,   aller dans une élection de ce genre c’est la validation du 3ème mandat en bonne et due forme. Donc, il y a une permanence d’actions qui font qu’il y une convergence et des collusions d’intérêts entre les deux bords qui n’étaient pas vu par l’opinion, puisque c’était toujours mis sous la nécessité du dialogue. Mais ce dialogue avec Alpha Condé apparaît beaucoup plus comme des marchandages politiciens avec des deals souterrains et en définitive avec l’imposition du desiderata de Monsieur Alpha Condé. Ce qui a fait que le pays pendant cette période, a évolué hors d’une légalité normale.

Donc, aujourd’hui vous savez que l’habitude a la dent dure, on ne peut pas changer d’habitude du jour au lendemain.  Le CNRD n’est pas dans la même logique de gouvernance de M. Alpha Condé. Mais par contre, comme je vous l’ai dit, les habitudes ont la dent dure, il y a une volonté de répéter les mêmes habitudes, les mêmes comportements d’hier dans un contexte qui a totalement changé. Ce qui amène les acteurs des partis à être totalement déboussolés, à perdre dans une certaine mesure de logique et de cohérence par rapport à telle attitude à avoir vis-à-vis des tenants de la transition politique actuelle en Guinée. En définitive, l’aspect durée de la transition est brandi pour masquer des aspects souterrains qui ne sont pas du tout honorables d’être étalées sur la place publique.

Ces acteurs affirment que l’enjeu actuel est national, mais non pas une volonté, comme vous le prétendez, une volonté de se protéger d’éventuels ennuis judiciaires. Qu’en dites-vous ?

C’est une très bonne question ! Cela confirme ce que j’ai dit tout à l’heure. Les marchandages politiciens sous Alpha Condé, c’est cela que certains voudraient que ça soit répliqué dans le contexte actuel. Avec des deals souterrains avec des ententes peu honorables pour se partager en d’autres termes le gâteau ou certains avantages du pouvoir. Mais le CNRD n’est pas dans cette disposition d’esprit. Donc, ça fâche ceux qui avaient pris des mauvaises habitudes. Est-ce qu’on peut dire que le cadre de concertation, tel qu’il est mis en place, n’est pas le lieu indiqué pour faire prévaloir les intérêts, les divergences et d’une vision d’une transition concertée, consensuelle acceptée pour nous permettre d’aller de l’avant ?

Je pense que ce qu’on devait demander au gouvernement de la transition et au CNRD, c’est d’accélérer la mise en place du cadre de concertation tel qu’il a été formellement créé. Cela permet de mettre en place le lieu de discussion, le lieu de départ, le lieu de formalisation et de conceptualisation des modalités nous permettant de s’engager effectivement dans les travaux de la transition. A savoir, le recensement général, le fichier d’Etat civil, la carte d’identité digitalisée pour tous les citoyens, le fichier électoral etc.

Pourtant la Cored dont vous êtes membres fait partie des coalitions qui avaient dénoncé la façon dont ce cadre de concertation a été mis en place. N’est-ce un revirement de votre part ?

Dans la CORED, il y a plusieurs partis politiques avec des tendances différentes. La question qui nous été posée : c’est quelle nature de cadre de concertation ou de dialogue souhaitez-vous. Nous avions écrit officiellement au nom de la CORED pour dire que nous souhaitions avoir un cadre de concertation ou de dialogue à caractère politique pour permettre au débat un caractère politique puisque les questions de la transition qui auraient été débattues relèvent principalement des problématiques politiques sans pour autant rejeter qui que ce soit.

Par la suite, les autorités ont préféré un cadre de dialogue inclusif avec la société civile etc et bien entendu avec les partenaires techniques comme observateurs. Au niveau l’UDRG, nous avons estimé que c’est un pas d’engager et de mettre en place cet espace. Dans le fil des discussions, il y aurait des modalités d’amendement, des changements qui vont être nécessité par la réalité du terrain. Parce qu’il vaut mieux commencer que de trainer les pieds et enfin de compte bloquer le processus d’engager la transition correctement.

Comment vous analysez le chronogramme qui a été adopté par le CNT sur le plan légal mais aussi sur le plan de la durée ?

Vous savez qu’il y a une différence d’interprétations.  C’est quoi les forces vives ? Personnellement j’estime que le CNT de 2009-2010 était une émanation des forces vives. Le premier ministre de l’époque, M. Jean Marie Doré était une émanation des forces vives parce que toutes les catégories socio-professionnelles étaient représentées. Le CNT actuel avec la représentation de l’ensemble des secteurs de la société, y compris les partis politiques et les sociétés civiles, est une émanation des forces vives. On peut interpréter en disant que c’est déséquilibré. Il n’y a pas suffisamment de partis politiques, il y a beaucoup plus de gens de la société civile ou les conditions de nominations de certains ne sont pas suffisamment claires. Tout cela, c’est possible. Mais le CNT est effectivement une représentation structurée et institutionnelle des forces vives dans le cadre de cette transition.

