Bah Oury prévient : « Une transition au-delà de 30 mois risque d’être désastreuse… »

Bah Oury

CONAKRY-Alors que le flou continue d’entourer la durée de la Transition plus de deux mois après le coup d’Etat, Bah Oury a fait un avertissement. Le leader du parti UDRG prévient qu’une transition qui va au-delà de 30 mois risque d’être désastreuse. Interrogé par Africaguinee.com, l’homme politique s’est aussi exprimé sur les récentes sanctions américaines contre la Guinée.


 

AFRICAGUINEE.COM : Vous estimez qu’une transition qui dure est un danger pour elle-même. Pourquoi ?

BAH OURY : En chaque chose il faut avoir sa durée optimale. La durée optimale de la transition guinéenne en ce qui concerne les grandes tâches qui lui sont dévolues, comme nous l'avons indiqué, c’est la remise en l'état des lois de la République à travers un mode référendaire pour adopter la constitution.  Le deuxième aspect qui est essentiel pour la suite de la refondation de l'Etat, c'est le recensement de la population tant à l'intérieur qu'à l'extérieur.  Et sur cette base, extraire le fichier électoral. Cela permettrait d'avoir à la fois deux choses : un élément pour l'organisation des élections et un élément pour la gestion et la gouvernance future de la République de Guinée.

Le fichier électoral qui sera adossé à la délivrance des cartes d'identité et des cartes d'électeurs digitalisées, est un excellent moyen pour la gouvernance future de la Guinée. Sans quoi tout ce qui sera fait sera vu de manière parcellaire avec des handicapes qui risquent de reproduire les mêmes effets que nous déplorons et que nous avons déploré durant plusieurs années. C'est extrêmement important que cela soit fait et que les élections suivent la procédure de la base au sommet.

Cela ne peut pas se faire en 12, 15, 18 mois. On peut faire correctement ce travail sans se précipiter, mais sans aussi traîner les pieds. Pour cela, il faut prioriser 24 à 30 mois. Maintenant si vous voulez avoir une transition qui va au-delà de cette période, c'est-à-dire 3 ans, 4 ans voire plus, cela veut dire que vous vous engagez dans une voie qui risque d'être désastreuse pour la transition elle-même.

Les Etats-Unis vont suspendre la Guinée de l’AGOA (African Growth and Opportunity Ac) en janvier 2022. Quelle est votre réaction ?

C'est vraiment regrettable qu'il en soit ainsi. J'espère, si ce n'est pas trop tard, que les autorités de la transition prennent une mesure suffisamment forte, pour persuader les autorités américaines, de renoncer à cette décision contre notre pays. D'autant plus que c'est le fait d'un putsch qui a mis de côté un régime qui était déjà condamné par les autorités américaines.  Parce qu'il faut le rappeler, la Guinée n'a pas été éligible au Millenium challenge qui était aussi un programme très important pour les pays en voie de développement pour la réduction contre la pauvreté.

La Guinée n'était pas éligible du fait des récurrentes violations des droits de l'homme et de la mauvaise gouvernance. Et si maintenant des nouvelles autorités qui entendent remettre la Guinée sur les rails sont sanctionnées pour des faits qui devraient être prohibés, c'est comme si on sanctionne des gens qui veulent bien faire.  Alors qu'ils ne sont pas responsables de la situation qui s'est fortement détériorée.

En d'autres termes, la Guinée a besoin d'être accompagnée dans un élan de démocratisation et de remise en force des institutions qui permettront d'assurer la stabilité, une meilleure gouvernance. La rectification institutionnelle du 5 septembre jusqu'à preuve du contraire va dans ce sens. Donc, mettre la Guinée dans le même panier des pays comme l'Éthiopie qui est en proie à une guerre civile meurtrière et le Mali qui est dans une situation que je préfère ne pas qualifier, ce serait injuste aux regards des sacrifices que la population guinéenne a consentis.

Si nous ne sommes plus éligibles, c'est le secteur privé guinéen qui a été fortement affecté par la pandémie de COVID-19 et par la mauvaise gouvernance ambiante durant c'est 10 dernières années, qui risque d'être pénalisé pour des faits qui sont de nature à remettre la Guinée dans la bonne direction.

Il faudrait convaincre les autorités américaines que nous faire perdre le bénéfice de l’AGOHA est un mauvais signal contre des gens qui veulent aller dans le sens de la démocratisation et de la stabilisation de notre pays.

Salon vous quel langage que la diplomatie guinéenne devrait-elle employer pour convaincre Washington de revenir sur cette décision ?

Déjà l'ancien dossier concernant les violations des droits de l'homme est connu. Et puis il faut mettre en exergue la manière dont un coup d'État institutionnel a été organisé en mars 2020. Il faut que les gens se rendent compte que la Guinée n'avait pas réellement de constitution au lendemain de mars 2020 puisque le projet de loi, la loi fondamentale qui était proposé n'a pas été celui qui a été promulgué après le "référendum". Donc, c'est dans un vide constitutionnel que la Guinée a vécu de mars 2020 au 5 septembre 2021. Il faut expliciter cela avec la forte violation des droits de l'homme et tout ce qui a été versé comme sang, les emprisonnements, des restrictions des libertés, les fermetures des frontières pendant plus d'un an.  Tout cela ce sont des choses qui ont existé.

Maintenant, la rectification institutionnelle du 5 septembre 2021 a permis de remettre en force des dispositions qui permettent à la population de vaquer à leurs occupations, la réouverture des frontières avec les pays limitrophes, la libération des détenus politiques, la réhabilitation mémorielle des figures historiques qui ont été humiliées, bannies par le passé, le fait de rendre hommage aux victimes du 28 septembre 2009, aux personnes tombées durant les répressions qui ont jalonné le pouvoir de monsieur Alpha Condé, tout ça ce sont des actes forts qui doivent être accompagnés par les démocraties sur le plan international.

Il faut les mettre en relief pour que les gens se rendent compte que ce n'est pas un putsch pour putsch mais c'est une libération d'un peuple qui pendant ces dernières années était fortement opprimé par un régime qui n'avait plus de l'égard pour sa population.

Oumar Bady Diallo

Pour Africaguinee.com

Créé le 13 novembre 2021 14:05

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