Cellou, Sidya Touré et cie divisés : Un « puissant instrument » pour le CNRD…

CONAKRY-La gestion "solitaire" et "unilatérale" de la transition en cours en Guinée par la junte a poussé la classe politique guinéenne à engager des démarches en vue de parler d’une seule voix au sein d’une seule plateforme.
Début janvier, les coalitions politiques majeures du pays, exceptés le RPG arc en ciel et ses partis alliés, ont lancé en grande pompe un front appelé Collectif des Partis Politiques (CPP) pour faire face à la junte. L’objectif était de réfléchir et faire des propositions sur notamment la Constitution, la durée de la transition, le fichier électoral, l’organe de gestion des élections. Patatras, comme toujours, cette unité de façade a volé en éclats moins deux semaines après le lancement du CPP.
Les forces qui composent ce bloc politiques ne sont pas entendus sur l’essentiel. Conséquences : L’unité tant souhaité a viré au fiasco avec en toile de fond des attaques à tout-va, et des guerres de positionnement en vue des échéances électorales à venir. D’un côté, Cellou Dalein Diallo, Mamadou Sylla et son groupe ont gardé le CPP, de l’autre Sidya Touré, Ousmane Kaba, Faya Milimouno ont claqué la porte pour lancer le Forum des partis politiques (FPP). Le bicéphalisme qui minait la classe politique hier est revenu au grand.
A vrai dire, ces querelles intestines cachent à peine les intentions des différents protagonistes. Chacun se prépare pour les prochaines batailles politiques et ne veut laisser aucune longueur d'avance pour l'autre. Or, cette division n’arrange guère la classe politique, au contraire, elle constitue une aubaine pour la junte au pouvoir. Le CNRD qui marche à pas de sénateur depuis sa prise de pouvoir le 05 septembre dernier, ne se privera guère de surfer sur cette mésentente des acteurs politiques pour dérouler tranquillement son agenda, qui du reste, pour la plupart est méconnu. C’est du moins l’avis de cet acteur de la société civile, qui estime qu’au lieu de se battre sur des questions de leadership, les acteurs politiques guinéens avaient mieux à faire.
‘’Cette division peut être un instrument puissant que le CNRD pourra vraiment utiliser pour dérouler son agenda alors que les vraies questions n’ont pas encore commencé à être posées. C’est notamment la durée de la transition, la future constitution qui sera rédigée, la loi électorale d’autres textes de lois organiques nécessaires au rétablissement de l’ordre constitutionnel. C’est cette division stérile qui va contribuer à faire durer davantage la transition. C’est malheureux pour le pays’’, déplore cet acteur de la société civile. ‘’Nous estimons qu’il faille mettre de côté toutes ces querelles et voir l’intérêt du pays d’abord’’, a souhaité notre interlocuteur.
Boussouriou Diallo, chargé de communication de la coalition guinéenne pour la Cour pénale internationale porte un tout autre regard sur le bicéphalisme qui mine la classe politique guinéenne.
« Cellou Dalein Diallo, Sidya Touré ainsi que les autres acteurs visent tous le même fauteuil présidentiel depuis plusieurs années. Dans ça, il faut voir leur carrière politique qui, à date sont presqu’à l’apogée. Ils estiment peut-être que c’est la dernière chance qu’il faut saisir et qu’il ne faudrait pas du tout louper. Sinon, tous les rêves caressés de vouloir diriger le pays vont se dissiper. Cellou Dalein, Sidya, c’est la même génération dans l’administration, ils ont travaillé ensemble.
Après le départ d’Alpha Condé, Sidya estime être le doyen, Cellou Dalein quant à lui estime être le leader le plus populaire. Donc, c’est de bonne guerre que chacun d’eux use d’une casquette et d’un argument pour mobiliser autour de lui-même ou derrière lui-même. Ils sont opposants et adversaires entre eux face à un enjeu électoral parce qu’ils visent tous les mêmes objectifs’’ a analysé cet acteur de la société civile.
BAH Boubacar LOUDAH
Pour Africaguinee.com
Tel : (+224) 655 31 11 13
Créé le 27 janvier 2022 10:08