Teliano fait le grand déballage : « Alpha Condé m’a dit… »
CONAKRY- Ce sont de nouvelles révélations que vient de faire Jean Marc Teliano sur ses relations politiques avec le président déchu Alpha Condé. Après la rupture officielle de l’alliance entre le RPG arc-en-ciel et RDIG, place au grand déballage. Infiltration, coup bas, trahison…le leader du RDIG est sorti de ses gonds pour vider son sac.
AFRICAGUINEE.COM : Vous venez d’annoncer la rupture de l’alliance qui vous liait avec l'ancien parti au pouvoir le RPG arc-en-ciel. Pourquoi maintenant ?
JEAN MARC TELIANO : En 2010, nous avions signé un accord-cadre de politique générale et de gouvernance avec le RPG. Cet accord concernait plusieurs points. Le premier était lié à l’érection d’un deuxième gouvernorat en région forestière semblable aux autres régions. Au vu des potentialités agricole, minière, démographique de cette région, elle mérite d’être scindée en deux Gouvernorats. Je rappelle qu’à l'époque, le plus grand bassin électoral après Conakry, c'était la Guinée Forestière. Nous étions aussi accordés que quand monsieur Alpha Condé serait président de la république, il allait réaliser le barrage hydroélectrique de Kéno et de Demponka qui se trouvent à Guékédou.
Il avait été aussi convenu de réhabiliter le projet (PAG) à Guékédou, de réhabiliter le projet (d'ERIC) qui était à Kissidougou, de restaurer le couvert végétal qui avait été détruite lors des incursions rebelles, de bitumer la route Kissidougou-Kondembadou, de gérer le quinquennat du président Alpha Condé avec des cadres des deux partis (RDIG et RPG ndlr) à compétences égales. La perte d'un poste était soumise au parti qui l'a désigné et son remplacement revenait au parti qui l'avait désigné. Également, il y avait lieu de l'employabilité des jeunes diplômés sans emplois qui étaient de deux partis. Toutes les revendications que nous avions posées avaient été acceptées avant de signer cet accord.
Ensuite, j'ai été nommé Ministre de l'Agriculture. D'aucuns pensaient que ma nomination à la tête de ce ministère était une récompense, non. J'étais le faiseur du roi, il suffisait simplement que je bascule à gauche pour que la gauche gagne le pouvoir. Si je partais signer avec l'alliance Cellou Président, c'est Cellou qui allait gagner le pouvoir. Mais j'avais signé l'alliance avec Alpha Condé qui a été vainqueur. J'ai été Ministre par mérite et non par récompense et cela faisait partie de nos accords bien qu’ils n'ont pas été respectés.
Le premier point de discorde entre le président Alpha Condé et moi est venu du projet de fusion avec le RPG. J'ai été invité à fondre le RDIG dans le RPG. Chose que j'avais refusée catégoriquement. Face à mon refus de fusion, l’animosité a commencé là. J'étais menacé de mon poste de Ministre de l'agriculture. A un moment donné, je devais faire le choix entre fondre mon parti au RPG pour rester dans le gouvernement ou refuser et être viré du gouvernement. Donc, j'avais choisi de quitter le gouvernement au lieu de fusionner mon parti. Malgré toutes les menaces et tracasseries dont j'ai été victime quand j'étais Ministre de l'agriculture, j'ai tenu bon.
Après mon départ du Gouvernement, je suis allé dans l'opposition. Mais quand les élections locales pointaient à l'horizon, le RPG par le truchement de mon épouse est revenu vers moi pour essayer de voir comment nous pouvions faire une nouvelle alliance. A l'époque, quand le président Alpha Condé s'était rendu compte de mon ancrage politique sur toute l'étendue du territoire national, il est revenu vers moi, présenter des excuses et réitérer sa volonté de collaborer avec moi en disant qu'il a été trompé et que tout ce qu'on lui avait dit me concernant n'était pas vrai. Il a exprimé à nouveau le souhait que nous collaborions une fois de plus, tout en s’engageant que désormais il allait respecter les engagements passés en plus des nouveaux engagements qu'ils vont prendre.
Nous avions signé un autre accord où il était représenté par Amadou Damaro Camara. Cet autre accord a été signé dans les bureaux du groupe parlementaire RPG arc-en-ciel à l'assemblée nationale d'alors. Si le RPG a gagné la commune de Matoto lors des élections locales, c'est bien avec l'accord du RDIG parce que tout le monde sait comment les élections de Matoto se sont passées. C'est comme si on était au Texas et nous savons ce qui s'est passé. Si le RPG a gagné à Manéyah, c'est grâce à l'apport du RDIG parce qu'on avait des conseillers. Si le RPG a gagné à Coyah, à Guékédou, à Kissidougou et dans beaucoup d'autres préfectures, c'est grâce à notre apport. Et c'était dit dans cet accord, partout où le RPG est Maire, le RDIG devenait Vice-Maire. Mais tous ces accords conclus, rien n'a été respecté. Après tout, on a monté une cabale contre le RDIG pour des démissions.
