Immersion à Téméssadou : Comment la fièvre hémorragique Marburg est apparue?
GUECKEDOU-Un cas probable de la fièvre hémorragique Marburg, la toute première en Guinée, a été découvert à Tèmèssadou N'bôkêh, un district situé à 50 kilomètres de la commune urbaine de Guéckédou en Guinée forestière. La première victime est un père de famille âgé de 46 ans. Père de 5 enfants, son épouse a pris la fuite après la mort tragique de son mari.
Notre correspondant régional basé à Nzérékoré s'est rendu à Tèmèssadou ce vendredi 06 août. Il a rencontré Sandouno Félix, le chef de poste qui a reçu le malade avant son décès. Selon son témoignage, la victime avait les lèvres rouges, signe de saignement. Cependant il ne savait pas ce qui est à l'origine du saignement. Il est revenu sur ce qui s'est passé.
"Vous savez, quand un malade arrive, il faut faire l'interrogatoire. Quand j'ai demandé, les parents m'ont dit qu'il souffre d'une dépression mentale et qu'il a suivi le traitement durant 6 mois. Quatre (4) jours avant qu'on ne l'amène au poste de santé, il avait commencé à faire des choses comme quelqu'un qui est dérangé. Il ne dormait pas et il était toujours en mouvement (…).
C'est le dimanche 1er août qu'il a commencé à avoir le corps chaud. L'état dans lequel je l'ai vu, m'a fait douter. Donc, j'ai pris des dispositions en même temps pour me protéger. J'ai fait le test TDR qui était positif. Il avait des lèvres rouges. Quand j'ai demandé, on m'a dit qu'il a un problème buccal. Après le traitement, dans l'après-midi, les parents ont sollicité retourner à la maison. Le lendemain qui était lundi, je leur ai dit qu'il est préférable qu'on réfère le malade à Guéckédou, vu son état. Les parents ont informé le malade qui leur a dit de ne pas se précipiter à le référer à Guéckédou. De patienter un peu. Mais ça n'allait vraiment pas.
Le soir vers 21h, j'ai entendu des cris. Le temps pour moi d'aller regarder là-bas, je me suis rencontrer avec le président du district qui me dit que docteur Pascal qui est à Conakry, l'a instruit de ne pas toucher le corps. Parce qu'il saignait par la bouche, c'est très compliqué. Et les parents disaient que pendant qu'il était malade, il cognait sa tête contre le mur. Je ne sais pas si ce sont ces blessures qui ont provoqué ces saignements. Donc, c'est un saignement dont je ne pouvais pas connaitre l'origine. Chose qui m'a poussé à leur dire de le référer. Mais si les parents ou le malade refuse, ça devient compliqué. C'est comme ça, quand l'homme a rendu l'âme, le chef de village m'a dit que son jeune frère qui est à Conakry a dit de faire de la sensibilisation pour que personne ne touche le corps du défunt.
Donc j'ai sensibilisé la communauté. Il était prévu que le lendemain matin qu'une équipe vienne de Guéckédou. Le lendemain, ils sont venus dans l'après-midi. Lorsqu'ils sont arrivés, ils ont enfilé leur combinaison comme d'habitude. Ils ont pulvérisé l'endroit avant de faire le prélèvement du sang et ils se sont retournés. Ils ont promis qu'on allait avoir les résultats à 18h. Ce jour, nous n'avons pas reçu le résultat. Le lendemain aussi la même chose, mais ils nous disaient toujours de garder la porte fermée sans aller là-bas. Donc les gens ont commencé à s'inquiéter", nous a confié M. Sandouno Félix, chef de poste de Tèmèssadou.
Le résultat est positif, c'est la fièvre hémorragique Marburg nous apprend-t-on. 13 premiers contacts ont été enregistrés dans le village, alors que l'épouse du défunt a pris la poudre d'escampette.
"Le résultat, c'est aujourd'hui que nous avons reçu. Ils ont dit que c'est la fièvre hémorragique Marburg. Les contacts sont au nombre de 13 personnes. Ce sont les premiers contacts. Mais certaines personnes ont fui. Notamment sa femme", ajoute le chef de poste.
L'enterrement a eu lieu dans la journée du jeudi 05 août 2021 dans le même village par une équipe de la croix rouge. Une équipe de la direction régionale de la santé de Nzérékoré a été au village en compagnie de la direction préfectorale de la santé de Guéckédou, ce vendredi 06 août pour des investigations.
" Comme le corps avait déjà passé plusieurs jours, nous, on avait déjà creusé la tombe pour attendre l'enterrement. Mais quand ils nous ont dit qu'il y a des gens qui doivent venir de Nzérékoré et de Guéckédou, on était prêt à vider complétement le village, parce qu'il y avait de la crainte. Ils n'allaient trouver personne ici. Mais c'est grâce à la sensibilisation du sous-préfet de Koundou, et du chef de poste que nous autres sommes restés pour accueillir la délégation. Elle vient de retourner", témoigne Faya Moussa Millimono, chef de village de Tèmèssadou N'bôkêh.
Nous y reviendrons…
De retour de Tèmèssadou N'bôkêh
Paul Foromo SAKOUVOGUI pour Africaguinee.com
Tél : (00224) 628 80 17 43
Créé le 7 août 2021 12:31Nous vous proposons aussi
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