Aly Kaba : « la Guinée est en train de donner le bon exemple… »
CONAKRY-Le Chef de la majorité présidentielle au Parlement a brisé le briser le silence. Dans cette interview, le chef de la majorité présidentielle à l’Assemblée nationale évoque la rencontre entre le président Alpha Condé et le chef de file de l’opposition. Saluant d’un côté la démarche de Mamadou Sylla, de l’autre, Aly Kaba, souhaite que les autres partis politiques de l’opposition « reviennent à des meilleurs sentiments ». M. Kaba interpelle aussi l’Etat par rapport à la hausse des prix des denrées alimentaires à la veille du ramadan.
AFRICAGUINEE.COM : Le président Alpha Condé a reçu le chef de file de l’opposition venu lui présenter son cabinet. Comment réagissez-vous à cette démarche ?
HONORABLE ALY KABA : Le chef de file de l’opposition guinéenne s’est fixé comme objectif, après la constitution de son cabinet de donner à cette institution la plénitude de ses prérogatives. A savoir faire le maximum de consultations. Le président de l’Assemblée nationale a reçu le chef de file et son cabinet pour, non seulement présenter le cabinet, mais également décliner ses priorités qui consistent à jouer le rôle dévolu à son institution comme critiquer l’action du gouvernement, proposer des solutions par rapport aux politiques publique. C’est pour dire que la rencontre avec le président de la République est à encourager et à féliciter.
A écouter les différentes interventions, nous voyons que les lignes bougent et que notre pays dans son processus démocratique est en train de donner le bon exemple. A un moment donné, l’opposition et la mouvance sont des partenaires en plus de l’adversité entre l’une et l’autre pour la conquête du pouvoir. Je salue cette initiative et j’ose croire que c’est une dynamique qui ne doit plus s’arrêter. Le président Alpha Condé n’a pas manqué de le signaler, il a dit que c’est des choses qui doivent continuer ou avec lui et le Premier ministre parce qu’il y aura le cadre de dialogue qui sera une tribune dédiée à cet effet avec beaucoup de marges de manœuvre plus que les rencontres ponctuelles qui ne permettent pas de parler de tous les problèmes de la nation. Je crois que toutes les initiatives seront recueillies à ce niveau et les propositions et les recommandations pour améliorer notre cadre de vie et le système démocratique, la gouvernance de notre pays. Bref pour faire en sorte que chaque acteur puisse contribuer au développement de notre pays à travers ses initiatives.
Quelle appréciation faites-vous de la présence de certains leaders de l’opposition dont Bah Oury, Faya Milimouno ?
Le chef de file a la latitude, en fonction de la diversité de son travail, de prendre en compte tous les courants politiques de notre pays. C’est une démarche que le chef de file a eu à faire aussi bien au niveau des partis qui siègent à l’Assemblée, mais également aux partis extraparlementaires. Je trouve cela absolument normal parce que nous sommes en train de parler de la Guinée.
Peut-on déjà parler d’un début de dialogue entre les acteurs politiques même si de l’autre côté il y a les principaux partis de l’opposition qui ne sont pas concernés ?
Quand il a commencé les consultations, certains partis politiques lui ont dit carrément dit qu’ils ne le recevront qu'en tant que leader de l’Udg et non pas en tant que chef de file de l’opposition. Comme la loi lui confère ce statut, le refus de ces partis de le recevoir n’a justification que par la volonté de ces partis politiques de voir outre cette question de chef de file. Cela nous ramène à des questions sur lesquelles nous ne pouvons pas nous prononcer parce que c'est propre à ces partis. Mais leur présence ou absence n’entame en rien la crédibilité de ce qui est en train de se passer. C’est une réalité, la Guinée a près de 200 partis politiques. C’est bien qu’il y a des partis politiques qui ont plus des militants que d’autres, mais, l’important on est en train de parler de la Guinée. Il n’est pas tard pour bien faire.
J’espère que ceux qui n’ont pas l’intention de prendre part, reviendront à des meilleurs sentiments parce qu’on est en train de parler de la Guinée et nul ne doit être exclu. Quand vous vous sentez exclu par vous-mêmes vous avez le droit de revenir parce que c’est là on va trouver la solution à nos problèmes. Si vous refusez de participer aux négociations, il est extrêmement difficile de vous faire entendre dans la mesure où c’est cette tribune qui est la mieux indiquée. Je pense que ces partis politiques doivent accepter de participer comme tous les autres pour que nous arrivions à aplanir nos divergences.
Au terme de la rencontre avec Ibn Chambas, le représentant spécial des Nations unies en Afrique de l’Ouest et du Sahel, le président Alpha Condé a pris un décret graciant des mineurs arrêtés en marge des élections du 18 octobre 2020. Peut-on dire qu'on lui "forcé" la main ?
Ce n’est qu’une coïncidence, ce n’est une quelconque pression. Ce n’est pas la première fois que le président de la République accorde de grâce pour libérer des condamnés. Ces enfants qui sont embastillés, mis dans des manifestations, ils sont pratiquement innocents, mais dans l’accomplissement des faits, la justice ayant une branche qui s’occupe des enfants était dans l’obligation de les arrêter, les juger et les condamner. Ces enfants ont été traumatisés parce qu’on les a utilisés pour commettre des crimes et des violences. Mais faudrait-il mettre cela à l’actif de leur inexpérience et être plus clément. C’est cette clémence qui a fait que le président de la République les a graciés. Cela va être un avertissement pour qu’ils ne récidivent pas.
Certains pensent que c’est une façon de décrisper la situation sociopolitique. Qu’en pensez-vous ?
C’est tout à fait normal c’est dans la même logique de concertations, de dialogue. La clémence du président de la République est toujours saluée. Chaque année, le président accorde la grâce à des détenus poursuivis pour des délits mineurs qui, à un moment, on pense avoir pris conscience. Au-delà de son caractère humanitaire, de réinsertion, cette grâce permet de détendre l’atmosphère dans le pays.
A moins de 2 mois du Ramadan, les prix des denrées alimentaires flambent sur le marché. Quel conseil donneriez-vous au gouvernement ?
En plus de ce qu’il fait déjà, le gouvernement doit pouvoir travailler en synergie avec les importateurs, initier des mesures d’accompagnement puisque la pandémie peut être un des éléments utilisés par les opérateurs pour augmenter les prix des denrées alimentaires. A un moment donné, l’Etat a eu à faire des subventions pour plusieurs secteurs. Mais également, il faut conscientiser les commerçants. C’est vrai que nous sommes dans un système dans lequel l’Etat ne peut pas se substituer aux commerçants, mais vous avez vu, par souci, l’Etat a même ouvert des magasins témoins de vente de riz. Au-delà, le gouvernement doit faire en sorte que les commerçants soient sensibilisés parce qu’il y en a qui font la spéculation pour augmenter les prix au détriment des populations. A ce niveau, un contrôle doit s’exercer. En bon musulman, on devait assister à la baisse des prix puisque c’est une période où devons tous chercher la clémence de Dieu et non une occasion pour assommer les populations.
Interview réalisée par Abdoul Malick Diallo
Pour Africaguinee.com
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Créé le 8 mars 2021 09:08
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