Maison centrale : l’histoire « déchirante » d’Ibrahim, détenu avec ses « blessures par balle »…

Ibrahima Diallo

CONAKRY- Âgé d’une vingtaine d’années, Ibrahima Diallo est un jeune dont la vie a basculé au lendemain de la présidentielle d'octobre de l'an dernier. Il avait reçu une balle le 22 octobre 2020 à Baïlobayah, soit 5 jours après l’élection présidentielle, selon ses proches. Malgré ses blessures par arme létale, ce jeune avait été arrêté puis conduit à la maison centrale de Conakry.


Dix (10) mois après son arrestation, il continue de croupir en prison avec ses blessures et attend désespérément l’annonce de la date de son procès. Ses parents ne savent plus quoi faire, alors que sa femme qu’il avait laissé enceinte, vient d’accoucher une fille. Ils plaident pour une libération provisoire en sa faveur en attendant l'ouverture du procès, pour lui permettre de se faire soigner. 

Fatoumata Baninkè Diallo est la mère adoptive de Ibrahima Diallo. Aujourd’hui dans la détresse, cette pauvre dame que nous avons interrogée nous a expliqué dans quelles circonstances son fils a été blessé par balle puis arrêté lors des violences post-électorales qui avaient endeuillé des dizaines des familles à travers le pays.

"Le jeudi 22 octobre 2020, il était sorti acheter du pain mais malheureusement pour lui, il a rencontré des agents de sécurité qui pourchassaient des manifestants qui étaient sur la route. Dans la débandade, alors que les agents tiraient du gaz lacrymogène pour les disperser, lui il a reçu une balle au niveau de sa cheville et il a eu une fracture. C’est les mêmes agents qui ont tiré sur Ibrahima Diallo qui l’ont aussi transporté à l’hôpital. Arrivée à Ignace Deen, les agents lui ont demandé de leur donner le contact de sa famille. Ils nous ont informé. Dès qu’on m’a informé, je me suis rendue à l’hôpital. Mais une fois sur place, j’ai trouvé 5 agents à côté de lui et qui le surveillaient. Ils m’ont bloqué à la porte. Entre temps, mon fils m’a appelé pour dire : « maman venez m’aider, ces gens ont tiré sur mon pied mais ils n’acceptent personne s’approcher de moi ». 

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C’est ainsi que j’ai forcé la situation pour entrer. Je l’ai trouvé dans un état indescriptible. J’ai puisé de l’eau et j’ai appelé un de ses frères qui est venu m’aider à laver le sang sur lui, parce qu’il était ensanglanté. Ensuite, ils nous ont demandé de payer de l’argent pour que les médecins puissent s’occuper de son pied. Mais seulement deux semaines après son hospitalisation, ils l’ont envoyé à la Maison Centrale sans qu’il ne soit opéré. Après, on a tout fait pour qu’ils acceptent à ce qu’on le retourne à l’hôpital afin d’opérer sa cheville.

Ils ont fini par accepter à condition que les médecins ne vont pas l’endormir pendant l’opération, qu’ils vont juste utiliser l’anesthésie. Nous n’avions pas le choix, on a accepté pour ne pas qu’il meurt là-bas ou qu’il perde son pied. Ce jour, on l’a envoyé à Ignace Deen à 17h et juste après l’opération on l’a retourné en prison. Difficilement les gardes pénitentiaires acceptaient qu'on le transporte à l'hôpital. Par la grâce de Dieu, son pied commence à guérir, actuellement il marche à l’aide d’un pâton », nous a raconté la mère adoptive de ce prisonnier.

Hamidou Diallo, le père d’Ibrahim que nous avons interrogé, témoigne qu’il a été victime d’attaques deux jours après l’arrestation de son fils. Des agents avaient débarqué chez lui, pour commettre d’autres exactions.

"Après l'arrestation de mon fils le jeudi 22 octobre 2020, le samedi 24 octobre 2020 neuf (9) autres agents armés de fusils et une hache sont venus m'attaquer à mon domicile sous prétexte qu'ils sont venus pour fouiller la maison. Partout où c'était fermé, ils avaient tout gâté, ils avaient emporté tout l'argent qu'on avait, plus 46 millions Gnf, de l’argent qui ne nous appartenait pas. Ce sont des gens qui nous avaient confié pour la construction d'une autre maison. Ils avaient encore pris 6 téléphones avec nous", se souvient le cœur lourd, Hamidou Diallo.

Le père de Ibrahim raconte que lorsque son fils a été blessé, il était obligé de payer pour déplacer l'ambulance de la Maison Centrale pour envoyer son fils à l'hôpital. 

"Chaque déplacement j'ai donnais entre 100 mille Gnf et 150 mille Gnf pour l'ambulance. Je savais qu'on ne devait pas faire cela mais comme moi j'étais dans les besoins, j'étais obligé de payer afin que je puisse soigner mon fils", a-t-il témoigné. 

Quelques jours après l’arrestation de Ibrahim, sa femme est tombée malade. Une fois à l’hôpital, les médecins ont déclaré qu’elle était enceinte. Elle a donné naissance à une fille récemment par césarienne. Mais c'est seulement le vendredi 20 août 2021 que Ibrahim a eu la chance de voir son enfant.

"Nous souffrons énormément. Depuis qu’il a été arrêté, nous avons payé beaucoup d’argents. Nous avons financé l’opération de son pied, nous avons financé la césarienne de sa femme et le baptême de sa fille, plus maintenant les autres dépenses liées aux frais médicaux, le transport, le manger et autres. Mais maintenant nous n’avons plus de moyens. Nous demandons aux autorités de libérer Ibrahima Diallo pour qu’il puisse se soigner en attendant le début de son procès", plaide la mère de Ibrahima Diallo.

 

Oumar Bady Diallo 

Pour Africaguinee.com 

Tél. : (00224) 666 134 023

Créé le 30 août 2021 03:54

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