Littérature : Publication à titre posthume de deux romans de feu capitaine Karifa Traoré

Dédicace des romans de feu le capitaine capitaine Karifa Traoré

CONAKRY-Les éditions "L'Harmattan Guinée" ont, à l'occasion des mercredis du livre, publié à titre posthume, ce 9 décembre 2020, deux œuvres littéraires de feu capitaine Karifa Traoré. Il s’agit des romans : « Marqué par l'amour et la haine » et « Chants et légendes mandingues ». L’événement a connu la présence, notamment du président de l’Assemblée nationale, Amadou Damaro Camara, des ministres de la Ville et de l’aménagement du territoire, Ibrahima Kourouma, de la Défense, Dr Mohamed Diané, ainsi que plusieurs autres personnalités et membres de la famille de l’auteur, notamment le Directeur Général du Fond d'entretien routier, Souleymane Traoré.


Karifa Traoré est né en 1936 à Tiguibri, petit village de la Haute Guinée. Après l'indépendance de la Guinée en 1958, il devient garde forestier puis fait carrière à la Douane. Gouverneur de Kankan à la prise du pouvoir par l'armée en 1984, il sera arrêté en juillet 1985 suite au coup d’Etat du colonel Diarra Traoré et libéré après trois ans de prison. Il meurt en 2003 en laissant plusieurs manuscrits que ses enfants ont décidé de publier chez L’Harmattan Guinée.

Le roman «Marqué par l’amour et la haine » est une sorte d’hymne à la vie simple mais heureuse de Tiguiri, village natal de l’auteur auquel il reste «viscéralement attaché ».

A travers une description de l'amour profond entre une mère et son fils, le lecteur fait découvrir la beauté des cérémonies traditionnelles en Afrique, mais également les péripéties de l’inscription de l’auteur à l'école française dans les années 1940 en Guinée.

Par ailleurs, le lecteur verra également comment «le courage et l'orgueil» d'un enfant de quinze ans, amoureux de l'école mais limité par les conditions matérielles et confronté aux affres de l'exil dans une immense ville, peuvent permettre de vaincre des épreuves en vue de réaliser des ambitions nobles.

Dans le roman «Chants et légendes mandingues », l’auteur fait voyager dans le Mandingue d'antan avec «des chants indémodables, aux messages forts » qui sont de belles leçons de vie, des leçons plus que jamais d'actualité dans un monde en perte de valeurs.

Parlant de l’auteur, le directeur de L’Harmattan Guinée a déclaré que « cet auteur que nous célébrons aujourd’hui s’inscrit dans la lignée de Cervantès, grand écrivain espagnol qui a écrit Don Quichotte que certains qualifient de la plus belle œuvre du monde. (…)  Le doyen Karifa Traoré aimait les livres, la lecture, mais surtout l’écriture. Aujourd’hui, nous allons vous présenter deux de ses ouvrages et le reste va suivre dans les mois à venir », a déclaré Sansy Kaba Diakité en félicitant la famille Traoré qui a eu l’initiative de publier les manuscrits de leur père.  

«Nous sommes réunis ce soir, pour honorer, en même temps procéder à la dédicace d’un être qui nous était cher, un père qui nous a quittés il y a 17 ans. Cet homme a été tout pour nous. Il nous a mis sur un chemin qui nous a permis d’être ce que nous sommes aujourd’hui. (…) Il a fait 3 ans en prison, mais malgré cette souffrance il a pu écrire ces œuvres qui va permettre aux jeunes générations de comprendre effectivement ce qui s’est passé», a souligné Souleymane Traoré, l’aîné des 11 enfants de l’auteur.

Dans son témoignage, le président de l’Assemblée nationale a rappelé le moment passé en prison avec l’auteur de ces deux ouvrages. « J’ai connu Karifa qu’on appelait tantôt Koro, tantôt préfet. En tant que préfet, il ne mettait la sirène qu’en rentrant à Tiguibiri comme pour dire l’enfant a réussi, il est de retour. C’était un homme d’humour qui avait un nom pour toutes ses femmes. Celle qui est dans la salle s’appelait la dulcinée. La première, il l’appelait la compagne qui est décédée quand on était en prison. Je n’ai jamais vu un homme pleurer, inconsolable, sauf 2 mois après le décès quand on l’a annoncé la perte de sa compagne. Il a écrit «Marqué par l’amour et la haine », mais il n’a pas eu de haine. Il a beaucoup écrit quand on était en prison. Il m’a donné une feuille, le titre c’est ma vie en lambeau en m’interdisant de publier. Il me dit « tu le lis chaque fois que tu perdras le moral », mais je t’interdis de le publier parce que je vais paraître comme quelqu’un qui garde quelque chose contre quelqu’un. Aujourd’hui, j’en connais très peu d’exemples, un père qui meurt et sans les altérer, qu’on publier ses œuvres 17 ans après sa mort », a témoigné Amadou Damaro Camara remerciant au passage L’Harmattan Guinée pour avoir édité les manuscrits de feu capitaine Karifa Traoré.

Abdoul Malick Diallo

Pour Africaguinee.com

Tel : (+224) 669 91 93 06

Créé le 10 décembre 2020 08:01

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