Les « révélations choc » d’Assimi Goita : « Comment l’intervention française est survenue au Mali… »
BAMAKO-Le Président de la transition du Mali a fait des révélations, jusque-là, peu connues du grand public, sur l'enlisement de la crise dans le nord Mali. Dans un élément audio, écouté par Africaguinee.com et qui est devenu viral, sur les réseaux sociaux, le Chef d'Etat malien explique l'origine de l'intervention de française au Mali. Il évoque le jeu trouble de la France notamment dans le Nord Mali, Kidal, aujourd'hui sous contrôle de la MINUSMA (Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali). Assimi Goita soutient que Kidal est devenu un Etat dans l'Etat malien, par la complicité de la communauté internationale. Au point qu'aujourd'hui, aucun officiel malien ne peut se rendre dans cette région, sans payer de rançon.
"Il est bon que vous rappelle comment est-ce que l'intervention française est survenue au Mali. Les interventions militaires étrangères respectant la légalité internationale se font suivant les principes de la charte des Nations-Unies. Il y a précisément les articles 51 et 54 qui permettent des interventions étrangères dans un pays. L'article 51 indique clairement que lorsqu'un pays membre des Nations-Unies se trouve en situation de légitime défense, est agressé par d'autres forces militaires extérieures, il peut demander le soutien de la communauté internationale.
Plusieurs pays peuvent se mettre ensemble pour l'aider. C'est dans ce cadre que la MINUSMA (Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali) a été instituée par la résolution 21 00 du 25 avril 2013 pour aller au Nord du Mali combattre la rébellion et le terrorisme. C'est écrit noir sur blanc sur la résolution qui créée la MINUSMA.
Juin 2014, la résolution 21 64 a précisé que la MINUSMA doit faire des patrouilles de longue portée, traquer, les terroristes, les empêcher de revenir dans les zones d'où elles ont été chassés, protéger les populations civiles. Ces deux résolutions disent clairement que la MINUSMA doit faire la guerre contre le terrorisme. Ce qui est tout à fait différent de ce que la MINUSMA est en train de dire aux maliens maintenant qu'elle n'est pas venue faire la guerre.
L'article 54 de la charte de l'ONU indique que lorsqu'un Etat membre est agressé de l'extérieur, il peut faire appel à un ou plusieurs membres de l'ONU à lui venir en aide. C'est suivant cet article que Dioncounda Traoré, président de la transition s'est adressé au président français François Hollande pour demander l'appui de la France. Dans cette demande, il était dit clairement que c'est un appui aérien et en renseignement. Il n'était pas demandé des militaires français au sol. Ecoutez-moi bien : ce sont les soldats maliens qui devaient libérer notre pays.
Ce qui a été fait à Kona, Tombouctou, Gao où ce sont les militaires maliens qui ont fait le corps à corps avec les djihadistes. Mais arrivée à Kidal, à Anéfis, à partir de là, la France a interdit à l'armée malienne de rentrer à Kidal. Pour faire quoi ? Pour retourner à la convention du 15 septembre 1907. L’Adrar de Ifoghas appartient aux Ifoghas. En faisant quoi ? Interdire à l'armée malienne de rentrer à Kidal, amener les militaires français à Kidal, 4000 militaires avec un budget de près d'un milliard de FCFA par jour. Elle a fait venir les militaires tchadiens et ceux de la MINUSMA, elle a interdit à l'armée malienne de rentrer à Kidal.
Qu'est-ce qu'elle a fait ensuite ? Elle est allée chercher les militaires du MNLA qui étaient refugiés à Ouagadougou et en Mauritanie parce qu'ils étaient chassés par le MUJAO et Ansaredine. Alors que le MNLA ne représentait plus une force militaire ni une force politique, la France les a ramenés, réinstallés à Kidal. Elle est allée extraire une partie d'Ansaredine, (déclarée comme une organisation terroriste par les américains) pour constituer le HCUA (haut conseil pour l'unité de l'AZAWAD). Le HCUA et MNLA réunis font la CMA. C'est à cette CMA que la France a remis Kidal en lieu et place de l'Etat malien.
Je pense que la mère des fautes politiques que l'Etat malien a commis, que nous payons aujourd'hui, que la France paie aujourd'hui, c'est cet acte là que les maliens considèrent comme un acte de trahison. Parce qu'en réalité, elle est sortie de l'accord qui lui a permis de venir au Mali. A partir de ce moment, Kidal a été sanctuarisé et devenu comme un Etat dans l'Etat où le chef de l'Etat malien ne peut pas se rendre sans payer une rançon où le premier ministre ne peut pas se rendre sans payer une rançon.
La preuve : il est établi jusqu'à Moussa Mara, personne n'a pu se rendre à Kidal. Moussa Mara s'est entêté pour aller à Kidal, le résultat a été quoi ? C'est la mort de plus de 150 de nos militaires, des préfets et sous-préfets égorgés. Le premier ministre Soumeylou Boubei Maiga en 2018 pour aller à Kidal, il a payé une rançon pour l'autorisation de passer deux heures de temps. IBK n'a jamais pu aller à Kidal jusqu'aux élections présidentielles. Il a payé une rançon pour être autoriser à passer une nuit.
Kidal est devenu un Etat dans l'Etat avec la CMA qui autorise qui elle veut, qui fait ses défilés militaires tous les 6 avril pour célébrer la fête de l'indépendance de l'AZAWAD, qui extrait ses mines d'or, qui a ses juges, ses prisons, son armée. C'est un Etat dans l'Etat. Mais cet Etat est protégé par la Communauté Internationale. C'est ça la triste réalité et il est important que les maliens le sachent. Semble-t-il que c'est ça la raison du mécontentement des maliens".
Créé le 31 juillet 2021 17:06Nous vous proposons aussi
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