Sékou Koundouno parle : « Notre nouvelle stratégie de lutte… »

Sekou Koundouno

CONAKRY-Le Front Anti troisième compte bien poursuivre sa lutte qui s'étendra désormais à des revendications sociales. Comment ce combat devra-t-il s'opérer alors que les hauts dirigeants du mouvement sont- soit en exil ou en prison- ? Africaguinee.com a interrogé Sékou Koundouno, Responsable des stratégies et planification du FNDC. Dans cet entretien, l'activiste réagi également aux récentes attaques du Président Alpha Condé contre le Sénégal.


 

AFRICAGUINEE.COM: Après des mois de silence, le FNDC est sorti de sa réserve, annonçant la poursuite de son combat en s'appuyant désormais sur des revendications sociales-hausse des prix, chômage, déguerpissement-etc. Pourquoi avoir inclus ces revendications dans votre lutte ?

SEKOU KOUNDOUNO : Bonjour et merci à Africaguinee pour cette invitation !!!          

Écoutez face à la perfidie d’imposer un 3ème mandant au Peuple de Guinée, les leaders et les antennes du FNDC ont passé plusieurs semaines de concertation sur les récents évènements et les actions futures à mener pour la libération des prisonniers politiques et celle des institutions de la république qui sont prises en otage par le dictateur Alpha Condé et ses suppôts. Les concertations ont permis d’adopter une stratégie comportant la poursuite du combat originel du FNDC, comme l’avez dit, mais aussi entreprendre des initiatives fortes orientées vers des revendications sociales. Nous avons commencé à matérialiser ces nouvelles orientations par des actions concrètes jusqu’à la libération totale de notre pays.

N'est-ce pas parce que la lutte contre le troisième mandat a "échoué" ?

Non, pas du tout ! Nous n’avons absolument pas échoué. C’est la lutte qui dure plus longtemps que prévu pour la simple raison que le dictateur Alpha a déployé tous les moyens de l’État pour réprimer le peuple. Mais le plus important est la finalité qui sera sans doute la victoire du peuple de Guinée. Le réaménagement de notre stratégie vise à sortir de cette oppression.

Il faudra retenir qu’à l’issue de ces concertations, la position du FNDC est restée inchangée. Pour répéter les termes de notre déclaration d’orientation : aucune élection démocratique n’a eu lieu en Guinée au cours des deux dernières années. La conséquence directe d’un tel coup de force opéré dans notre pays est l’illégitimité et l’illégalité du dictateur Alpha Condé ainsi que celles des individus ayant été sélectionnés pour usurper le titre et les fonctions de représentants du peuple.

Donc vous verrez bientôt que ce sont ceux-là qui ont opéré le coup d’État qui ont échoué. Le régime est aujourd’hui aux abois et assailli de toute part par les conséquences de leur obstination à confisquer le pouvoir. Nous sommes au seuil d’une crise économique, sociale et politique sans précédent.

Vous annoncez la "mise à l'écart" des partis politiques dans l'orientation et dans les instances de prises de décisions de votre plateforme. Pourquoi ?

Rectificatif, les partis politiques et autres entités n’ont pas été mis de côté dans la nouvelle orientation du FNDC, la nouveauté est que les compétences et prérogatives de la coordination nationale composée exclusivement d’acteurs de la société civile sont plus que jamais renforcées pour la rapidité dans la prise de décisions et d’actions.   Ainsi, la Coordination Nationale est la seule voie officielle du FNDC et l’organe garant de la bonne collaboration qui demeure entre les acteurs de la société civile, les partis politiques, les structures militantes du monde de la culture et les syndicats membres du Mouvement Citoyen.   

Est-ce parce qu'ils sont en partie responsables du bilan mitigé voire de l'échec du FNDC ?

