Dadis, Konaté, Jean Marie…et la présidentielle de 2010 : Les révélations de Saïd Djinnit

Said Djinnit entouré de l'ancien dirigeant guinéen Alpha Condé, Mohamed Said Fofana ex Premier ministre en 2013, image d'archive

CONAKRY-En marge de la présentation de son livre ‘’Le dialogue à tout prix : au cœur de la crise politique de 2013 en Guinée’’, l’ancien représentant spécial du Secrétaire général pour l’Afrique de l’Ouest, Saïd Djinnit a levé un coin du voile sur une des pages sombres de l’histoire politique de la Guinée. La présidentielle de 2010.


Le diplomate onusien et facilitateur dans la crise guinéenne entre 2008-2013 est revenue sur le déroulement de cette autre transition dans laquelle il était au cœur. De la nomination de Jean Marie Doré à l’organisation difficile des élections, l’ambassadeur a brisé le silence.  Il est aussi sur ce qui avait prévalu aux quatre mois entre le premier et le second tour de l’élection présidentielle de 2010. Douze ans après, Said Djinnit facilitateur à l’époque des faits, revient sur ce qui s’était passé. Explications.    

« La préparation des élections de 2010 est intervenue dans un contexte pour le moins houleux, notamment la période gérée par le capitaine Moussa Dadis Camara. Tout le monde se rappelle de la situation dramatique survenue le 28 septembre au stade de Conakry en 2009. Donc, la période était très tendue, c’était un accouchement douloureux. Accoucher une élection présidentielle et démocratique était un exercice douloureux avec des militaires qui n’étaient pas coopératifs surtout dans la première partie de la gestion de la transition avec Dadis et ensuite dans une deuxième période sous le Général Sékouba Konaté, un peu plus coopératif mais moins coopératif que Jean Marie Doré (décédé).

Vous vous rappelez qu’il y a eu cet accord (de Ouagadougou). Sous la direction du Général Sékouba, il y avait eu un Premier ministre issu des forces vives de la nation. Lorsque Jean Marie a été nommé Premier ministre et chef du gouvernement, nous avons été confrontés à une réalité. C’est que le Premier ministre qui était un homme d’une grande sagesse, qui avait des idées très claires de ce qu’il fallait faire. Et pour lui, il fallait résoudre la question sécuritaire avant d’aller aux élections législatives ou présidentielles. Donc, avoir un premier tour était en soi une grande difficulté. Parce que le Premier ministre de l’époque pensait fermement qu’il fallait prendre le temps. Comme l’histoire se répète toujours, aujourd’hui nous avons des pouvoirs militaires aussi bien en Guinée qu’au Mali et au Burkina Faso qui réclament la nécessité du besoin de prise de temps pour procéder à un certain nombre des réformes pour que cela ne se répète plus.

Nous avons eu même le cas en 2010 où le premier ministre Jean Marie Doré souhaitait une transition de deux, trois ou quatre ans. C’est-à-dire prendre tout le temps pour assoir les conditions pour que selon lui, les mêmes erreurs ne se répètent plus. Ce n’était pas le point de vue des acteurs politiques de l’époque, ce n’était pas le point de vue de la CEDEAO, de l’Union Africaine et des Nations-Unies. Il était donc important d’aller aux élections Présidentielles au plutôt que possible. Et je me rappelle de m’être déplacé à Conakry et être resté 3 à 4 jours pour faire la pression sur le Général Sékouba Konaté. Je me rappelle que c’est monsieur Tibou Kamara qui était conseiller du Général Konaté qui m’avait aidé à obtenir la convocation. Je n’ai quitté Conakry qu’après avoir obtenu copie du décret du Président convoquant le 1er tour des élections Présidentielles de 2010. Je commence par rappeler que même le premier tour a été un accouchement très difficile.

Donc, lorsqu’ils sont allés au second tour, il y avait une très grande méfiance. D’abord, autour du classement, car il faut rappeler que le classement des candidats admis au 2ème tour avait suscité beaucoup de discussion politique. Il y a eu l’instauration d’une méfiance entre le pouvoir et les acteurs politiques si bien qu’on a dû faire appel à un malien qui était à la Francophonie qui était parmi les observateurs pour en faire un Président intérimaire de la Commission électorale. Ce qui veut dire que le second tour tardait parce que la méfiance profonde s’était instaurée entre les deux tours. Il avait fallu préparer le terrain. C’est comme ça que nous avons pu, enfin, obtenir le deuxième tour. Et on a eu un Président démocratiquement élu et proclamé Président de la République », a expliqué le diplomate onusien.

A suivre…

Siddy Koundara Diallo

Pour Africaguinee.com

Tel: (00224) 655 311 114

Créé le 19 mars 2022 15:56

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