Aboubacar Soumah alerte : « Des classes sont sans enseignants, certaines écoles sont fermées… »

Aboubacar Soumah, SECRÉTAIRE GÉNÉRAL du SLECG

CONAKRY-Aboubacar Soumah, le secrétaire Général du Syndicat libre des enseignants chercheurs de Guinée vient de briser le silence sur la grogne des enseignants contractuels. Au micro d’Africaguinee.com, le syndicaliste, explique l’origine de cette crise.


Alors que la grogne prend de l’ampleur, Aboubacar Soumah, membre de la coordination nationale des enseignants contractuels, sonne l’alerte sur les effets de cette crise dans les écoles. Il lance un appel au Gouvernement. Entretien.

AFRICAGUINEE.COM :  Comment comprenez-vous la grogne des enseignants contractuels à ce stade de l’année scolaire ?

ABOUBACAR SOUMAH : A ce que je sache, il n’y a pas eu d’accord entre l’actuel ministre de l’enseignement Pré-universitaire et le syndicat pour leur intégration directe à la fonction publique. S’il y a eu accord, c’était avec l’ancien régime. C’est le ministre Mory Sangaré (26 mai 2018/19 juin 2020) avait promis de les (enseignants contractuels) engager à la fonction publique. En 2018, lorsque nous (enseignants du Slecg) étions en grève, c’est le groupe des contractuels-là qui est allé nous remplacer dans les classes pour donner cours. C’est à cette époque qu’ils ont promis de les engager directement à la fonction publique. Par la suite, Mory Sangaré est parti, Pr Bano Barry est venu. Je ne sais pas s’il avait réitéré la même promesse, mais ce qui reste clair, c’est le ministre Mory Sangaré qui avait fait cette promesse.

Vous étiez dans des démarches auprès du ministre Guillaume Hawing pour l’intégration de ces contractuels à la fonction Publique. Qu’est-ce qui a bloqué ?

Par rapport à leur engagement, le ministre avait dit qu’il avait besoin de 8000 enseignants contractuels. Nous avons travaillé effectivement avec la coordination nationale qui avait déjà en possession une liste de 8000 enseignants contractuels environ. On a mis en place une commission qui a travaillé sur l’apurement de cette liste là mais qui est allée jusqu’à près de 8700 enseignants contractuels. Ce sont ces 8700 là qui ont été affectés dans les établissements.

 Mais après l’affectation, on a constaté qu’il y avait beaucoup d’anomalies. Comme vous le savez, de 2018 Jusqu’en 2021, il y a, au sein de cette liste, des gens qui ont suivi d’autres activités, il y en a qui sont partis dans d’autres départements, certains ont abandonné. Donc, l’apurement de la liste n’a pas été effectif parce que le temps pour faire ce travail était très insuffisant. Puisque le ministre avait demandé de fournir la liste dans les 72heures, alors que c’est une liste qui est établie depuis 2018. Donc, il fallait prendre contact avec tous ces éléments pour savoir quels sont ceux qui sont en place et ceux qui ne sont pas, les cas des morts. La commission n’avait pas pu avoir toutes ces informations de précision. C’est après publication de la liste qu’il a été révélé qu’il y avait certains qui sont déjà morts. Donc, il y a eu des réclamations çà et là.

Comment se fait-il qu’aujourd’hui ces contractuels exigent leur engagement à la fonction publique sans passer par le concours alors que c’est la loi qui l’exige ?

Même si la loi le stipule, mais bien avant, sous le régime de Lansana Conté, il y avait eu un accord entre le syndicat et la fonction publique. Cet accord disait quoi ? Que les sortants de l’ISEEG, (institut des sciences de l’éducation de Guinée) et des ENI (Ecole Nationale des Instituteurs) ne devraient pas être soumis à un éventuel concours parce qu’ils ont la formation qui leur permet d’aller directement en classe. Ils ont la formation académique et pédagogique. Donc, nous avons estimé que ces gens-là ne devraient pas être soumis à un concours. C’est pour cela que cet accord avait été signé avec un nombre bien défini.

Voulez-vous dire que ces enseignants contractuels qui manifestent sont tous diplômés de ces écoles ?

