Examens nationaux : « Il y aura des détecteurs de métaux pour bien fouiller les candidats… »
CONAKRY- Cette année, les examens nationaux se dérouleront dans un contexte un peu particulier. Le Ministère de l’Éducation Nationale a annoncé de nouvelles mesures pour mettre fin aux nombreux cas de fraude.
Quelles sont ces mesures ? Que risquent les candidats qui se rendraient coupables de fraude ? Le Directeur de l’enseignement secondaire a livré certains secrets des préparatifs de ces examens. Abdoulaye Diarougha Diallo, qui est également le Président du jury de correction du baccalauréat unique, s’est confié à Africaguinee.com.
AFRICAGUINEE.COM : Vous venez de finir un atelier sur les préparatifs des examens nationaux. Quelles ont été les décisions et recommandations prises ?
ABDOULAYE DIANROUGHA DIALLO : Habituellement, chaque session, avant que les épreuves ne soient lancées, on se retrouve avec les structures déconcentrées pour que les responsables, à tous les niveaux et les partenaires, pour qu’on puisse discuter sur les modalités d’organisation, ainsi que des dispositions à prendre pour qu’on ait un examen assez sérieux et des résultats acceptables.
Il y a des particularités cette année. Nous avons suivi à la lettre les textes qui disent que c’est une organisation sous la responsabilité du ministère de l’Éducation nationale, en collaboration avec le ministère de l’enseignement supérieur. Heureusement, même le ministère de l'enseignement supérieur, a sollicité sa participation à l’organisation du BAC. Conformément aux textes, nous avons donné au ministère de l’enseignement supérieur des postes disponibles auxquels on souhaiterait qu’il y ait des cadres de l’enseignement supérieur. C’est ce qui fut fait. Ils vont être avec le ministère de l’éducation nationale au niveau du jury, des corrections où la coordination est présidée par un cadre de l’enseignement supérieur. Le plus souvent, c’est un doyen de faculté ou un recteur. Les commissions de correction, de discipline doivent être présidées par un doyen de faculté ou quelqu’un qui a le grade de Docteur. Il y a l’inspection générale pour rapporter ce qui se passe dans chacune des commissions.
L’atelier préparatoire était un atelier national. A un moment donné, on a voulu décentraliser cet atelier en organisant des ateliers régionaux pour prendre en compte toutes les spécificités. On a constaté qu’en réalité, ce sont des dépenses énormes parce qu’il faut déplacer des cadres pour aller dans les huit (8) régions pour superviser ces ateliers, discuter avec tout le monde (…). Cette année on a fait un atelier national qui a réuni les structures déconcentrées notamment les inspecteurs régionaux, les directeurs préfectoraux et communaux de l’éducation, les chargés des examens, les cadres du BSD (Bureau de stratégie et de développement, Ndlr), parce qu’on est entré dans la digitalisation du système éducatif. Ils ont été conviés ici pour partager les conclusions des examens passés et ensuite voir comment organiser le Baccalauréat de cette année. Aussi, comprendre pourquoi nous devons évoluer avec les cadres de l’enseignement supérieur parce que d’abord, ça crédibilise le Baccalauréat, mieux, ça permet de partager essentiellement tout ce qui se passe et d’apprécier les résultats.
Au cours de cet atelier, on a discuté de tous ces points. Notamment l’état des centres, la mise en place des différents types de commission de surveillance, de secrétariat, les problèmes liés aux candidats, notamment avec l’interdiction du téléphone, la fraude des candidats, la sécurisation des centres d’examens, le comportement des délégués, des surveillants, du secrétariat et comment il faut récupérer les copies dans les salles, les emballer etc. tout le travail a été discuté. Les gens ont posé des questions jusqu’à l’interdiction de la burqa (voile intégral). Mais tout ça été discuté jusqu’à presque tout le monde ait eu à peu après le même point de vue.
Tout le monde est d’accord qu’il faut sécuriser suffisamment les centres, une fois les épreuves lancées il n’y a pas de visite dans les salles de classe, il faut fouiller soigneusement les enfants, interdire les téléphones dans les centres ou à la rentrée des classes. Éventuellement, s’il y a de cas de fraude, si l’enfant est pris par le surveillant, l’attitude qu’il faut avoir. Il y a aussi les détecteurs de métaux pour bien fouiller…L’essentiel c’est de faire comprendre à tous les acteurs que si le système ne fraude pas, c’est déjà un pas gagné. Il ne faut pas que la fraude soit de notre système. Si un élève fraude et qu'on le prenne, on le sorte. Si le système est rigoureux et performant on pense qu’on fera de bons examens.
A quel niveau se situent les préparatifs de ces examens ?
On peut dire que qu’on est en train de déposer les fournitures. Les structures déconcentrées ont été dotées de groupes électrogènes pour leur permettre de travailler à tout moment. Des candidats ont déjà leurs PV pour permettre de les identifier dans les salles. On est en train de finaliser les équipes des unités, les structures déconcentrées. Ensuite, ils vont faire rapidement la liste des surveillants par salle pour que chacun puisse connaître son centre et sa salle, faire également la sensibilisation des acteurs. Donc, essentiellement, je peux vous dire qu’on est prêt.
Qu’en est-il des dispositions prises à l’endroit de certains surveillants qui acceptent de prendre de pots de vin ?
Contrairement aux années précédentes, cette année, dans chaque centre d’examen, nous avons deux délégués. Un de l’enseignement supérieur et un du MEN-A. Ces délégués vont sillonner toutes les salles sans pénétrer l'intérieur, une fois que les épreuves sont lancées, pour s’assurer que tout va très bien. Il y a deux surveillants par salle et par matière, ceux qui surveillent la première matière dans la salle X, ce n’est pas eux qui vont surveiller la deuxième matière. Si un des surveillants se permet de communiquer avec les candidats et qu’il soit pris, non seulement il sera sanctionné, mais il va répondre de ses actes parce qu’il nuit le système.
On met des millions pour cet examen pour que les meilleurs puissent accéder à l’étude supérieure et que les autres puissent se remettre en cause afin qu’on ait une ressource humaine suffisante et capable. Un bon enseignant n’accepte pas les pots de vin. Celui qui le fait, il est mauvais, il salit le système éducatif guinéen. Si on le prend, il sera sanctionné et répondra de ses actes.
Entretien réalisé par Siddy Koundara Diallo
Pour Africaguinee.com
Tél. : (00224) 664-72-76-28
Créé le 19 juillet 2021 14:55
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