Cellou Dalein : « Pourquoi Alpha Condé ne peut pas gouverner autrement… »

Cellou Dalein Diallo, leader de l'UFDG

CONAKRY-Alors que le président Alpha Condé promet de "Gouverner autrement" pour les six prochaines années du nouveau mandat qu'il vient d'entamer, son principal opposant n'y croit pas un mot. Cellou Dalein Diallo qui a été interrogé par Africaguinee.com a donné ses raisons.


Dans cette suite de l'interview que le leader de l'UFDG (union des forces démocratiques de Guinée) nous a accordée récemment, l'opposant répond à Lansana Kouyaté, président du PEDN. Avec Cellou Dalein, nous avons aussi abordé la question liée à l'appel lancé par l'archevêque de Conakry vis-à-vis de l'opposition. Comment entrevoie-t-il l'année 2021 ? L'opposant parle sans détour. Exclusif!!!

 

AFRICAGUINEE.COM : Que répondez-vous à Lansana Kouyaté qui a déclaré récemment que vous n’avez pas été élu ?

CELLOU DALEIN DIALLO : Je pense que c’est par ignorance. Je vais lui envoyer les documents pour qu’il comprenne les vrais résultats issus des urnes, qui montrent qu’on a gagné largement cette élection. Je vous donne un exemple : A Kankan, le RPG a eu 125 000 voix environ, l’UFDG a obtenu 13 000 voix. Nous étions certes déçus de notre résultat, mais ils ont déclaré que le RPG a gagné 260 000 voix. Ils ont multiplié par deux le score du RPG et ils ont ajouté 1 000 voix sur notre score en disant que nous avons eu 14 000 voix. A Siguiri, on a eu 42 000 voix, le RPG 174. 000 voix, mais ils ne nous ont retenu que 2 000 voix, en multipliant par deux le score du RPG dans les résultats officiels. En disant que 99% des électeurs de Siguiri ont voté alors qu’il n’y avait que 60 à 65% qui ont retiré leur carte d’électeur.

Dans son homélie à l'occasion de la fête de Noel, l’archevêque de Conakry monseigneur Vincent Coulibaly a souhaité que l’opposition accepte la main tendue du président Alpha Condé. Qu'en pensez-vous ?

Je pense que si l’archevêque de Conakry a vu une main tendue, moi j’ai vu une main assassine d’Alpha Condé. Une main armée qui est en train de vouloir tuer l’UFDG et l’ANAD. On ne peut pas se comporter comme s'il le fait vis-à-vis d’un parti avec lequel on souhaite dialoguer. Vous tuez ses partisans, on n'en parle pas. On poursuit des gens qui ont tenu des propos dit-on contraires à l’ordre et à la sécurité publique, ils sont arrêtés. Ceux qui ont tué, personne ne les recherche. On arrête les autres parce que c’est des opposants. Pour Alpha Condé, ce ne sont pas des citoyens à part entière qui méritent la justice. Il continue d’arrêter les gens pour leur opinion, les assassins courent librement. Nos bureaux sont fermés et occupés par l’armée et la gendarmerie. Et on dit que c’est une main tendue ? Je veux bien rencontrer monseigneur Coulibaly pour essayer de partager ma lecture. Je ne sais pas comment, il considérerait que cette main armée d’Alpha Condé est une main tendue pour le dialogue.

Vous pensez que les religieux devraient faire un travail en amont avant de lancer de tels appels ?

Comme je l’ai toujours dit, la rue c’est toujours le dernier recours. On est allé voir les religieux en tant que FNDC (Front national pour la défense de la Constitution, Ndlr) pour leur expliquer nos préoccupations, nos revendications, les sources des conflits avec le pouvoir. Nous avons demandé le dialogue pour qu’on essaye d’aplanir nos divergences autour de la table. Monseigneur Coulibaly, Elhadj Mamadou Saliou Camara, Elhadj Manssour Fadiga et d’autres étaient là. Ils nous ont dit : arrêtez les manifestations, nous allons convaincre monsieur Alpha Condé d’accepter d’aller au dialogue pour qu’en tant que guinéens on identifie les sources de conflits et on essaye d’aplanir les divergences. Mais Alpha Condé n’a pas voulu les recevoir. Nous, on a arrêté les manifestations, mais il n’y a pas eu de suite. Parce qu’encore une fois, on ne privilégie pas la rue, ça nous coûte cher : il n’y pas de justice, on tue nos militants, on emprisonne certains, on les condamne à des peines de prison lourdes parce qu’ils ont juste manifesté. Tu n’as pas de recours contre Alpha et sa justice.