Ceux qui réclament comme ça, je voudrais d’abord rappeler d’où est parti la confusion. C’est quand on a affecté les 8700 là et qu’il y a eu des réclamations à plusieurs niveaux. Dans toutes les préfectures, chacun s’est levé pour dire qu’il a été omis. C’est par après que le ministre a demandé à son directeur de ressources humaines d’envoyer à tous les DCE, DPE pour que tous ces cas d’anomalies soient corrigés, et que ces omis-là soient pris en compte. Au finish, que la liste définitive lui soit remontée. Mais à la remontée de cette liste, le nombre a presque triplé. De 8700, on s’est retrouvé avec une liste de 22 000 et quelques.

(…) Les 8700, c’est des gens qui ont fait plus 5 ans de pratique de classe, leurs dossiers notamment leurs diplômes ont été authentifiés, on avait donc estimé que tous ceux qui avaient été enregistrés sur cette liste, remplissaient les critères. Si cette liste avait été retenue, ces gens allaient pouvoir être engagés directement. Et personnellement durant toutes nos rencontres, c’était l’une de mes doléances auprès du ministre.

Quelle était la réaction du ministre par rapport à votre doléance ?

D’abord, c’était de les affecter et puis d’aller procéder à un contrôle de leur pratique de classe pour voir si au plan pédagogique et académique ils étaient au niveau. Ensuite, à notre niveau, allions demander à ce que le gouvernement accepte les engager automatiquement. Mais comme il y a une cette pléthore d’enseignants suite à la remontée des listes, et on s’est retrouvé à 22 000, c’est pour cela que le ministre a dit qu’il faut les soumettre à un concours.

Mais, ceux qui revendiquent là, ils ont fait plus de 5 ans, d’autres 10 ans en tant qu’enseignants en situation de classe. Ils ont donc leur raison. Il faut donc que le gouvernement revoie leur situation. Tous ceux qui sont en situation de classe et qui possèdent un certain niveau, les inspecteurs les ont vus à l’épreuve. Ils sont capables d’enseigner, je crois que ceux-ci on peut accepter qu’ils soient identifiés et engagés.

Quel appel avez-vous à lancer à l’endroit des ministères concernés ainsi que ces enseignants contractuels pour éviter que cette crise ne perdure ?

L’appel que j’ai à lancer au gouvernement, c’est de procéder à une vérification, considérer la liste des 8700 là, engager ceux-ci, les affecter et enfin faire face aux autres, parce que les listes sont-là. Après, soumettre ce deuxième groupe à un concours parce qu’on ne sait pas d’où viennent-ils. Nous avons reçu des informations selon lesquelles les DCE et les DPE dans les préfectures ont réussi à gonfler les chiffres, ils n’ont pas pris simplement les omis, mais qu’ils ont ajouté des nouveaux, créant ainsi du n’importe quoi. Donc ceux-là, il faut les soumettre au concours, faire une vérification très approfondie. Mais que le gouvernement accepte, que ceux qui ont fait plus de 5 ans, 10 ans, de les affecter et de les engager directement parce qu’il y a urgence et le temps file. Des classes sont là sans enseignants, certaines écoles sont fermées.

Donc, il faut qu’on les engage et qu’on les affecte. Si on dit qu’il faut soumettre tout ce monde-là à un concours, nous avons l’amer expérience que cela n’a jamais donné un bon résultat. Parce que par le passé on a constaté que beaucoup sont admis et qui sont parents de ceux qui organisent le concours alors qu’ils n’ont même pas le niveau. Donc, pour éviter de telles choses, le gouvernement doit prendre ceux qui ont fait preuve de compétence pédagogique et académique et qui sont déjà répertoriés par la coordination nationale.

Aux enseignants contractuels, je les appelle au calme, de ne pas faire de la pagaille parce que les nouvelles autorités-là ont la bonne volonté de faire face à leur revendication en les prenant et en les engageant comme contractuels d’Etat.

Entretien réalisé par Siddy Koundara Diallo

Pour Africaguinee.com

Tel : (00224) 655 311 114

Créé le 5 mars 2022 13:04

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