Non, pas du tout, le FNDC n’a pas échoué comme je l’ai déjà expliqué. L’essentiel du pouvoir a toujours été détenu par la société civile même dans l’ancienne configuration. Cependant, quand plusieurs acteurs s’associent vous devez plus forts. Ce qui veut dire aussi que la dissociation d’une composante d’un ensemble entraîne forcement des conséquences. Mais nous avons toujours réussi à atténuer ces effets pour se renforcer et poursuivre le combat. La preuve est que le FNDC constitue aujourd’hui le plus grand cauchemar du dictateur Alpha et de son clan.

Parlant de la lutte annoncée, comment devra-t-elle s'opérer sur le terrain alors que les hauts dirigeants du FNDC sont soit en prison ou forcés à s'exiler à l'extérieur ?

Nous avons une expérience de terrain de 24 mois, les consultations ont permis de favoriser l’émergence et l’éclosion de nouveau leadership pour palier à l’absence de certains sur le terrain, chaque poste a été triplé pour une meilleure efficacité. L’adversaire sera surpris par notre nouvelle stratégie de lutte citoyenne.

Alors que vous affichez une ouverture, Cellou Dalein Diallo appelle aussi à la mise en place d'une coalition citoyenne pour poursuivre la lutte contre la "dictature". Qu'en pensez-vous ?

Écoutez, depuis le début de notre lutte le FNDC est demeuré fidèle et constant à ses lignes de conduite. Nous n’avons pas cessé de faire appel à toutes les forces du pays. Nous ne faisons que réitérer cet appel à l’union. Le FNDC est prêt à discuter avec tous ceux qui adhèrent à notre nouvelle orientation ainsi que les conséquences qui en découlent.

Des consultations sont-elles en cours pour favoriser le rapprochement entre le FNDC et le couple UFDG-ANAD ?

La Coordination Nationale n’est pas informée d’une telle démarche pour le moment.

Le Président Alpha Condé a directement attaqué le Sénégal qui selon lui accueille tous ceux qui insultent et complotent contre son régime. Quelle est votre réaction ?

A entendre ce dictateur qui accuse aujourd’hui le Sénégal de tous les péchés d’Israël, ça sent vraiment de l’ingratitude vis-à-vis de ce pays qui lui a sauvé la vie. Sinon, à l’époque, comment il aurait pu quitter la chancellerie sénégalaise en Guinée qui était encerclée par les forces de l’ordre de Lansana Conté s’il n’avait pas été emballé, étiqueté comme une valise diplomatique et mis dans une voiture pour aller le déposer dans l’avion ? Il a oublié tout cela aujourd’hui.

Par ailleurs, à cette époque il accusait les forces de l’ordre d’alors d’avoir tué des militants de son parti qu’il qualifiait de martyrs. Depuis dix ans qu’il est au pouvoir, les forces de l’ordre ont tué au minimum 200 militants de l’opposition. Mais son ministre de l’Intérieur et lui-même tentent de nier cela aujourd’hui.  Voilà l’autre visage du dictateur Alpha Condé.

                                                           

Vous sentez-vous visé par ses accusations ? 

Évidemment, je sens tout simplement qu’il est traumatisé et paniqué par notre engagement et notre détermination à combattre sa dictature et mettre fin à sa prise en otage du pays.

Quand le retour en Guinée ?

A tout moment, je suis en mission, la prise en otage pourrait prendre fin à tout instant.

Un mot de la fin ?

Je rends un vibrant hommage aux martyrs de la démocratie lâchement assassinés par le régime Alpha Condé et promet de me battre par tous les moyens pour que justice leur soit rendue. Je réaffirme également mon soutien et ma compassion à notre grand leader Oumar Sylla Foniké Manguè, à tous les prisonniers politiques ainsi qu’aux personnes blessées ou violentées.

A l'instar des peuples frères de la sous-région, je rappelle que le peuple de Guinée est décidé à rompre la chaîne de cette dictature rampante pour mettre fin aux violations des droits humains et le mépris vis-à-vis du peuple.

Entretien réalisé par Diallo Boubacar 1

Pour Africaguinee.com

Tel : (0024) 655 311 112

Créé le 6 avril 2021 09:10

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