Dialogue/Bah Oury met le pied dans le plat : « On a mis la charrue avant les bœufs… »

Bah Oury

CONAKRY-Bah Oury vient de relever de graves irrégularités dans la façon dont le dialogue politique a été enclenché. L'opposant fait observer que le décret instituant le cadre permanent du dialogue politique et social n'a pas été respecté. Il appelle à rectifier le tir en respectant l'esprit du décret. Dans cet entretien, ce leader politique  aborde aussi le retour de Gbagbo en Côte d'Ivoire, tout invitant le pouvoir Alpha Condé à sortir des discours démagogiques vieux de 50 ans, en posant des actes pouvant favoriser la décrispation dans le pays.


 

AFRICAGUINEE.COM : Quelle analyse faites-vous du début du dialogue politique et social que vous aviez tant réclamé ?

BAH OURY : Personnellement je trouve qu’on a mis la charrue avant les bœufs (…), le cadre de dialogue tel qu’il a été proposé et institutionnalisé par le décret n’est pas en conformité. Les membres du  secrétariat permanent ne sont pas désignés par les organisations et les sensibilités qui doivent le faire. Actuellement, il n’y a que le président et le secrétaire permanant, en dehors de ça, le cadre n’existe pas au point de vue formel. Donc, ça c’est quelque chose qui parait surprenant qu’une structure commence à être active sans pour autant qu’elle ne soit constituée conformément au décret. Je pense qu’aborder les problèmes tel que ç’a commencé, en parlant du secteur des transports, au point de vue de la méthodologie cela pose problème. Nous sommes confrontés à des crises multidimensionnelles, politiques, économiques que sociales, institutionnelles, sécuritaires etc…

Aborder le dialogue par le transport c’est comme si on perd ce vue l’essentiel. La démarche sectorielle risque d’amener cette structure à s’occuper de dix mille problèmes et de ne pas pouvoir apporter des solutions effectives, concrètes pour leur résolution. En plus de cela, son action est confrontée à des conflits  de compétence entre la structure, le secrétariat du d’alogie et le gouvernement. Le ministre des Transports est mieux habilité à gérer son secteur conformément à ses prérogatives gouvernementales. Donc, là ce serait des querelles de compétence qui vont fuser de tous les côtés.  Ensuite en dernier lieu, je pense que nous devons définir d’abord, constituer le cadre de dialogue conformément à ce qui a été indiqué dans le communiqué. Définir aussi les méthodologies, l’approche des préoccupations essentielles et les objectifs à atteindre. Cela nécessite une solennité dans l’engagement et une réelle implication pour trouver les solutions de sortie de crise  pour la Guinée et non pas pour se substituer au gouvernement au risque de s’enliser dans de multiples problèmes de compétence et de ne pas pouvoir proposer des solutions idoines à quoi que ça soit.

A vous entendre cela ressemble à un mauvais départ. Maintenant que le dialogue a été  entamé, est ce que votre coalition a été consulté pour une éventuelle rencontre ?

 Non pas encore (…), je crois que le mieux, c’est de rectifier le tir en conformité avec l’esprit du décret pour permettre de la manière la plus solennelle, la plus rigoureuse pour le processus de dialogue puisse être entamé pour nous permettre de faire avancer des pistes de solution sortie de crise durable et efficace.

La semaine dernière le chef de l’Etat était à Boké. Quelle lecture faites-vous de son discours ?

Personnellement je pense qu’il faut privilégier tout ce qui peut ramener une concorde à l’intérieur du pays et une dimension de restauration de la confiance et de la coopération  entre la Guinée et tous nos pays limitrophes.

En ressassant les anciennes querelles entre lui et l’opposition. Est-ce que cela favorise une décrispation ?

Ce qui est le plus important en ce qui concerne l’ensemble  des acteurs politiques et sociaux de ce pays, est de privilégier l’intérêt national et de ne pas s’attarder sur tout ce qui peut constituer des aspects de friction ou de création de nouvelles difficultés. La Guinée a besoin du calme, de la sérénité. Ce pays a besoin urgemment de se retrouver et de se réconcilier sur des bases solides pour engager un tournant de sortie de crise bénéfique et efficace. Je crois que la responsabilité du premier magistrat de ce pays , c’est de concourir dans cette direction et de ne pas aller dans des échanges qui font que la Guinée est reconnue comme étant un pays où du jour au lendemain , vous vous retrouvez avec des discours totalement et diamétralement opposés avec tout ce qui peut permettre à la Guinée de se ressouder, d’inspirer confiance à sa population et bien entendu à l’étranger.

L’ex président Gbagbo est rentré en Côte-d’Ivoire après 10 ans d’absence. L’approche des autorités ivoiriennes rentrent dans le cadre de la réconciliation. Doit-on s'attendre à un geste similaire venant des autorités guinéennes ?

Je pense que l’Afrique de l’Ouest est pratiquement dans des situations sécuritaires très graves. En Côte d’ivoire, je salue la dynamique de décrispation, la dynamique de résolution par des approches et des fondamentaux de la question de réconciliation nationale. Il y a une opportunité extrêmement importante qui vient d’être créé  avec le retour d’exil de Gbagbo  de la Cour pénal Internationale où il a été blanchi. C’est une opportunité historique majeure que les acteurs ivoiriens de tous les bords doivent saisir pour ne pas plonger ce pays qui est la première économie de la zone dans des difficultés. Donc, on salue cela et on encourage tous nos amis et frères de la Côte-d’Ivoire d’oublier les rancœurs, de panser les blessures, de privilégier la dynamique de restauration de la confiance et de ne pas privilégier l’esprit de ‘’revanche’’. Parce que fondamentalement tous les acteurs quel que soit les bords ont été peu ou prou responsables de ce qui s’est passé durant ces dernières années.

La paix se construit également avec des compromis historiques pour l’intérêt national et de la région. On souhaite que la Côte-d’Ivoire aille dans cette direction. Vous remarquez également qu’au Burkina-Faso, avec tout ce qui vient de se passer avec des milliers de morts et un million de réfugiés déplacés à l’intérieur du Burkina, ils sont en  train de se retrouver pour essayer d’engager un dialogue politique en vue de trouver un consensus majeur pour la restauration de la confiance avec tous les burkinabés. Ici aussi en Guinée on doit aller dans cette direction, de manière rigoureuse, efficace et sortir toujours de ces discours démagogiques qui datent de 50 ans,  comme si la Guinée est une citadelle imprenable et hors du monde. Il faut que nous fassions preuve de responsabilité et de hauteur de vue dans des circonstances qui sont particulièrement tragiques et préoccupantes.

 

Bah Boubacar LOUDAH

Pour Africaguinee.com

Tel : (00224) 655 311 113

Créé le 21 juin 2021 08:58

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