Mois de la femme : A la rencontre des « braves » orpailleuses de Siguiri…
SIGUIRI-Dans la préfecture de Siguiri en Haute Guinée, l’exploitation artisanale de l’or est l’une des principales activités des populations locales. Si, autrefois, il était plus pratiqué exclusivement par des hommes, l’orpaillage attire, désormais de plus en plus des femmes. Africaguinee.com, a rencontré certaines orpailleuses.
Depuis 20 ans, Sira Camara mère de famille travaille dans l'orpaillage. C'est sa principale source de revenue. « Aujourd'hui, elle est l'activité la plus rentable pour moi. Les hommes passent une semaine à creuser dans le sous-sol avant d’arriver au niveau du minerai. Moi, je lave le minerai. Parfois, je gagne et parfois, je ne gagne rien. Maintenant, je suis soulagée d’avoir une pompe à eau et une machine piqueuse. J'ai fait plus de 20 ans dans l'exploitation artisanale de l'or. Mais, actuellement, la rentabilité a beaucoup diminué. Je fais ce travail malgré moi parce que je n’ai pas autre source de revenu. Non seulement, c'est fatiguant et je suis aussi avancée en âge », admet cette mère de famille.
Grâce à l’exploitation artisanale de l’or, Lalabou parvient, tant bien que mal, à subvenir aux besoins de sa famille et à payer la scolarité de ses enfants. « J’habite à 15 km d’ici. Chaque matin, je sors à 8h et arrive entre 10h-11h. Le soir, je paie un taxi-moto à 20 mille Gnf pour me ramener à la maison. Parfois, je peux gagner 5 décigrammes d’or qui coûtent 250 mille Gnf. C’est un travail très épuisant. Nous avons deux jours de repos par semaine, leslundi et vendredi. Avec mon travail, je soutiens mon mari économiquement et mes frères aussi. Si j’ai une autre activité à part celle-ci, j’allais abandonner cette exploitation artisanale qui est trop risquée et fatiguant », raconte cette autre orpailleuse.
Même si l’orpaillage lui a permis de faire quelques réalisations, Nounkoumba Kanté se plaint de la détérioration de ses conditions de travail. « J’ai, au moins, une vingtaine d'années dans l'orpaillage. J’ai beaucoup bénéficié de cette activité. J’ai construit une maison et financé les mariages de mes deux fils. L’exploitation a changé. Avant, on respectait les règles, mais aujourd’hui, on les viole. Il y a souvent des éboulements. L'or se fait rare ce n'est plus comme avant. Nous manquons d’eau pour pouvoir laver le minerai. Soit, il faut aller chercher très loin, ou envoyer le minerai là-bas pour le lavage », déplore Mme Kanté.
Pour sa part, Marama Kante voudrait bien changer de métier, mais c’est le seul travail qu’elle sait faire. « Je ne connais que l'orpaillage. On travaille dure, on gagne peu pour la consommation. Les hommes qui creusent la mine et nous les femmes, on tire le minerai à la surface. Quand tu tires 9 bidons, le 10e est pour toi. De fois, on obtient 5 à 7 décigrammes. A des rares fois, on obtient 1 gramme. C'est une question de chance. Les jours où tu ne gagnes rien, tu es obligé d’emprunter de l'argent à tes connaissances pour pouvoir te retourner à la maison ».
Quant à Kadia Traoré, elle dispose de sa propre mine. Mais, face aux pertes qu’elle a accumulées, elle voudrait changer de travail. « Les choses sont dures à Fadanida. J’exploite une mine, mais, on a rien eut d'abord. J’ai perdu toutes les dépenses que j’ai faites. (…) je fais ce travail parce que j’ai vu d’autres femmes en faire autant », témoigne-t-elle en invitant le gouvernement « à venir en aide aux orpailleuses en finançant de projets maraîchers. Cela allait nous soulager ».
Diarra Sidibé
Correspondant d'Africaguinee.com à Siguiri
Créé le 5 mars 2021 14:56Nous vous proposons aussi
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