Mais quand j'ai compris que c'était une cabale, je me suis dit qu'il fallait faire démissionner tous les cadres du RDIG du parti. Parce que Alpha Condé se faisait passer pour le plus intelligent, j’ai joué à son jeu. C'est suite à tout ça que j'ai appelé tous les cadres à une réunion et je leur ai demandé de démissionner du RDIG. Ils se sont posés la question de savoir le pourquoi. Après je leur ai répondu qu'ils étaient des fonctionnaires et que c'était une démission de façade afin qu'ils puissent garder leurs postes. Difficilement, ils m'avaient compris mais ils ont accepté de démissionner du RDIG. C'est moi qui avais organisé ces démissions mais en fait, on se voyait le soir pour les comptes rendus. C'est une autre facette de la politique. Ils étaient comme des infiltrés pour moi. Sur toute l'étendue du territoire, le RDIG a 81 conseillers communaux. En dehors du RPG et de l'UFDG, il n'y a pas un parti qui a plus de conseillers sur l'arène national que le RDIG. Cela prouve à suffisance notre ancrage national.
Après tout cela, le président Alpha Condé a retenté une fois de plus en me désignant candidat du RPG à Guékédou. Je suis allé vers lui pour lui dire merci pour la confiance mais que je ne pouvais pas être le candidat du RPG à Guékédou parce que j'ai un parti politique et que j'avais une liste que je devais présenter. Après lui avoir dit cela, il a piqué une colère en me disant si je refuse d'être le candidat du RPG et que je me présente comme candidat du RDIG qu'il allait me combattre. Je lui ai répondu que le terrain allait commander. Il m'a dit ouvertement qu'il va me combattre. Ensuite, je lui ai dit : "monsieur le président je suis sûr de quelque chose, s'il n'y a pas de vol, je vous bats à Guéckédou". Il a répondu : "Qui va voler ?" J'ai dit : "Je ne sais pas". C'est sur ces mots qu'on s'était séparé ce jour.
Maintenant, la goutte d'eau qui a fait déborder le vase, c'est quand il y avait lieu de choisir les représentants au CNT. Contre tout attente, le RPG a pris deux (2) et les alliés deux (2). Mais avec mon implication, nous (les alliés) avions eu trois (3). J'ai été surpris de constater que les partis qui sont sur la liste du RPG, qui ne sont rien sur le terrain à mes yeux, se sont procurés les places de choix. J'ai vu dans ça un mépris.
Vous dites également que lorsque vous étiez ministre, vous aviez été victime de harcèlement. De la part de qui ?
Pour ma position, le Président Alpha Condé et le RPG me harcelaient. C'est à cause de ce harcèlement que j'avais décidé de me rendre à Guékédou et à Kissidougou et quelques préfectures pour envoyer des messages pour qu'il y ait des démissions collectives au sein de mon parti, le RDIG. Toutes ces démissions étaient fabriquées par moi-même pour faire plaisir au RPG, comme ce qu'il voulait alors qu’en réalité, c’était des démissions de façade. Si les cadres du RDIG refusaient de rejoindre le RPG, on allait les débarquer de leurs postes. Maintenant, au lieu qu'ils soient débarqués de leurs postes alors que ce sont des pauvres personnes et des pères de famille, moi je leur ai demandé de faire des démissions collectives. Mais au fond, on était ensemble.
M. Teliano pourquoi c’est maintenant que vous faites toutes ces révélations maintenant ?
J'ai fait ces révélations avant que Alpha Condé ne quitte le pouvoir. Mais j'ai accompagné le RPG jusqu'à ce stade.
Quel est le prochain objectif ?
La mission du RDIG, c'est de mobilier la troupe, affûter les armes pour les prochaines élections.
Doit-on s’attendre à un come-back aux côtés de Cellou Dalein Diallo qui dirige l’ANAD ?
C'est l'assemblée générale du RDIG qui va nous définir ça. En attendant, je remercie les militants et sympathisants du RDIG. Je leur demande de se remobiliser et de croire en moi, croire au RDIG, et croire à notre projet de société.
Interview réalisée par Oumar Bady Diallo
Pour Africaguinee.com
Tél. : (00224) 666 134 023
Créé le 4 décembre 2021 17:55Nous vous proposons aussi
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