Mamadou Sylla donne un conseil à Cellou : « Au lieu de compliquer davantage la situation… »
CONAKRY-L’annonce de la reprise éventuelle des manifestations de rue est diversement appréciée. S’il admet qu’elles sont constitutionnelles, le chef de file de l’opposition pense que le contexte ne s’y prête pas. Elhadj Mamadou Sylla estime, plutôt, que les marches risquent de compliquer davantage la situation avec de risque de violence et des nouvelles arrestations. Pour que le dialogue aboutisse, il faut qu’il soit inclusif. Pour ce faire, M. Sylla conseille au présidentielle Alpha Condé de s’inspirer de la Côte d’Ivoire où l’ancien président Laurent Gbagbo vient de rentrer au pays.
AFRICAGUINEE.COM : Que pensez-vous de l’annonce de la reprise éventuelle des manifestations ?
MAMADOU SYLLA : Les manifestations sont constitutionnelles. Je pense que le Gouvernement doit accepter de les encadrer. Dès qu’il y a du monde, il y a des gens qui débordent. Parfois, les militants sont trop hostiles à l’égard des hommes en tenu, je crois qu’il faut les discipliner. Ceci dit, il faut que les organisateurs discutent de cela avec les autorités communales, comme l’indique la loi afin de fixer l’itinéraire.
Est-ce que selon vous le contexte sociopolitique s’y apprête à une reprise des manifestations ?
Ce que je peux conseiller : c’est de se battre d'abord pour libérer ceux qui sont en prison et éviter qu’il y ait d’autres personnes arrêtées. Les marches pacifiques sont très rares dans notre pays. Les seules fois qu’il y en a eu, c’était en 2019, les gens sont partis de Tannerie-Koundéboungni- Hamdallaye Concasseur-Stade du 28 septembre. C’est possible, mais c’est quand les deux parties sont de bonne foi. La tension est telle qu’aujourd’hui, je conseillerai de se battre pour que les autres soient libérés au lieu de compliquer davantage les choses avec de nouvelles arrestations.
Je pense que c’est mieux de discuter, de dialoguer. Je me bats pour faire sortir les gens de la prison et qu’un dialogue sincère soit ouvert. Vous savez que je suis en avance sur beaucoup de choses. Chaque jalon que je pose, je suis en avance. Quand tu vois l’histoire des prisonniers, je suis le premier à avoir pris mon bâton de pèlerin pour aller visiter les détenus à la Maison centrale. A l’issue de cette visite, j’ai demandé à la justice de diligenter les dossiers. Après cela, la justice a relaxé 32 personnes et renvoyé d’autres devant le tribunal.
Qu’en est-il du cadre du dialogue ?
Il n’y a pas encore de dialogue. Selon le décret, il y a 10 personnes qui doivent meubler le cadre de dialogue : mouvance 2, opposition 2, société civile 2, primature 1, présidence 1, assemblée nationale 1 et le secrétaire permanant. Alors que ces gens ne sont pas encore choisis comment on peut démarrer le dialogue ? Il faut formaliser le cadre conformément à l’esprit du décret. En plus, il y a certains qui posent de préalables notamment la libération des prisonniers.
Il faut que le président puisse faire l’effort pour qu’il y ait l’entente dans le pays. On a vu en Côte d’Ivoire, Laurent Gbagbo est de retour, il se promène librement partout dans le pays. Pascal Affi Nguessan qui avait été arrêté lors de la présidentielle a été relaxé alors que là-bas aussi l’opposition s’était autoproclamée et avait annoncé la mise en place d’un comité de transition. En tant que garant des institutions en Guinée, en charge de sécuriser les personnes et leurs biens, le Président peut régler tous ces problèmes en une semaine, s’il a réellement la volonté.
Entretien réalisé par Abdoul Malick Diallo
Pour Africaguinee.com
Tel : (00224) 669 91 93 06
Créé le 14 juillet 2021 10:11
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