Alpha Bacar Barry : « On ne peut pas construire un pays sans une main-d’œuvre qualifiée… «

CONAKRY- Le Ministre de l'Enseignement technique et de la formation Professionnelle a effectué une visite, mercredi 3 novembre 2021, dans plusieurs Centres de formation professionnelle (CFP) de la capitale. L’objectif est d'avoir une idée sur l'état dans lequel se trouvent les établissements visités et s'enquérir des difficultés auxquelles les responsables et élèves sont confrontés.
Accompagné par certains membres de son cabinet, Alpha Bacar Barry a visité respectivement l'Ecole nationale des postes et télécommunications (ENPT), le Centre de formation poste primaire de Kipé, le Centre de formation professionnelle de Ratoma, le Centre national du tourisme et l'hôtellerie de Kipé et le Centre de formation professionnelle de Donka. Au terme de sa visite, le Ministre de l'enseignement Technique et de Formation Professionnelle a dressé son constat peu reluisant de l’état dans lequel se trouvent ces centres.
"C'est à la fois un constat alarmant mais plein d'espoirs. Nous avons vu des écoles qui avaient des infrastructures, mais qui n'ont pas de contenu. Nous avons aussi vu des écoles qui avaient du contenu mais qui n'ont pas d'infrastructures. Nous avons vu des écoles qui sont complètement agressées par des populations et des particuliers. Nous avons vu des étudiants pleins d'espoir, très courageux pour étudier, qui ont envie d'apprendre mais qui sont dans des conditions difficiles. C'est cela qui nous donne de l'espoir. Nous avons vu un personnel enseignant dévoué mais vieillissant, fatigué. Nous avons vu des jeunes qui ont envie de prendre la relève, mais qui ne sont pas bien formés. Nous avons vu des ateliers qui sont équipés, mais qui n'ont pas des matières d'œuvre. Nous avons vu également des matériels qui sont extrêmement vétustes et qui sont très vieux. Nous avons vu des salles de classes qui sont dans un état choquants", a décrit le ministre.
Visiblement très déçu de l'état dans lequel il a trouvé ces infrastructures, Alpha Bacar Barry a annoncé des rencontres avec les cadres de son département très rapidement pour trouver des solutions dans les prochains mois.
"Nous allons nous retrouver très prochainement pour voir qu'est-ce que nous pouvons faire dans certains cas et dans d'autres cas comment on peut appeler à un sursaut national parce qu'on ne peut construire un pays si on n'a pas de mains d'œuvres qualifiées. Nous sommes passés dans les écoles pour former une main d'œuvres qualifiée. Et il va falloir un peu plus que ce que nous avons vu. C’est sur ça que nous allons travailler dans les prochains mois", a annoncé Alpha Bacar Barry.
Les responsables des différents centres visités ont énuméré une série de manquements. Le directeur du Centre de formation professionnelle de Ratoma, a expliqué les difficultés auxquelles son établissement est confronté.
"Nous avons d'énormes difficultés. La première c'est les infrastructures. Nos infrastructures sont vétustes. Nous sommes en manque d'équipements et de mobiliers. Nous sommes également en manque de personnel. Le personnel enseignant que nous avons est vieux, beaucoup sont décédés, certains sont affectés ou retraités et d'autres sont malades donc invalides. En plus, il y a une occupation anarchique de notre site par des particuliers qui ont érigé des maquis, des cabarets, des garagiste… Tout cet arsenal que vous voyez autour nous a été imposé. A chaque fois que nous essayons de les déguerpir, ils nous disent qu'ils sont installés par la commune et autres. Nous avons écrit plusieurs fois à notre autorité et nous attendons toujours. Si on réussit à faire déguerpir ceux-ci, la concession scolaire d'ici a, au moins, une superficie de 9 hectares. Cela veut dire que nous avons la possibilité de faire construire ici plus de 5 grandes écoles d'enseignement technique", a expliqué Elhadj Abdoulaye Guissé.
Devant le ministre, le directeur de l'Ecole nationale des postes et télécommunications de Kipé (ENPT) a aussi énuméré les difficultés auxquelles son centre est confronté. "Notre principale difficulté est le fait que le domaine de l'école est exiguë si bien que pratiquement nous n'avons pas où faire des travaux pratiques pour notre filière réseau. C'est un risque que nous avons pour fermer la filière. En plus, il n'y a aucun équipement au niveau de l'école pour nous permettre de faire des travaux pratiques. Donc tous les travaux pratiques que nous devions faire ici nous ne pouvons pas les faire par manque d'équipements", a souligné Mamadou Cellou Souaré.
Le Centre de formation professionnelle de Donka se trouve dans un état piteux. Le directeur Mamady Keita a indiqué avoir cherché à le rénover, mais en vain.
"Nous travaillons dans des conditions très difficiles. La subvention annuelle qui varie entre 40 à 50 millions gnf que l'Etat nous envoie ne suffit pas. Depuis plus de 5 ans, notre souci c'est la rénovation de cette école"
Au Centre de formation professionnelle de Donka, le constat est beaucoup plus alarmant. En plus de la dégradation des bâtiments, les apprenants utilisent des machines vétustes. Certains outils d’apprentissage ont été installés depuis la première République.
"Nous n'avons pas la matière première pour faire nos cours pratiques. En plus, quand nos professeurs envoient un devis à la direction, l'Etat envoie l'argent pour qu'on puisse acheter les matériels mais on ne voit pas l'argent. Nous souffrons ici énormément, nous ne sommes pas dans les bonnes conditions pour apprendre", a dénoncé un élève sous anonymat.
Oumar Bady Diallo
Pour Africaguinee.com
Tel : (00224) 666 134 023
Créé le 4 novembre 2021 02:31Nous vous proposons aussi
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