Donc, à l’époque lorsqu'il y avait un moyen d’aplanir les divergences par le dialogue, on a dit qu’on était d’accord avec eux, mais ils n’avaient pas pu. Les partenaires techniques et financiers membres du comité de suivi du dialogue, ils nous ont demandé la même chose, ils ont mené des démarches. Mais Alpha a dit qu’il était hors de question. Il voulait aller aux élections législatives dans ces conditions sans l’opposition. Toutes les élections sont précédées de dialogue pour essayer d’identifier les sources de fraudes pour mettre des garde-fous. Mais ici, il n’y a pas eu de dialogue. Donc, aujourd’hui il a fait son holdup, il veut par la force le rendre irréversible en tuant, en emprisonnant et en confisquant les droits et libertés des citoyens.  

Comment entrevoyez-vous 2021 ?

Je souhaite que les conditions de vie des guinéens s’améliorent. Qu’il y ait moins de violation de leurs droits et libertés. Je souhaiterais que nous soyons plus unis, qu’il y ait plus de paix et de sérénité, qu’il y ait le rassemblement notamment des forces démocratiques de l’opposition pour qu’ensemble on puisse relever le défi qui est aujourd’hui le nôtre. C’est-à-dire le combat contre l’instauration d’une dictature. Il faut qu’on soit rassemblé au niveau de l’opposition et des forces vives. Il faut que les patriotes guinéens se retrouvent pour refuser la dictature et d’exiger une gestion transparente des ressources publiques, pour exiger le respect des règles et principes démocratiques ainsi que de l’Etat de droit. Il faut aussi exiger la réconciliation et l’élimination de la haine et de la violence dans notre pays, qui sont inutiles.

Les défis à relever sont le combat contre le sous-développement, la faim, l’analphabétisme, les mauvaises infrastructures, redresser l’école guinéenne, le système de santé, la promotion de l’emploi, soulager les femmes en réduisant la pauvreté. C’est possible aujourd’hui puisqu’on a les ressources. Nous n’avons même pas besoin de compter sur l’aide publique au développement. Il y a suffisamment de ressources générées par l’exploitation de nos richesses. Il suffit simplement que ces ressources soient judicieusement utilisées.

Justement parlant de gouvernance, pensez-vous que Alpha Condé pourra réussir à mettre en application son slogan ‘’Gouverner Autrement’’ ?

Il est incapable de changer de politique. En dix ans, il a eu l’opportunité de changer, mais il ne peut pas. Son pouvoir reposera sur la force, sur la violation des droits des autres. En tant que principal opposant et membre de l’UFDG, j’ai subi la haine. Combien de militants j’ai perdu ? Des militants qui exerçaient un droit constitutionnel, celui de marcher dans les rues et sur les places publiques. Même mon statut de chef de file de l’opposition, c’est lui qui était à l’initiative de cela. Mais lorsque les avantages ont été définis, au moment où la voiture de commandement et celle de l’escorte ont été commandées, il a dit de ne pas me les remettre. De ne plus me donner quoi que ça soit, alors que l’Assemblée Nationale avait défini les avantages. C’est la haine et la discrimination (…). C'était la Loi dont il était l'initiateur qui l'exigeait. Pourquoi il a arrêté le processus des élections locales ? C’est parce qu’il a vu que l’UFDG avait largement gagné, notamment les quartiers et les districts.

Un mot pour conclure ?

Je lance un appel à mes collègues de l’opposition pour l’unité et le rassemblement pour sauver notre pays de la dictature, de la division et de la misère.

 

Interview réalisée par Diallo Boubacar 1

Et Oumar Bady Diallo

Pour Africaguinee.com

Tel : (00224) 655 311 112

 
Créé le 4 janvier 2021 09:09

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