C’est par rapport à cette question si le CNT est habilité ou pas de discuter de cette question, si on n’est pas d’accord avec ça, cela veut dire qu’on délégitime la structure qui va adopter et proposer une nouvelle constitution qui va mettre en place les nouveaux codes qui vont règlementer la vie administrative politique et sociale du pays. Si on va dans ce sens est -ce qu’on va s’en sortir ? Cela veut dire que ceux qui mettent en doute la capacité du CNT, quelque soit ce qu’on peut penser de la possibilité de trancher certaines questions et en d’autres termes, c’est un appel à l’ingouvernabilité de la Guinée. Personnellement je ne peux pas accepter cela.

Mais les attributions selon la charte sont tout à fait claires M. Bah Oury. Nulle part il n’est mentionné que cette question relève de sa compétence…

Maintenant, on ne peut pas vouloir d’une chose et de son contraire. Le CNT au moins, les secteurs de la société y compris les partis politiques sont représentés. Mais ceux qui ont rédigé la charte de la transition, vous les connaissez ?

C’est le CNRD…

C’est le CNRD, mais on n’a pas été, peu ou prou, approché pour quoi que ça soit dans la rédaction de la charte de la transition.

Quid des trois ans est-ce raisonnables pour vous ?

Dès le début au niveau de la CORED et même au niveau de l’UDR, on a estimé dès le mois de septembre qu’une période de 30 mois, pourrait être envisagée. Nous avions mis en avant le contenu d’une future transition y compris le recensement général de la population. Et ensuite, les cartes d’identités digitalisées pour l’ensemble des citoyens et le fichier électoral. Ceci est vital et essentiel. Nous avons perdu 12 ans dans ce pays par ce que le fichier n’était pas consensuel, ni satisfaisant. Il vaut mieux faire correctement les choses pour permettre à la Guinée d’avoir les moyens de sa refondation en tant qu’Etat, pour changer la gouvernance à travers les fichiers dont je vous ai indiqué pour éviter les clivages intérieurs, extérieurs.

 Aussi, c’est une manière de promouvoir la citoyenneté de manière institutionnelle et cela donnera les moyens à l’Etat de mieux gouverner demain. Si on ne fait pas ça maintenant et on dit qu’il faut rejeter cela plus tard, on n’aura pas du tout un fichier électoral conséquent et donc la contestation sera tous azimuts. Je ne veux pas qu’on revienne avec les mêmes choses pour dire de laisser au prochain président le soin d’organiser ceci et cela. En 2009 c’est ce qu’on nous a chanté, lorsqu’ils ont inversé l’ordre des élections en privilégiant la présidentielle au détriment des législatives. En disant bien entendu que le prochain président va organiser.  Mais il va le faire dans quel contexte ? Trois ans après avec des dizaines de morts avec une instabilité politique. Nous ne pouvons pas continuer à refaire toujours les mêmes fautes qu’hier.

En clair vous êtes pour les trois ans ?

Cela ne me dérange en rien parce que je sais ce qui est le plus important pour la Guinée, c’est de se doter des moyens pour que demain, le pays soit mieux gouverné. Par exemple pour le Covid, le Sénégal s’est permis d’octroyer des allocations à tous les ressortissants aussi bien à l’extérieur qu’à l’intérieur du pays. Nous, ici même si on le voulait, on a été incapable de le faire aujourd’hui. Il y a un mois de cela, le même pays a alloué des allocations à 500 milles ménages dans le cadre de l’aide pour lutter contre la montée des prix et l’inflation.

Nous aussi, on le veut sans aller dans une politique d’ANIES qu’il faut révisé, approfondir pour avoir des statistiques vérifiables pour savoir qui sont les pauvres, qui sont les démunis. Si on n’a pas les moyens de notre politique, on ne pourra pas permettre aux guinéens de vivre mieux et d’espérer en l’avenir. Donc, il faut les moyens qui nous permettent d’avoir les instruments pour changer profondément la politique dans notre pays. Si on a ça, après la transition, la Guinée pourra rattraper son retard vis-à-vis des autres pays.

A suivre…

 

Entretien réalisé par Diallo Boubacar 1

Pour Africaguinee.com

Tél. : (00224) 655 311 112

 
Créé le 23 mai 2022 10:54

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