Lariya-Labé : « Dans notre école, il n’y a pas de mi-temps… »

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LABÉ-Situé à six kilomètres du centre de Tountouroun, une sous-préfecture relevant de la préfecture de Labé, le district de Lariya fait face à de nombreuses difficultés. Parmi celles-ci, l’éducation des enfants. Cette localité qui compte six secteurs ne dispose pas d’un cycle du primaire.


L’école primaire fondée en 1989 n’a que trois salles de classes. Les enfants ayant atteint l’âge d’aller à l’école sont obligés d’attendre car le recrutement se fait tous les trois ans. C’est la conséquence du déficit d’infrastructures et d'enseignants.

Trois groupes pédagogiques fonctionnent en discontinuité dans la localité. Ils sont encadrés par trois enseignants dont un contractuel communautaire. L’actuel directeur de l’école a fait ses premiers pas dans cet établissement scolaire dans les années 92. Il explique.

« Dans notre école Lariya, il n’y a pas de mi-temps. Les cours se font du matin au soir. On a trois groupes pédagogiques réparties en trois salles de classes : deuxième année Cp2, quatrième année CE 2 et la cinquième année CM1.  Au niveau du personnel, on est au nombre de trois dont deux titulaires et un contractuel communautaire.

Le cycle normal du primaire n’est pas au complet faute d’infrastructures. Dans tout le district c’est la seule école. Or, il y a beaucoup d’enfants ici. Chaque année, il y a une cohorte d’enfants qui ont l’âge d’aller à l’école, mais faute d’enseignants et d’infrastructures, ce n’est pas possible », explique Thierno Abdoulaye Diallo.

Les dernières inscriptions en 1ère année remontent en 2021. Mais il faut attendre jusqu’en 2024 pour pouvoir inscrire un nouveau groupe. « On peut avoir en 1ère année des élèves qui ont 8 ans ou 9 ans. C’est inédit, mais on ne peut pas les priver puisque c’est leur droit », indiqué cet encadreur.

Les difficultés ne se limitent qu’au manque d’instituteurs. Aujourd’hui, le bâtiment est en dégradation très poussée. « Vous avez vu l’état du bâtiment, il est vétuste, tous les tôles sont trouées, pendant la saison pluvieuse, on ne peut pas étudier avec les enfants ». Frappé le laisser aller dans cet établissement, Thierno Abdoulaye Diallo qui y a fait ses premiers pas, a décidé de revenir pour redresser la donne.  

« Je suis très content d’être là parce que je suis passé par là !  J’ai commencé par Koubia ou j’ai fait 10 ans, chaque fois en partant je passais par cette école, j’ai trouvé vraiment qu’il y avait des problèmes, les enseignants étaient présents mais les villageois se plaignaient beaucoup car les études n’allaient pas comme ils le voulaient ces cinq dernières années. J’ai pensé revenir pour rehausser un peu le niveau. Vraiment il y a un abandon, en 1ère année par exemple, tu peux recruter 90 élèves. Au fur et à mesure, ils abandonnent » déplore-t-il.

Ibrahima Sory Sow, président du district de Lariya indique que les trois classes ont été construites par les résidents et ressortissants de la localité. Le paiement du maître contractuel est à la charge des parents d’élèves. Une somme qui équivaut au SMIG (salaire minimum garanti).

« Nous manquons de soutien. Certains parents, s’ils s’occupent de l’étude de leurs enfants, c’est seulement pour deux ans. En troisième année, comme c’est nous qui payons certains enseignants, s’ils ne gagnent pas l’argent pour le payer ils poussent leurs enfants à l’abandon.

Chaque élève doit cotiser 5000 fg par mois pour le salaire de l’enseignant contractuel que nous avons, mais cette année nous avons trouvé que certains ont abandonné, nous avons augmenté 2 mille sur la somme habituelle, désormais c’est 7 mille francs guinéens.

Si certains de nos enfants passent pour le collège, nous les confions chez des parents en ville. Nous plaidons auprès des décideurs pour qu’on nous aide à trouver les trois classes pour compléter le cycle du primaire pour que chaque année si l’enfant à ses six ans, que nous puissions l’inscrire en première année », plaide le responsable du district.

Certains élèves quittent des secteurs éloignés pour rallier l’école primaire de Lariya. Avec un effectif de 78 élèves, la maîtresse de la CP2 contractuelle communautaire fustige le manque d’assiduité des élèves et la désertion scolaire.

« Certains enfants viennent en retard, ils me disent qu’ils doivent étudier le coran le matin avant de venir, d’autres viennent aujourd’hui demain ils ne viennent pas. Le taux d’abandons est élevé. Des fois, nous avons les meilleurs élèves qui quittent ici pour faire un métier, ou pour être données en mariage. C’est l’année passée qu’on a recruté en première année.

Certains élèves écrivent très bien dans les cahiers. A travers un bon encadrement, il se peut que beaucoup d’entre eux puissent continuer et aller loin. C’est le directeur et le responsable de l’APEAE qui collectent mon salaire, certains enfants peuvent rester plus de deux mois sans s’acquitter mais on ne les renvoie pas pour cela. Parfois, je reçois mon salaire vers le 10 ou 15 du mois. Ça joue sur moi car j’ai aussi des dépenses à faire » indique Fatoumata Binta Diallo.

Thierno Oumar Tounkara

Pour Africaguinee.com

Créé le 15 mai 2022 16:25

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