Guinée-Scandale : Quand des citoyens d’ethnies minoritaires se voient refuser des documents officiels

Le ministre de la Sécurité DAMANTANG Albert Camara inaugurant un centre de délivrance de passeport  à Conakry

CONAKRY- Des citoyens issus d'ethnies minoritaires éprouvent de sérieuses difficultés pour obtenir des documents officiels de la République de Guinée, leur pays. Nos constats. 


C’est le cas de certains Bassaris, ethnie minoritaire, présente à Koundara, une préfecture de la région administrative de Boké.

Des citoyens de cette communauté, bien que possédants certains documents de leur état civil : extrait de naissance, carte d’identité, se voient refuser par certaines autorités de Conakry, des documents officiels comme le passeport.

Bandia Païté est un jeune guinéen de l’ethnie bassari. Il a été refoulé dans plusieurs commissariats de Conakry à cause de son Nom jugé "non guinéen". 

« J’étais venu en 2013 au niveau du commissariat de la police de Ratoma, vers Nongo. Je cherchais une pièce d’identité, les agents que j’ai trouvé là-bas m’ont dit que de par mon nom ‘’Païté’’ je ne suis pas guinéen. Pour la deuxième fois aussi, je suis venu au commissariat de Kaloum, j’avais perdu ma carte d’identité, je voulais la renouveler, là-bas encore on m’a demandé si je suis guinéen ? A cause de mon nom, je suis resté pendant deux jours sans avoir ma carte. Finalement, c’est l’acte de naissance de ma maman que j’ai envoyé pour leur prouver que je suis de Koundara et que je suis guinéen. Nous voulons que les autorités essaient de comprendre que nous sommes guinéens et qu’on arrête de nous refouler à cause de nos patronymes », lance  M. Bandia Païté.

M. Bangonine est un guinéen de la communauté bassari, il vient de Bourkini, une localité située dans la sous-préfecture de Guingan. Venu au ministère de la sécurité et de la protection civile pour un passeport, il a été refoulé à cause de son patronyme jugé plutôt sénégalais que guinéen.

« C’est un frère, il m’a contacté pour m’informer qu’on lui a refusé le passeport parce qu’on estime que de par son nom, il n’est pas guinéen et qu’il est sénégalais. Je suis allé voir la dame au ministère de la sécurité pour lui dire, ‘’Mme, nous sommes des bassaris, là où nous habitons c’est entre les chaines de montagne à la frontière guinéo-Sénégalaise. C’est à 45 kilomètres de la commune urbaine de Koundara. Et les villages sont à moins de 20 kilomètres. L’accès au village est très difficile, c’est une communauté minoritaire’’. Elle me répond en disant que les bassaris viennent du Sénégal.  J’ai essayé de lui faire comprendre que les bassaris sont d’origines guinéennes qui migrent vers le Sénégal. Elle dit qu’elle ne peut rien faire sauf si on envoie un parent qui détient des documents qui attestent qu’il est guinéen. Or, même à Koundara, les bassaris étant minoritaire qui habitent loin de la ville, ne possèdent souvent pas de documents. Mais le monsieur a une pièce d’identité, l’extrait de naissance, tous ces documents il les a obtenus à Koundara », explique Boubane Edouard Kaly, qui faut-il le souligner, a été victime de la même chose.

«Là où je vous parle, je viens d’envoyer à la dame au ministère de la sécurité, des documents qui parlent de la communauté bassari dans l’espoir qu’elle va lire et comprendre l’historique de cette communauté », espère Boubane Edouard Kaly.

« J'ai vécu la même chose en 2019 avec un des cousins de ma femme qui venait de Sarékali du nom de Moussa Diamanka. Le petit ne pouvait que parler la langue foulakounda (poular). Donc, quand on l'a appelé pour l'interview et il a commencé à répondre leurs questions, automatiquement la dame qui l'auditionnait a appelé le suivant et a mis le stylo rouge sur son dossier.

Je lui ai parlé du Colonel Diamanka, la dame (une Colonel) a refusé de m'écouter. C'est le lendemain que j'ai expliqué à Dian Aïcha, après elle a pris un engagement pour le petit. Mais le passeport avait beaucoup retardé parce qu'il y avait déjà une croix rouge là-dessus partout où le dossier est passé, il fallait que la sœur se présente pour défendre », témoigne Mamadou Djouldé Boiro, un autre citoyen de Koundara.

Interrogé sur cette affaire, un haut gradé de la police et travaillant au compte de la direction des délivrances des passeports au ministère de la sécurité et de la protection civile a fait savoir que la procédure est tout à fait légale.  

« Au niveau du département ici, il y a des directions et des sous sections. Maintenant, le chef de section, il y a des noms guinéens qu’ils ne connaissent pas. Quand vous venez, vous faites l’interview, eux, s’ils connaissent pas le nom, ils ne signent pas. Ils t’orientent dans un service qu’on appelle la DAJ (division administrative et judicaire) c’est ce service qui est chargé de mener des enquêtes pour prouver si la personne est guinéenne ou pas. Là-bas, c’est la procédure judiciaire, on va demander d’envoyer tes parents pour savoir comment la personne a eu ce nom-là», explique un haut gradé de la police joint par notre rédaction. 

Toujours est-il que cette situation commence à agacer certains citoyens de la préfecture de Koundara. En plus des Bassaris, plusieurs autres compatriotes tels  que la communauté Koniagui témoignent avoir subi ce rejet à cause de leur patronyme.

Une attitude que certains ressortissants estiment inadmissible de la part des responsables au niveau du département de la sécurité qui continuent à refouler des citoyens de la communauté, venus pour obtenir des documents importants.

Certains ressortissants ont d’ores et déjà lancé des Hashtags, sur les réseaux sociaux (Facebook) pour exprimer leur solidarité à ces communautés minoritaires de Koundara. *je suis bassari, je suis guinéen pas un étranger* peut-on lire sur leurs pages Facebook.

L'Onyan est la langue parlée par les Bassaris dont le territoire est partagé entre le Sénégal et la Guinée selon Wikipédia. On retrouve cette communauté dans la préfecture de Koundara, tout comme les peuls (Foulakounda).

 

Siddy Koundara Diallo

Pour Africaguinee.com

Tél. : (00224) 664-72-76-28

Créé le 7 mai 2021 14:47

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