Kaporo Rails, dialogue, récupération des domaines de l’Etat : Ousmane Gaoual Diallo parle…
CONAKRY- Ousmane Gaoual Diallo, le porte-parole du Gouvernement a brisé le silence sur de nombreux sujets brûlants de l’actualité. Dans cette interview accordée à Africaguinee.com, le ministre de l’Urbanisme et de l'Habitat et de l’Aménagement du Territoire, revient sur sa récente tournée à l’intérieur du pays.
Alors que la classe politique continue de réclamer un dialogue, le porte-parole du Gouvernement assure de la disponibilité du Gouvernement à dialoguer. Le porte-parole du gouvernement évoque aussi le problème de la zone déguerpie de Kaporo Rails.
AFRICAGUINEE.COM : Vous venez de boucler une mission à l’intérieur du pays. Quel était l’objectif ?
OUSMANE GAOUAL DIALLO : Il y avait 2 ou 3 points que nous voulions partager avec nos collaborateurs. Le premier point consistait d’aller sur le terrain et de faire le constat de la situation, l’environnement de travail dans lequel ils évoluent. Le deuxième point, c’est de leur donner quelques points majeurs de la feuille de route que nous entendons mettre en œuvre. Le troisième, c’est un rappel aux exigences de redevabilité qui accompagnent cette gouvernance.
Quel constat avez-vous eu à dresser globalement ?
Sur le plan matériel, il n’y a absolument rien du tout. Nous avons visité les directions préfectorales et régionales, il n’y a pas une seule qui soit équipée d’ordinateurs. Dans un environnement comme celui que nous connaissons en 2022, que des équipes administratives soient sans machine, sans aucun outil de travail, c’est difficile. Il y a aussi la manière dont sont gérées les archives qui concernent les titres fonciers qui ont besoin d’être numérisées et archivées pour une meilleure conservation. Il y a également l’absence du personnel. Un exemple très frappant : dans la préfecture de Labé où on devait attendre 89 collaborateurs, il n’y a que 13 qui soient en poste aujourd’hui. Donc, le déficit en terme de personnel est important. Cela veut dire qu’il faut recruter et réorganiser.
Cela vient s’ajouter l’exigence de la nouvelle forme d’organisation que nous avons mise en place qui fait que chaque sous-préfecture soit dotée de préposés de l’habitat, c’est quelque chose qui met beaucoup de pression sur les ressources humaines du ministère. Matériellement, il y a de choses à créer. En terme de ressources humaines, un effort considérable doit être fait pour que le département puisse remplir sa mission.
L’une des objectifs que vous vous êtes fixé c’est de faire en sorte que les parts revenant à l’État dans les lotissements soient identifiés et sécurisés. Quel constat avez-vous dressé ?
Il n’y a rien du tout. Dans toutes les localités que nous avons traversées, nous avions fait les constats à Conakry ici, dans les 5 communes de la capitale, les préfectures de Coyah, Dubreka et Kindia que nous avions rencontré au préalable, il n’y a aucune archive qui répertorie, immatricule les domaines privés de l’État. C’est un problème important et c’est pour ça que nous avons demandé à toutes les directions préfectorales de nous faire remonter les calques sur lesquelles les lotissements figurent et d’en extraire les parts qui reviennent à l’État.
C’est un travail qui avait déjà commencé pour la Basse Guinée et qui va s’étendre sur l’ensemble du pays. Sur ce plan-là, il s’agit de quelque chose d’extrêmement nouveau, on n’a pas l’habitude de collecter les parts qui reviennent à l’État et les immatriculer. En général, quelques cadres seulement se les partagent et gardent par devers eux tout le bénéfice. Ce qui est contraire aux exigences de notre département.
A quelle période vous allez remonter ?
Je me suis limité en 2021 dans un premier temps avec l’objectif déjà de voir l’exhaustivité des parts. Mais nous avons des mécanismes de contrôle qui peuvent aller plus loin. C’est-à-dire que chaque fois qu’on fait le lotissement d’un domaine, il est élaboré sur un papier à calque et qui est archivé dans les directions préfectorales et au niveau de la DATU. Nous avons donc la capacité de rejouer les lotissements qui sont effectués par année et de récupérer les parts qui reviennent à l’État.
On a vu récemment le président du Cnrd sur la zone déguerpie de Kaporo. Cela à suscite la réaction au sein du collectif des victimes. Comment votre département envisage-t-il gérer cette problématique ?
Je pense que les jeunes qui ont pris la peine de parler dans les médias connaissent parfaitement ce qui se passe et je leur laisse le droit de continuer cette discussion. Ce qui est clair, il y a eu des avancées très positives par rapport à la situation qu’on a trouvé et c’est comme ça que cela va se poursuivre.
Des avancées positives dans quel cadre ?
Je pense que les uns et les autres savent. Comme je ne suis pas leur porte-parole, je leur laisse l’entièreté des discussions qu’ils vont rendre public.
Ces derniers temps, les acteurs politiques réclament à cor et à cri un dialogue avec le Cnrd pour éviter d’éventuelles conflits. Comment le Gouvernement appréhende-t-il ces appels ?
Bien sûr que nous les écoutons et nous les entendons. Ce n’est pas quelque chose de nouveau c’est tout à fait normal. Un pays doit dialoguer. Le gouvernement a marqué sa disponibilité au dialogue, je pense que c’est ce qui va se faire. Il n’y a pas de volonté de refus d’aller autour de la table. Maintenant, un dialogue doit servir à quelque chose. Il faut que les différents acteurs se préparent à faire de compromis. Il y en a qui vont penser qu’il faut outrepasser le Cnt, aller directement entre le gouvernement et la classe politique, d’autres vont voir gouvernement, classe politique, société civile et Cnrd. Il faut déjà s’entendre sur ce qu’on veut et dans quel format cela va se dérouler. Pour le reste, chacun est conscient de sa nécessité pour le pays pourvu que cela serve à quelque chose.
La porte n’est donc pas fermée ?
La porte n’a jamais été fermée, elle a été entrouverte par le Cnrd dans la charte de la transition. Maintenant c’est une question de dire quand est ce que cela va se faire et sous quel format. Une fois que cela est acté, le dialogue va s’ouvrir.
Le président de la transition qui demande la mise en œuvre du plan d’action opérationnel de chaque département à travers l’identification des projets qui ont un impact sur la vie de la population dans un bref délai. L’immobilisme du Gouvernement ne semble-t-il l’agacer ?
Ce n'est pas du tout ça, il faut comprendre la situation. Nous avons reçu une enveloppe budgétaire de 150 millions Usd sur les Droits de tirage spéciaux (DTS) allouée par le Fmi (fonds monétaire international). Donc, le président était parfaitement dans son rôle d’inciter les uns et les autres que dans l’utilisation de ces fonds, que ça soit sur des projets structurants pour le pays. Il voudrait que ça s’inscrive dans le plan opérationnel que nous avons élaboré actuellement pour permettre une meilleure lisibilité de l’utilisation de ces ressources qui font l’objet d’un contrôle plus poussé. Puisque, c’est de l’argent de la communauté internationale. C’est juste un rappel d’une exigence d’un travail en cours d’élaboration.
Interview réalisée par Diallo Boubacar 1
Pour Africaguinee.com
Tel : (00224) 655 311 112
Créé le 14 février 2022 10:31Nous vous proposons aussi
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