Téliano fait des révélations : « A notre dernière réunion avec Alpha Condé au Palais… »

Jean Marc Teliano, leader du RDIG

CONAKRY- « On avait conseillé le président Alpha Condé d’aller se recueillir à Bambéto mais il n’a pas voulu ». C’est une confidence de Jean Marc Téliano, ancien allié du RPG. Dans un entretien accordé mardi 28 septembre 21, à Africaguinee.com, le leader du parti Rassemblement pour le Développement intégré de Guinée (RDIG) révèle que deux mois avant sa chute, Alpha Condé avait tenu une grande réunion au Palais Sékhoutouryah. Une réunion à laquelle avaient pris part tous les piliers du régime. Histoire de trouver des moyens pour sensibiliser les populations sur l’augmentation du carburant. Qu’est-ce qui s’était passé lors de cette réunion ?  L’ancien député fait des révélations.


 

AFRICAGUINEE.COM : Comment avez-vous accueilli la décision de la junte de baisser le prix du carburant ?

JEAN MARC TELIANO : Avant de rentrer dans le vif du sujet, je dois d’abord faire un rappel. Ceci est très important. Dans la deuxième quinzaine du mois de juin dernier, il y a eu une importante réunion qui a été convoquée au palais Sékhoutouréyah sous la houlette de l’ancien président Alpha Condé. Moi j’ai été convié par lui-même. D’ailleurs, il m’invitait à toutes les réunions qu’il organise. Cela ne plaisait pas à tout les membres de son entourage. Parmi les ministres d’Etat, le premier ministre ou le président de l’Assemblée Nationale, j’étais le seul électron libre.

Sur quoi portait cette réunion ?

C’était autour de l’augmentation du carburant pour qu’on aille vers les populations afin de les sensibiliser. J’ai rétorqué et leur a dit que moi je ne pouvais pas y participer. J’ai carrément indiqué que je ne pouvais pas aller vers les populations pour leur dire que le carburant va augmenter à 10 ou à 15 mille. La raison était toute simple : La population souffre et je ne voulais pas être utilisé comme bouclier. On a demandé au peuple de serrer la ceinture jusqu’à ce qu’elle se coupe. Ce jour-là, j’ai subi la colère du président Alpha Condé (…), il a parlé une heure d’horloge. Ma réponse a été, M. le président j’assume mes propos. C’est la dernière d’ailleurs qu’il a tenu avant qu’il ne soit renversé. J’étais le seul qui avait pris le contrepied.

Comment s’était passé cette entrevue ?

Lorsque Kassory et le président du parlement ont pris la parole, ils n’ont fait que des éloges du président de la république. Ils ont contourné la vérité pour dire des choses afin de se faire plaire au président. C’est après quatre heures d’horloge que j’ai eu la parole, c’est-à-dire à 14 heures (…).

Lorsque je me suis adressé au chef de l’Etat, je lui ai dit avec tout le respect dû à leur rang qu’ils lui racontaient des contrevérités. J’ai dit au président que le peuple n’est pas content. Je lui ai dit qu’il était prématuré d’augmenter le carburant. Le premier ministre et le président de l’Assemblée sont allés jusqu’à lui dire que le peuple est préparé à cela. J’avais rétorqué qu’ils étaient en train de lui mentir. Je vous dis qu’aujourd’hui qu’ils avaient prévu d’augmenter le litre à hauteur à hauteur de 15 mille au lieu de 11 mille gnf.

A l’époque je leur ai expliqué que nous sommes en contact permanent avec ceux qui vivent dans les quartiers. Je suis allé jusqu’à dire au président lors de cette réunion que j’étais le seul à avoir été député et ministre et d’approuver les arguments que j’étais en train de lui avancer. J’ai ajouté que ceux ont parlé avaient peur de lui dire la vérité au risque de perdre leur poste. Il y a encore des témoins oculaires. Vous pouvez demander Tibou et autres. Je me rappelle ce jour, certains qui étaient sur place ont reconnu que j’ai été très courageux. Je leur ai indiqué qu’il ne fallait pas mentir au président.

J’ai rappelé à l’assistance et au chef de l’Etat d’alors que c’est une ‘’miche de pain’’ qui a fait partir le président Soudanais de l’époque, Oumar El Bechir. Je les ai avertis en disant que les remous sociaux ont toujours mené au débarquement à la tête de l’Etat.  Ensuite j’ai conseillé qu’on repousse cette échéance afin de savoir comment soulager les attentes des populations. Aussi, j’avais martelé qu’il était très mal vu que ce soit le chef de l’Etat qui soit le distributeur des budgets des départements. Mais on ne m’a pas écouté. Aujourd’hui regardez les actes que le CNRD est en train de poser qui sont salués par tout le monde. Ils ont baissé le carburant, libéré les prisonniers, est-ce que cela a changé quelque chose ? NON. Au contraire, ils sont applaudis. Avec des actes salutaires comme ceux qui sont en train d’être posés, dites-moi comment ne va-t-il pas avoir l’adhésion de tout le peuple ? Il aura cette adhésion.

Je vais vous faire une confidence : j’avais même proposé à Alpha Condé d’aller au cimetière de Bambeto. On l’avait conseillé d’aller se recueillir là-bas parce ce sont des guinéens qui sont couchés là. Un cimetière qui à un moment donné ils ont voulu détruire. Ce sont des actes qui allaient le grandir. Mais nous n’avons pas été écouté.

Il pouvait éviter ce qui s’est passé. C’est tout comme un mari jaloux qui a une femme infidèle dont l’amant est connu de tout le monde sauf lui le mari. Aujourd’hui, l’appel que je lance à tout le peuple de Guinée, c’est d’accompagner cette junte.

La junte a publié la charte de la transition. Pour la composition du CNT (conseil national de transition), 15 places reviennent à l’opposition. Selon vous comment les partager ?

A mon avis, il faut qu’ils mettent des critères de sélections dans le choix des partis devant siéger au CNT. Parce que si on regarde aujourd’hui, Il y a 250 partis politiques en Guinée. On peut mettre comme critère, les partis qui ont participé à au moins à deux élections majeures. Dès que ce critère est acquis, il n’y aura moins de partis et on aura une visibilité. Parce que n’est pas leader politique ou parti politique qui le veut. Ceci n’est pas une exclusion. Les partis qui siègeront auraient mériter.

Je dois préciser qu’en ce qui me concerne, je ne suis pas intéressé par un poste au sein du CNT ou dans le gouvernement de transition. Toutefois, mon parti le RDIG peut jouer sa partition parce que nous avons quand-même participé à toutes les élections majeures de ces 11 dernières années.

Vous dites que n’êtes pas intéressé par un Gouvernement de transition ?

Non pas du tout, mais mon parti peut participer. Je vais remobiliser ma troupe pour les échéances futures.

 

Bah Boubacar Loudah

Pour Africaguinee.com

Tel : (00224) 655 311 113

Créé le 29 septembre 2021 14:59

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