Menaces de sanctions de la Cédeao : « La rhétorique véhémente est contreproductive… »

CONAKRY-La junte militaire en Guinée a décidé de défier la CEDEAO en s’abstenant de soumettre un chronogramme réaliste pour le retour à l’ordre constitutionnel. Ce 25 avril 2022, l’ultimatum de l’organisation sous-régionale est arrivé à expiration, sans qu’aucun calendrier ne soit mis à la table. Au contraire, Conakry a adopté une attitude défiante vis-à-vis de Nana Akuffo Addo, Macky Sall, Alassane Ouattara et compagnie. La sortie médiatique du porte-parole Gouvernement a renforcé cette impression. Au sein de la classe politique, cette attitude défiante de la junte, suscite des craintes.
« Quand j’ai écouté le porte-parole du Gouvernement, j’ai pris ma tête. On se demande quelles peuvent en être les conséquences. Le monde d’aujourd’hui est interdépendant, il n’y a pas de frontière surtout en matière de communication. La Guinée est souveraine mais j’ai toujours dit aux nouvelles autorités de penser au peuple. Le père de famille doit regarder sa famille avant d’agir d’une certaine façon. Si tu es conscient que face à une situation tu peux sortir indemne en cas de difficultés, pense d’abord à ta famille. Il faut réfléchir avant de poser des actes », conseille Mamadou Sylla.
Lors du sommet d’Accra tenu il y a un mois, la Cedeao avait indiqué que faute de chronogramme acceptable d’ici le 25 avril, elle allait prendre des sanctions économiques et financières contre la Guinée. Des sanctions qui entreront immédiatement en vigueur alors que la Guinée est exclue de toutes les instances de décision de la Cedeao depuis le coup d’Etat du 05 septembre 2021. Mamadou Sylla qui dirige la Cored, exprime des inquiétudes lorsque le Gouvernement civil mis en place par la junte, opte pour l’affront vis-à-vis de la Cedeao. Pour lui, la rhétorique « véhémente » a toujours été contreproductive.
« Quand j’ai suivi Gaoual, je me suis posé pas mal de questions. Parce que d’habitude, c’est le CNRD qui emploie un ton musclé dans ses déclarations et ses communiqués. Mais si cette fois-ci, c’est le ministre civil qui dit ça, de deux choses l’une : soit il a agi de son propre-chef ou bien il est de commun accord avec l’accord du CNRD et de son président. En réunion ce matin, je n’ai caché mes craintes.
Tous les régimes précédents ont, à un moment donné, employé un ton véhément. Mais je pense que ça n’a pas été productif pour le pays. La souveraineté que l’on brandi est relative. L’autre lecture qu’il faut faire, peut-être que le Gouvernement a compris que la Guinée ne peut pas éviter les sanctions. C’est pourquoi il décide d’aller à l’attaque. Comme on le dit : qui prépare la paix, prépare la guerre », analyse Mamadou Sylla.
A suivre…
Oumar Bady Diallo
Pour Africaguinee.com
Créé le 26 avril 2022 11:44