Dr. Fodé Oussou se confie : « Quand des ressortissants du foutah ont été chassés… »

CONAKRY- C’est un pan de l’histoire politique tumultueuse de la Guinée que Dr. Fodé Oussou Fofana vient de soulever. L’entre deux tours de la présidentielle de 2010 marqué par des violences. Dans cette dernière partie de l’interview qu’il a accordée à notre rédaction, le vice-président de l’Union des forces Démocratiques de Guinée, aborde plusieurs autres sujets d’actualités. Notamment la durée de la Transition, la nomination partielle du Gouvernement. L’acteur politique prône la réconciliation et demande aux guinéens de respecter les choix du CNRD dont les membres ont, selon lui, eu le courage de débarrasser la Guinée d’un dictateur.
AFRICAGUINEE.COM : L’UFDG a proposé 15 mois pour la durée de transition, tandis que d’autres formations politique proposent plus. Est-ce que ces divergences ne risquent pas de fragiliser la classe politique face à la junte ?
DR. FODÉ OUSSOU FOFANA : Non pas du tout ! Nous avons fait des propositions à des gens réfléchis que sont les membres du CNRD. Au niveau de l’ANAD et de l’UFDG, nous avons étudié les éléments de la transition, nous les avons mis dans une feuille de calcul et nous avons proposé 15 mois. Nous n’avons pas dit qu’il faut absolument quinze mois, le CNRD va faire l’arbitrage et ils vont décider du temps de la transition. Toutefois, il faut dire que d’expérience, on sait que quand la transition est courte, elle devient plus efficace et quand elle est longue elle devient source de problèmes. Nous souhaitons que la transition soit la plus courte possible pour que la Guinée revienne à l’ordre constitutionnel. Mais il y a certains partis politiques qui peuvent proposer jusqu’à dix ans. Ce sont des gens qui ne sont prêts à aller à une élection parce qu’ils n’ont pas de base et ne peuvent pas mobiliser.
A qui faites-vous allusion ?
La Guinée est le seul pays où on est capable de dire que le simple fait d’avoir un agrément suffit pour se considérer égal aux autres partis politiques, sans même prendre part à une élection. On ne tient compte de rien. Quelqu’un qui n’a ni siège, ni de militants et qui n’a participé à aucune élection majeure et lorsqu’on invite les partis politiques, il vient. Il revient au CNRD de tirer les conclusions.
Que pensez-vous de ces nominations au compte-goutte du colonel Mamadi Doumbouya ?
Ce qu’il faut dire, ce que les partis politiques n’ont pas été consultés pour rentrer dans le gouvernement. C’est une bonne chose. Comme il l’a dit : aucun membre du gouvernement, ni du CNT, à commencer d’ailleurs par lui, ne sera candidat à aucune élection en Guinée. C’est une bonne chose que les politiques soient en dehors du Gouvernement. Maintenant le fait que les politiques ne soient pas là, cela veut dire que les partis politiques sont sur le même pied d’égalité. Donc la lutte sera neutre, nous avons confiance au CNRD. Ce sont des gens qui veulent mettre les institutions en place pour s’occuper de ce qu’ils savent bien faire. Les militaires savent quel est leur rôle principal (…), ils ne sont pas des politiciens et ils vont organiser des élections et partir.
Maintenant, personne ne peut être contre la façon de nommer les ministres. Ce qui est important, c’est d’avoir un gouvernement. Ils ont le droit de vérifier, de sélectionner et de discuter avec les gens afin de procéder aux nominations. Pourquoi être pressé d’avoir les noms des membres du gouvernement quand on n’est pas concerné ? S’ils prennent du temps, c’est parce qu’ils veulent faire un bon travail. C’est comme cela que je comprends les choses. Le fait d’accepter d’être ministre, c’est un énorme sacrifice. Parce que tu ne seras plus député ou candidat à une élection présidentielle. Ceci est un sacrifice énorme que les gens ne comprennent pas. Les guinéens aiment trop faire des critiques même pour des choses qui n’ont aucune importance.
Quel est mot de la fin ?
Je dirais à tout le monde de respecter le choix des membres du CNRD. Ces gens ont eu le courage d’aller affronter un dictateur et son clan pour nous sortir de cette situation. Ils ont su donner la liberté aux guinéens, de donner la possibilité aux guinéens d’être réconciliés, de dire que la justice sera la boussole qui va guider tout le monde. Aujourd’hui en tant qu’UFDG, nous sommes désormais libres de nos mouvements. La preuve : je viens de rentrer de l’extérieur pour des soins et le président Cellou est en tournée. Nous demandons donc à nos militants de pardonner ce qui s’est passé, nous leur demandons de ne pas se venger, nous les exhortons de se battre par tous les moyens pour que ce pays soit un pays démocratique.
En tant que vice-président de l’Ufdg, je réitère que les portes du parti sont ouvertes à tous les guinéens sans exception. Tous ceux qui pensent qu’ils peuvent venir chez nous pour qu’on se mettent ensemble pour réconcilier les guinéens, sortir ce pays de la situation de précarité en mettant les guinéens au travail, ils sont les bienvenus. Les portes de ce parti leur sont grandement ouvertes.
Nous n’avons pas d’ennemis, le seul adversaire qu’on avait, c’est Alpha Condé et son clan. Même les militants du RPG ne sont pas nos adversaires. On ne peut pas juger un militant de ce parti par le comportement et l’attitude qu’Alpha Condé a eu à notre égard. Ils ne sont pas responsables et doivent pas payer pour le comportement de M. Alpha Condé. C’est lui qui était le président, il est le seul responsable de tout ce qui s’est passé dans le pays. Ce pays-là a trop souffert et désormais il doit aller de l’avant.
Je rappelle qu’en 2010, lorsque nous devions aller en Haute et Moyenne Guinée pour prôner la paix au lendemain de la fameuse affaire empoisonnement de l’eau, en compagnie du président Dalein et Alpha Condé, c’est Alpha qui avait refusé de venir prétextant que ses militants n’étaient pas d’accord. Nous étions à l’aviation-militaire pour nous embarquer en compagnie du Général Sékouba Konaté, mais Alpha Condé a refusé de nous rejoindre.
Quand il y a eu les attaques contre les ressortissants de la moyenne Guinée dans les villes de Siguiri, Kouroussa et autres, Cellou Dalein a posé un acte que je n’oublierai pas. Il a appelé les gens de Labé, de Mamou et d’autres villes de la moyenne Guinée pour leur demander de ne pas se venger sur nos compatriotes malinkés. Il a indiqué qu’il ne faut pas juger le comportement d’un malinké qui est à Labé par celui d’un ressortissant malinké de Kankan. Cellou Dalein a posé cet acte, j’étais présent puisque j’étais son directeur de campagne. Donc, il faut qu’on permette à ce pays d’aller de l’avant.
Bah Boubacar Loudah
Pour Africaguinee.com
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Créé le 30 octobre 2021 17:19
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