Kounsitel « étouffée » par son or : des militaires accusés de graves exactions…
GAOUAL-Kounsitel étouffée par son or…"maudit" ! Dans la journée du samedi 11 juin 2021, jusque dans la nuit, les habitants de cette commune rurale, devenue le nouvel eldorado minier artisanal du pays, ont subi des exactions, comme ils n'en avaient jamais connues auparavant.
Comment en est-on arrivé là ?
Des orpailleurs clandestins accusés de complicité avec certains agents des forces de l’ordre mènent la contrebande depuis quelques jours. Ces agents, qui avaient pourtant été avertis par le Gouverneur de Boké Général Siba Lohalamou, font payer la somme de 500.000 Gnf aux chasseurs d'or, pour les laisser exploiter.
Ayant été mis au courant, des jeunes de Kounsitel ont mené une razzia contre ces clandestins. Ainsi, plusieurs machines ont été saisies au cours de cette opération. C'est à Kassengha où les incidents ont commencé. Mécontents, des agents qui surveillaient la carrière, ont poursuivi les jeunes, [venus chasser les exploitants clandestins] jusqu'à Kounsitel centre et ont lancé des gaz lacrymogènes. Il y a eu des blessés, des arrestations… les scènes d'exactions se sont poursuivies jusque dans la nuit.
Des boutiques ont été défoncées, leur contenu vidé. Des cas d'incendie sont également signalés. Une femme enceinte a été sauvée de justesse. Ce matin, un clame précaire règne, mais certains vivres commencent à manquer et la psychose est perceptible.
Africaguinee.com a pu joindre un conseiller communal de Kounsitel qui a fait un témoignage inédit.
"Dès lors que les autorités ont stoppé l'exploitation, certains orpailleurs venus de la Haute Guinée, en complicité avec des agents de sécurité, sont en train de payer de 500.000 GNF par personne pour exploiter l'or à la carrière. Depuis hier, pendant la journée, les jeunes qui sont là ont constitué des commissions, on a compris qu'il y avait une affaire louche. Les orpailleurs sont nombreux en brousse.
Un groupe de jeunes de la localité est parti vers le carrefour Touba situé à 10km de Kounsitel centre, ils ont saisi des machines avec des orpailleurs clandestins. Parmi les machines saisies, il y avait deux qui détectent l'or. Après cette saisie, les jeunes sont partis vers Kessengha, là où on exploitait l'or récemment. Ils ont trouvé que des orpailleurs clandestins ramassaient de l'or là-bas. Ils ont saisi 17 machines.
Le chauffeur qui conduisait ces jeunes a été poursuivi par des pickups des forces de l'ordre, jusqu'à la maison des jeunes de Kounsitel. Une fois sur place, ils ont tiré des gaz lacrymogènes sur les gens. Ils ont arrêté le chauffeur qui s'appelle Mamadou Hady Diallo. Un autre jeune qui s'appelle Djibi a été touché par un gaz lacrymogène au niveau du bras. Ce dernier est blessé. Le chauffeur a été menotté, envoyé manu-militari à Kassengha où ils l'ont cuisiné, lui posant toute sorte de questions.
A 18h, des jeunes orpailleurs qui n'avaient pu payer les 500.000 GNF ont érigé des barrages. On est sorti avec le chef de district pour calmer la situation, mais on n'a pas pu parce que la foule était grande. C'est après ça, que des renforts ont été appelés à Gaoual. Plus de sept pickups sont descendus pour lancer des gaz lacrymogènes. C'était entre 19H-20H. Il y a une femme ici qui s'appelle Binta, sa case a été incendiée. Si ce n'était pas les jeunes, elle allait mourir à l'intérieur, elle est enceinte. Actuellement, elle est alitée à l'hôpital, on ne sait pas si elle va s'en sortir ou pas. Ce sont des militaires qui ont commis ces actes. Moi-même, j'ai une boutique ici, j'ai reçu des témoignages qu'ils avaient voulu la défoncer. La boutique de mon voisin a été défoncée.
Hier à Kounsitel, il n'y a pas quelqu'un qui n'a pas suffoqué par l'effet de ces gaz lacrymogènes. Personne n'a pu dormir. Matinalement, j'ai rencontré le sous-préfet, les deux vices maires qui m'ont dit la même chose. Personne n'a pu fermer l'œil, tellement qu'il y avait des gaz lacrymogènes. Actuellement, ils sont en train de faire la chasse aux sorcières. Il y a un manque de vivres à Kounsitel, là où je vous parle, je n'ai pas pris mon petit-déjeuner. Il n'y a rien. Personne n'ose sortir sa tête, des militaires sont déployés partout.
Ils ne font pas de différence entre les autochtones et les ceux qui sont venus ailleurs. Quand ils sont arrivés hier, le sous-préfet était en train de dégager la route. Il leur a dit : attendez, je suis le sous-préfet. Les agents lui ont répondu : fout le camp, sinon tu vas voir. Il a été sauvé de justesse".
A suivre…
Abdoul Malick Diallo
Pour Africaguinee.com
Créé le 13 juin 2021 13:50Nous vous proposons aussi
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