Guinée : la Fesabag tire la sonnette d’alarme sur un décret de Doumbouya

CONAKRY-Le décret portant « Réglementation des transactions électroniques en République de Guinée », pris le 09 décembre dernier par le président de la Transition, colonel Mamadi Doumbouya soulève des inquiétudes au niveau du syndicat des banques.
Ce mardi 18 janvier 2022, la Fédération Syndicale Autonome des Banques, Assurances et Microfinances (FESABAG) a tiré la sonnette d’alarme. Cette organisation syndicale dirigée par Abdoulaye Sow a directement interpelé le Gouverneur de la Banque centrale lui demandant de s’impliquer auprès des autorités concernées pour apaiser ses inquiétudes.
Tout en reconnaissant au Gouvernement le droit de collecter des redevances issues des transactions électroniques pour financer son plan stratégique de développement, le syndicat du secteur financier, relève que cette taxe qui intervient dans un contexte de crise mondiale augmentera considérablement les coûts des transactions conduirait à faire la part belle au secteur informel qui connaîtra un accroissement par baisse des transactions du Mobile Banking qui va connaître un ralentissement alors qu’il constitue une alternative à l’inclusion financière. En clair, selon la FESABAG, elle risque d’annihiler les actions vers une inclusion financière.
« L'application de cette réglementation entrainera, sans conteste, une baisse drastique de l'utilisation des produits digitaux pour lesquels nos institutions ont consenti un investissement énorme depuis plusieurs années pour non seulement faciliter les transactions financières mais aussi augmenter le taux de bancarisation en République de Guinée et s'adapter aux exigences mondiales. L'abandon de ces applications par la clientèle au profit des transactions en espèces entrainera de facto un manque à gagner considérable et donc pourrait avoir un impact sur la santé financière de nos Institutions », a déclaré ce mardi 18 janvier 2022 Abdoul Gadiri Diallo, secrétaire Général de la Fesabag, lors d’une conférence de presse.
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Les inquiétudes du syndicat ne se limite pas qu’à ce niveau. Il y a également les attributions de I'ARPT à travers le décret pris à cet effet. Le syndicat avertit que le décret qui confère désormais à l’ARPT le pouvoir de police, s'apparente à une volonté de mettre le secteur financier sous « deuxième » tutelle. « Ce qui n'est pas de nature à nous rassurer », s’alarme ce responsable de la Fesabag.
Pour Abdoul Gadiri Diallo, l’ARPT devrait plutôt accompagner le secteur financier à travers l'accélération du déploiement du réseau à très haut débit partout à travers le pays afin d'accompagner l’inclusion financière prônée par l’État et permettre aux clients des banques dans l'arrière-pays d'utiliser les applications mises à leur disposition.
« Nous nous posons la question sur l'opportunité de l'application de cette réglementation en cette période de vache maigre. Nous pensons plutôt que nos institutions nécessitent un plus grand accompagnement pour éviter la mise en péril du dynamisme attendu de ce marché », martèle M. Diallo.
La Fesabag interpelle la Banque centrale afin qu’elle s’implique dans la recherche de solutions vis-à-vis de l'application de cette Règlementation des transactions électroniques telle que définie dans le décret.
« Animé par l’unique raison d'apporter sa modeste contribution à la volonté du gouvernement guinéen et de la BCRG d'accompagner l'essor d'une économie sociale et solidaire du pays, la FESABAG fidèle à sa vocation et à ses engagements de cohésion, de paix sociale et de quiétude dans le système financier se fait le devoir de vous interpeller vivement en tant que « seul » responsable de l'organe régulateur du secteur financier en Guinée pour votre implication effective auprès de toutes les parties impliquées dans la recherche de solutions pouvant apaiser nos légitimes inquiétudes vis-à-vis de l'application de cette Règlementation des transactions électroniques telle que définie dans le décret. Nous restons persuadés que votre implication effective permettra à toutes les parties concernées de faire des concessions et d'être rassurer et cette assurance est gage de stabilité indispensable à la pérennité de nos institutions et de nos emplois », a lancé Abdoul Gadiri Diallo, s’adressant aux autorités de la Banque centrale de la république de Guinée (BCRG).
Dossier à suivre…
Siddy Koundara Diallo
Pour Africaguinee.com
Créé le 18 janvier 2022 15:01