Diminution du salaire des fonctionnaires : le syndicat se divise, l’épouvantail d’une grève plane…
CONAKRY-La baisse annoncée du salaire des fonctionnaires ne fait pas l'unanimité au sein du mouvement syndical guinéen. Alors que l'Etat entend prélever à partir de ce mois d'août 5% sur le salaire des fonctionnaires, conformément à article 63 de la loi L 0027 du 07 juin 2019 portant Statut Général des Agents de l'Etat, les syndicats restent divisés sur la question. Si certains saluent une avancée significative au bénefice de la classe ouvrière, d'autres sont mécontents et indiquent qu'ils s'attendaient plutôt de la part de l'Etat, à des mesures d'accompagnements suite à la hausse des prix du carburant.
Au rang des mécontents, le syndicat national de l’éducation (SNE). Le leader de cette structure syndicale interrogé par un journaliste d’Africaguinee.com a fustigé l’attitude du Gouvernement et de certains dirigeants syndicaux qu’il qualifie d’alimentaires.
« Le syndicat national de l’éducation a appris le prélèvement à hauteur de 5% sur le salaire des fonctionnaires, au titre de la cotisation sociale des agents de l’Etat pour l’assurance maladie obligatoire. Nous l’avons appris avec une très grande surprise d’autant plus que la cotisation sociale dans le domaine de la prise en charge n’est pas expliquée. Or, tout projet social ne serait-ce que sanitaire, a besoin d’une large campagne d’explication, d’information et de sensibilisation. Ce n’est pas parce que nous sommes opposés à l’assurance maladie obligatoire des fonctionnaires. Il n’y a que des syndicalistes qu’on appelle les plus représentatifs comme la CNTG, l’USTG et le SLECG d’Aboubacar Soumah qui sont à l’origine de ce prélèvement sans pour autant expliquer aux enseignants, aux fonctionnaires de façon claire qu’est-ce que l’INAMO ? Quels sont les hôpitaux publics dignes de nom qui permettraient à un enseignant situé dans un village, un district de pouvoir se faire soigner ? Nous pensons que c’est très prématuré d'entamer le prélèvement. Et on s’interroge pourquoi maintenant là ?
Nous disons haut et fort aux organisations sociales impliquées dans cette situation de savoir raison gardée puisque nous les soupçonnons de défendre leurs intérêts personnels dans les institutions sociales que sont : la caisse nationale de sécurité sociale, la caisse nationale de prévoyance des agents de l’Etat, l’institut national d’assurance maladie obligatoire, le conseil économique social, culturel et environnemental. Ce sont ces leaders syndicaux qui y sont. Ils préfèrent garder leurs postes-là et regarder les travailleurs croupir dans la misère. Sinon pour des syndicalistes sérieux, professionnels, à partir de moment où l’Etat a augmenté le prix de l’essence à la pompe et que cela ait une incidence sur le transport, le loyer, le panier de la ménagère, il fallait se lever ensemble pour amener le Gouvernement à apporter des mesures d’accompagnement pour soulager le travailleur. Mais on ne fait pas cela. C’est au mois d’août qu’on appelle la période de soudure que ces syndicalistes acceptent qu’on défalque le salaire des fonctionnaires. Quel est le côté social de cette démarche syndicale ? Comment peuvent-ils accepter ce prélèvement de 5% pendant cette période de soudure où les travailleurs sont criblés des dettes ? C'est pour enfoncer ces travailleurs dans la plus grande précarité sous prétexte qu’on veut les soigner.
Lire aussi-"Baisse" annoncée du salaire des fonctionnaires : la position d'Aboubacar Soumah…
Nous ne sommes pas opposés à l’opérationnalisation de l’institut national d’assurance maladie obligatoire mais nous pensons qu’il y a des préalables qu’il va falloir remplir d’abord. C’est une large campagne de communication, d’information et de sensibilisation de tous les travailleurs pour recueillir leur avis consultatif. Mais on ne peut pas prendre une décision à la soviétique, que nous considérons comme une provocation, et qui n’est pas de nature à créer un climat de stabilité à l’ouverture prochaine. Donc, nous invitons les enseignants à rester vigilants, sereins, calme et mobilisés.
Nous allons engager des rencontres avec le Gouvernement pour lui signifier notre désapprobation, pas par rapport à l’INAMO, mais par rapport à sa façon de faire. Nous interpellons aussi le Président de la République à se méfier des syndicalistes alimentaires qui ne sont pas en train de l’aider. Qu’il prenne l’exemple sur le syndicat des transporteurs qui a été désavoué par les chauffeurs qui ont imposé leurs prix sur le transport.
Lire aussi-Guinée : les fonctionnaires vont connaître une baisse de leur salaire…
Nous avons nos portes ouvertes pour des concertations, sensibilisation pour faire en sorte que cette année scolaire qui s’ouvre, ne soit pas encore perturbée. Ils pensent que c’est pendant les vacances qu’il faut faire tout cela alors que les vacances ne vont pas être éternelles. Les écoles vont ouvrir et les enseignants vont s’abstenir d’aller à l’école. Nous avons des soldats, ce sont les parents d’élèves, les élèves, les étudiants et les enseignants. Tous les secrétaires généraux des fédérations syndicales de l’intérieur qui ne sont pas impliquées dans cette arnaque qui ne dit pas son nom, se rencontreront la semaine prochaine pour établir la conduite à suivre jusqu’à l’aboutissement heureux de cette crise. A défaut, nous utiliserons tous les moyens légaux à notre disposition pour nous faire entendre et bien entendu, pourquoi pas le refus pour les enseignants d’accepter d’aller à la rentrée prochaine. Et si jamais, au mois de septembre on touche un franc sans la possibilité de faire adhérer les enseignants à cette cotisation sociale, alors nous allons lancer le mot d’ordre de grève sur toute l’étendue du territoire » a averti Michel Pépé Balamou, secrétaire général de la SNE.
Si le secrétaire général de la fédération syndicale professionnelle de l’éducation (FSPE) annonce que des consultations sont en cours avec la base afin de définir leur position, Aboubacar Soumah quant à lui a déjà clarifié sa position sur ce sujet.
"Il s'agit d'une cotisation, dans l'intérêt des travailleurs. Parce qu'en cas de maladie, c'est une prise en charge du travailleur et de sa famille. C'est ce qu'on a voulu restaurer en Guinée, nous syndicalistes. Maintenant, si à cause de la circonstance, ou des crises sociales que nous sommes en train de traverser, les gens veulent interpréter ça autrement, ça n'engage que ceux qui le font. En tout cas la base est souveraine", a expliqué Aboubacar Soumah. Amadou Diallo de la CNTG et Abdoulaye Sow de l'USTG, joints par Africaguinee.com, n'ont pour le moment pas commenter le sujet.
Dossier à suivre…
Siddy Koundara Diallo
Pour Africaguinee.com
Tél. : (00224) 664 72 76 28
Créé le 22 août 2021 21:20
Nous vous proposons aussi
TAGS
étiquettes: Fonction publique, Grève