Dr Faya titille les camps d’Alpha Condé, Sidya, Cellou et cie : « Ce n’est pas parce qu’on a peur de la CRIEF… »

Dr Faya Milimono, président du Bloc Libéral

CONAKRY-Alors que le RPG arc-en-ciel, l’ANAD, le FNDC-Politique rejettent le chronogramme de la transition (39 mois) annoncé par le Colonel Mamadi Doumbouya, Dr Faya Milimouno se dit favorable.


Interrogé par Africaguinee.com, le leader du Bloc Libéral a soutenu le délai de trois ans trois mois, qui selon lui, est tout à fait raisonnable. Pourquoi ? Quelles doivent être les activités prioritaires pour que cette durée soit respectée ? Comment éviter l’enlisement de la crise ? L’ancien candidat à la présidentielle de 2015 livre son analyse. Dr Faya Milimouno n’a pas manqué de titiller ses « amis » comme l’UFDG, le RPG arc-en-ciel, dont les dirigeants sont ciblés par la Crief. Il leur demande d'être honnêtes avec les guinéens et ne pas se cacher derrière des considérations inavouées pour réprouver le délai proposé par la junte.

AFRICAGUINEE.COM : Comment appréciez-vous les « 39 » proposés comme délai de la transition par le colonel Mamadi Doumbouya ?

DR FAYA MILIMOUNO : Je dois rappeler que la décision du président Doumbouya est partie d'une expression de différentes coalitions et organisations de la société civile qui ont proposé des chronogrammes sur la base des 10 chantiers que le CNRD à travers le gouvernement a soumis aux forces vives. Pour ce qui concerne le Bloc Libéral qui appartient à la Coalition pour la Rupture (CPR), à l'issue d'une plénière, nous avions proposé 36 mois à compter du 1er mai 2022. Nous pensons que de 36 à 39 mois ce n'est pas un écart trop considérable au regard des enjeux. Nous trouvons donc raisonnable les 39 mois proposés au CNT par le président du CNRD. 

Quelles vont être les activités prioritaires durant ces 39 mois ?

Nous pensons que les 10 chantiers qui ont été définis notamment la rédaction de la constitution, la conduite d'un recensement général de la population et de l'habitat, la conduite d'un recensement administratif à vocation d'Etat civil, ce sont toutes des activités qui sont importantes si nous voulons définitivement tourner le dos à l'instabilité qui nous a caractérisé et qui nous a conduit à avoir la 3ème du genre, une période transitoire. Pour que le gens comprenne la pertinence du recensement général de la population, on se rappelle encore du dernier recensement général de la population et de l'habitat, à l'époque nous avions tous critiqué ce recensement là et nous avions identifié toutes les incohérences nécessaires dans ce recensement.

Exemple, Kaloum avait été crédité avoir 62.000 habitants mais de l'autre côté, le recensement électoral avait montré que Kaloum avait 60.000 habitants. Ça c'est un ratio qui n'existe nulle part dans le monde. On a encore vu les préfectures dont la population avait augmenté de plus de 300%, d'autres préfectures dont la croissance était négative. On a vu derrière ce recensement un biais politique. Donc, si nous voulons une réelle planification du développement de notre pays, il faut qu'on ait des chiffres fiables. 

Au-delà même de cette dimension, nous à la CPR nous pensons que la constitution prochaine doit être revue en profondeur. Exemple, dans la constitution de 2010, il était prévu 114 députés mais sur ces 114 députés il y ⅔ qui sont des députés fantômes, qui n'étaient associés à aucune base. Il suffisait simplement d'être dans la grâce du président du parti politique qui a quelques électeurs, vous pouvez vous trouver élu même si vous avez fait les 20 dernières années à l'extérieur du pays et ne connaissant aucune réalité des différentes localités de la Guinée, vous pouvez venir siéger, avoir un salaire et participer au vote. Ça, c'est un grave mal qu'on s'est fait pendant toutes ces années.

Donc, nous voulons attaquer ce problème là pour que la représentation des guinéens à l'Assemblée Nationale soit plus au moins égale parce qu'après tout, il s'agit de défendre les droits et les besoins de chacune des localités de ce pays à l'Assemblée Nationale. Un autre exemple, on nous a toujours placoter des dispositions disant : en cas de vacance de pouvoir, le président de l'Assemblée Nationale assure l'intérim et organise les élections dans les 90 jours. C'est un gros mensonge qu'on s'est dit pendant 64 ans, ça n'a jamais été possible parce qu'on ne peut pas organiser en trois mois une élection en Guinée. La solution à ce problème, je crois qu'on peut élire un président de la république avec un vice-président qui ne soit ni de la même ethnie ni de la même religion que celui qui sera candidat à la présidentielle. Ça c'est une manière d'impliquer davantage des guinéens dans la gouvernance de notre pays. Sans compter que si aujourd'hui nous parvenons réellement à revoir le pouvoir royal du président de la république, on conférera par exemple à l'Assemblée Nationale le pouvoir de confirmation de tous les membres du gouvernement qui seraient proposés par le Président.  Ils ne prendraient pas fonction si l'Assemblée Nationale ne vérifie pas leurs compétences, leur intégrité.

Comment expliquez-vous le rejet du chronogramme par les grands ténors de la classe politique notamment l'UFDG, l'UFR, le RPG arc en ciel ? 

Je ne minimise pas le poids de quelqu'un mais enlevons dans ce débat-là, ce que quelqu'un soit un grand ténor ou un petit ténor, ça n'a pas de sens. L'histoire de notre pays nous enseigne que le PDG-RDA était le seul parti à un moment donné, même ceux qui naissaient le même jour en devenaient membres. Après le changement de 1984, le PDG-RDA n'a plus été capable d'élire un seul Maire dans les 372 communes que compte aujourd'hui notre pays. Plus récent, c'est le cas du PUP qui était le parti dominant sous le régime du Général Lansana Conté et l'UPR était le parti de l'opposition qui pouvait avoir plus de députés à l’Assemblée nationale.

Et, après le changement de 2008, combien de députés le PUP et l'UPR ont pu faire élire ? Donc, tout ce qu'on dit aujourd'hui ténors en parlant de l'UFDG, du RPG il faut relativiser cela. Nous ne sommes pas là pour dire que ces partis-là n'ont pas de poids, mais la réalité guinéenne nous dicte autre chose. Pour moi, nos collègues de la classe politique qui donnent une position contraire en ont le droit. Mais il faut qu'ils soient honnêtes avec le peuple de Guinée en disant les vraies raisons pour lesquelles ils ne veulent pas s'asseoir autour de la table pour parler du chronogramme. Je veux que la classe politique montre un peu plus d'honnêteté au peuple de Guinée. Qu'on ne se cache pas derrière des choses, soit parce qu'on a peur de la CRIEF, ou parce qu'on a peur de ceci et de cela et qu'on essaie de détourner le débat, alors qu'on défend en réalité un intérêt personnel. 

Selon vous qu'est-ce qu'il faut à ce jour pour éviter les violences parce la crise est déjà là ? 

La première chose, c'est de faire appel au sens patriotique de chacun. Parce qu'encore une fois, je suis de ceux qui pensent que les raisons qui sont en train d'être invoquées par les uns et les autres qui rejettent en bloc tout ce qui est en train d'être proposé, sont ailleurs. 

 

Entretien réalisé par Oumar Bady Diallo 

Pour Africaguinee.com 

Tel : (00224) 666 134 023 

 

Créé le 5 mai 2022 14:13

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