Ukraine : Biden promet une « réponse » de l’Otan si la Russie a recours à l’arme chimique
Le président américain Joe Biden a promis jeudi 24 mars 2022, pour la première fois une "réponse" de l'Otan dans le conflit en Ukraine si la Russie y recourait à l'arme chimique, un risque jugé bien réel lors de sommets de l'alliance et du G7 réunis à Bruxelles après un mois d'une guerre meurtrière et dévastatrice lancée par Vladimir Poutine.
Au même moment, l'assemblée générale des Nations unies votait à New York à une majorité écrasante de 140 voix "pour", 38 abstentions et cinq "contre" dont la Russie, la Syrie et la Corée du Nord, une motion exigeant l'arrêt immédiat de l'offensive russe.
Sur le terrain, le dirigeant tchétchène Ramzan Kadyrov affirmait que sa milice paramilitaire, qui combat aux côtés de l'armée russe, avait pris la mairie de la ville assiégée et bombardée de Marioupol dans le sud-est de l'Ukraine. Une information impossible à confirmer de source indépendante.
Cette ville portuaire sur la mer d'Azov, lourdement bombardée et où des témoins ont décrit des cadavres jonchant les rues, serait le cas échéant la première agglomération significative à être prise par la Russie, après une offensive d'un mois qui a vu l'armée russe à la peine face à la résistance acharnée des Ukrainiens, armés par l'Otan.
Dans cette situation, les Occidentaux ont jugé très crédible le risque d'une attaque chimique, contre lequel le président ukrainien Volodymyr Zelensky les a mis en garde jeudi dans une intervention vidéo depuis Kiev, où il est retranché.
"Nous répondrons s'il y a recours. La nature de la réponse dépendra de la nature de cette utilisation", a déclaré M. Biden à l'issue des sommets de l'Otan et du G7 à Bruxelles.
"L'Otan n'a jamais, jamais été plus unie qu'elle ne l'est aujourd'hui. Poutine obtient exactement le contraire de ce qu'il voulait en envahissant l'Ukraine", a-t-il assuré, mettant aussi en garde à nouveau la Chine contre tout soutien à Moscou qui pourrait mettre en jeu "son avenir économique".
Interrogé sur d'éventuelles "lignes rouges" définies par l'Otan et susceptible de déclencher une intervention, le président français Emmanuel Macron a préféré rester "très prudent sur ce sujet".
Dans le cas de l'Ukraine, "je pense que l'ambiguïté stratégique et la discrétion sont plus efficaces", a répondu le chef de l'Etat.
Le secrétaire général de l'Otan, Jens Stoltenberg, a indiqué à ce stade que les alliés avaient "convenu de fournir des équipements pour aider l'Ukraine à se protéger contre les menaces chimiques, biologiques, radiologiques et nucléaires".
L'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) a fait part jeudi soir de son "inquiétude" après avoir été informée par les autorités ukrainiennes de bombardements de la ville où vit le personnel du site de Tchernobyl.
Les dirigeants de l'Otan ont également approuvé la création de quatre nouveaux groupements tactiques en Roumanie, en Hongrie, en Bulgarie et en Slovaquie, et le renforcement des quatre déjà constitués en Pologne et dans les trois pays Baltes.
Plus de 100.000 militaires américains sont actuellement présents en Europe et plus de 40.000 soldats sont sous commandement direct de l'Otan dans la partie orientale de l'Alliance. "C'est du jamais vu", a souligné M. Stoltenberg.
– Risque de pénuries alimentaires –
Sur le front économique, les Occidentaux se sont concertés jeudi pour répondre aux risques de pénuries alimentaires mondiales à la suite de l'invasion de l'Ukraine par la Russie, deux exportateurs majeurs de blé.
"Les pénuries alimentaires vont se concrétiser", a mis en garde le président américain Joe Biden à Bruxelles après les sommets du G7 et de l'Otan, assurant que les Etats-Unis comme le Canada, gros producteurs de céréales, allaient augmenter leurs exportations en conséquence.
Le Canada, quatrième producteur mondial de pétrole, a aussi annoncé jeudi une augmentation d'environ 5% de ses exportations de pétrole pour répondre "aux demandes d'aide" de ses "alliés, aux prises avec des pénuries" en raison du conflit en Ukraine.
Par ailleurs, les pays du G7 et de l'Union européenne vont sanctionner toute transaction impliquant les réserves d'or de la Russie, pour éviter que Moscou ne contourne ainsi les mesures d'isolement financières prises par les Occidentaux, a annoncé la Maison Blanche.
"Nous voulons fermer toute possibilité pour la Russie d'utiliser son or pour soutenir sa devise", le rouble, a expliqué un haut responsable américain.
Washington a aussi annoncé jeudi de nouvelles sanctions financières contre la Russie, visant le monde politique, des oligarques et l'industrie de défense.
Ces mesures, qui impliquent en particulier un gel des avoirs aux Etats-Unis, concernent 328 députés de la Douma et l'institution elle-même ainsi que 48 "grandes entreprises publiques" du secteur de la défense, selon un communiqué de la Maison Blanche.
Les pays du G7 ont eux aussi assuré jeudi qu'ils "ne ménageraient pas leur efforts" pour que Vladimir Poutine "rende des comptes" pour l'invasion de l'Ukraine.
AFP
Créé le 25 mars 2022 08:59Nous vous proposons aussi
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