France : Le difficile quotidien des guinéens impactés par la flambée des « variants »
PARIS-La résurgence de la Covid-19 en France, frappé de plein fouet par les nouveaux variants du virus, amplifie les diffiultés chez de nombreux Guinéens. Certains ont perdu leur travail, d'autres ont vu leur revenu drastiquement baisser. Témoignages.
Fazaziou Baldé réside en Ile-de-France dans le 94ème à Valenton. Au chômage partiel, il explique les difficultés auxquelles il est confronté. " Je suis en chômage partiel. Je ne travaille que 3 jours au lieu des 5 habituels (…) En ce qui me concerne, ça va, mais compte tenu de la situation économique actuelle, il y a beaucoup d'entreprises qui sont en faillite. Du coup, il y a énormément de personnes qui ont perdu leur boulot et qui n'arrivent pas à trouver un autre travail. Car, en plus de ceux qui étaient au chômage, il y a une vague de jeunes qui ont terminé leurs études qui sont à la recherche d'emplois. Avec la rareté des offres et la saturation du marché d'emplois, forcément, il y a beaucoup qui ne pourront pas s'en sortir», explique ce guinéen résidant dans l'hexagone.
Après ses études en France, A.S est rentré en Guinée où il a investi dans l’agriculture. Son retour auprès de sa famille au bord de la Seine a coïncidé avec les nouvelles restrictions. « J’attends que les choses rentrent dans l'ordre pour retourner en Guinée. Deux semaines après mon arrivée en France, les restrictions sont tombées. Je suis auprès de la famille pour l'instant. Dès que je trouverai un motif valable, je retournerai dans mes champs en Guinée », affirme ce guinéen.
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Etudiant, Bangaly Kourouma est obligé de suivre les cours par visioconférence. Une situation qu'il juge épuisante, mais obligatoire. « Tout le monde en France est impacté par la nouvelle vague du virus. La propagation des variantes sud-africaine et brésilienne ont entrainé le prolongement du couvre-feu de 20h à 18h. Cela veut dire une diminution d'heures de travail et une perte de revenu par ricochet. Moi, j'ai passé tous mes cours à distance et je viens de passer ma soutenance par visioconférence. Ce qui veut dire que je passe toute la journée devant mon ordinateur. Le moral est au plus bas. (…) Pour voyager hors de la France, on est obligé de présenter une raison impérieuse : cas de décès d'un parent ou urgence absolue. J'ai envie de partir en mars, mais je ne sais pas comment. Car le motif impérieux doit être présenté à l'aéroport. Depuis 8h, je suis devant l'écran. Je n'ai que deux heures de pause. Plusieurs cas de suicides ou de tentatives de suicides ont été constatés dans le milieu estudiantin ces derniers temps. Certains n'arrivent plus à supporter l'isolement prolongé. Tous les cours se font par Visio. Ici à Lyon un étudiant s'est récemment défenestré. Son pronostic vital est engagé », témoigne M. Kourouma.
Contrairement à ceux qui ont vu leur temps de travail réduit ou confiné à la maison, certains tirent leur épingle du jeu. C'est le cas de Safiatou Souaré. Cette guinéenne qui évolue dans le domaine médico-social travaille à temps plein. Soit, 35 heures par semaine.
« Je travaille dans le secteur du médico-social. Même en cette période de confinement nous sommes tenus obligés d’aller pour sauver les gens. Le secteur médical ici est très vaste, ce n’est pas que les soignants seulement, c’est élargi aux éducateurs, quelqu’un qui fait le ménage ou un homme d’entretien qui travaille avec le soignant. Les personnels médicaux ne sont pas que des soignants, c’est une multitude des professionnels qui travaillent ensemble, ou les uns travaillent auprès des autres. Je suis éducatrice, je travaille auprès des enfants autistes, des enfants malades. Nous sommes tenus obligés d’aller accueillir ces enfants dont les parents travaillent ou qui n’ont pas les moyens de s’occuper d’eux à la maison. On aide ces enfants à s’ouvrir au monde et à apprendre beaucoup de choses. Donc pour nous, les charges sont énormes avec la Covid. Parfois, des collègues sont touchés par le virus, nous pouvons enregistrer des absences, ça nous rend un peu handicapés dans notre travail. Il arrive des moments où nous ne sommes pas en nombre, donc ceux qui sont présents vont travailler durement. Nous sommes touchés par l’absence de certains professionnels à cause de la Covid. C’est à ce rythme que j’assure mes 35 heures par semaine», confie-t-elle.
Abdoul Karim Diallo, étudiant guinéen à Aix-Marseille Université, mène à sa façon le confinement. Il décrit son quotidien : « Le contexte sanitaire a significativement impacté le rapport que j'avais avec les amis compatriotes ou autres avec lesquels je vis ici. Non seulement on se voit rarement, mais aussi on se parle peu, excepté quelques intimes avec lesquels je discute via Zoom ou autre canal. La nouvelle situation a fait que la peur est montée d'un cran avec l'apparition du variant anglais ou sud-africain à tel point que certains font l'automédication par peur d'aller chez leur médecin traitant. Personnellement, je m'enrhume même en plein été où il fait 40° mais, je fais la téléconsultation avec mon médecin pour qu'elle me prescrive des médicaments pour soulager les douleurs. Nous avons peur car nous ne savons pas quand ça va finir. Personnellement, je suis confiné depuis longtemps, mais je sors quand même de temps en temps pour m'acheter quelque chose ou prendre de l'air, mais il faut être chez-soi à 17h comme un adolescent. Nous avons l'espoir qu'avec les vaccins des différents laboratoires, la vie normale allait reprendre », espère Karim Diallo, étudiant guinéen en sociolinguistique
Alpha Ousmane BAH(AOB)
Pour Africaguinee.com
Tel : (+224) 664 93 45 45
Créé le 17 février 2021 21:14Nous vous proposons aussi
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