Hadja Barratou Barry : « Comment j’ai perdu ma fille au stade de Conakry… »
Douze ans après le massacre du 28 septembre 2009, les proches et parents des victimes continuent de réclamer justice. Plus de 150 manifestants avaient été tués et une centaine de femmes violées au stade Conakry. Parmi les victimes de ces atrocités, Hawa Diallo. Nous avons rencontré Hadja Fatoumata Barratou BARRY, sa mère.
Hawa Diallo était à la dernière année de ses études universitaires. Elle a croisé le destin le 28 septembre 2009, de manière tragique. Hadja Fatoumata Barratou Barry a encore du mal à s’en remettre. Elle témoigne.
« Ma fille était mariée et vivait à Conakry. Elle m'a appelé ce jour-là vers midi, pour me dire que la marche a commencé et qu'elle allait vers le stade. J'ai dit d’accord. Elle marchait, j’entendais ses pas. Je lui ai dit de retourner et de ne pas participer à ça. Elle a dit qu'elle ne dépassera pas Commandanya. J'ai dit d’accord. Quand elle est partie, elle a rencontré une de ses amies là-bas. C'est celle-là qui l’a encouragé de continuer jusqu’au stade. C'est comme ça qu'elle est partie », se souvient Hadja Barratou vivant dans la communauté à Mamou.
N'ayant pas eu les nouvelles de sa fille dans la nuit du 28 septembre, la septuagénaire tente en vain son numéro le lendemain. « Je l’ai appelé, mais ça n’a pas passé. Alors, j'ai appelé son mari. Lui, il avait su mais, il hésitait de me le dire. Il a fini par le faire et c'est comme ça que ma fille a été tuée. C'est quand les corps ont été envoyés à Fayçal que mes frères et sœurs qui sont à Conakry ainsi que son mari ont retrouvé son corps. Ils ont récupéré son corps et elle a été enterrée dans le quartier Hafia. Depuis cette date, on ne nous a rien dit. Un jour, on nous a appelé à la radio GPP pour nous dire que des gens sont venus des États-Unis pour ça. On a été là-bas, on a rencontré la femme qui était venue pour la cause. Elle nous a dit qu'elle suivra le dossier. On l'a même donné de l'argent, une fois, on était nombreux ce jour. Ils avaient promis de retrouver les auteurs. On a dit d’accord. Mais jusqu'à présent rien.
Je demande aux autorités de faire des enquêtes. Ma fille avait laissé une fillette d'un an. Actuellement elle a 13 ans. Ils n'ont qu'à nous aider à s'occuper d’elle. J'ai sa nostalgie. Tout le monde l'aimait. Elle n'a fait du mal à personne. Tout le monde a pleuré son décès à Mamou. Elle était chez son mari et elle n'a jamais eu de problème à l'école. C'est après l’obtention de son bac qu'elle est partie à Conakry pour faire l'université. Elle était en classe de 4e année. Elle m'avait dit de rester avec son bébé pour qu'elle puisse finir. C'est mon homonyme d'ailleurs. On est sous le choc. Car, un jugement n'a pas encore eu lieu. On voulait savoir qui a fait quoi dans cette affaire », témoigne cette mère qui continue de pleurer sa fille.
Habib Samaké
Pour Africaguinee.com
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