VIH Sida en Guinée : La stigmatisation, l’autre danger de la pandémie…
CONAKRY- Ce 1er décembre, le monde célèbre la 32ème journée internationale de lutte contre le VIH Sida, sous le thème « Solidarité mondiale et responsabilité partagée ».
En Guinée, 110.000 personnes vivent avec le VIH Sida, selon MSF (médecins sans frontières) contre 4.300 nouvelles infestions et 3.100 décès par an. Si le taux de prévalence du VIH/SIDA est relativement faible en Guinée, avec environ 1.4% de la population, il faut cependant dire que la plus part des personnes séropositives vivent quotidiennement avec le poids de la stigmatisation et la discrimination. Selon Médecins Sans Frontière (MSF), la plupart des patients décèdent en silence à la maison à cause de cette stigmatisation.
De 2005 à 2018, le taux de stigmatisation a peu baissé de 84.9% à 75.7%. Selon le Chef de Mission de MSF en Guinée, Frederik Van Der Schrieck, il y a des défis à révéler malgré certaines avancées en termes de prise charge.
« Actuellement, nous accueillons chaque mois près de 70 patients nécessitant des soins souvent très avancés. Elles souffrent des infections mortelles telles que la tuberculose. Le nombre de patients admis à Donka est une constante augmentation depuis le lancement de l’unité. Ce grand nombre de patients traduit l’ampleur des défis à révéler en amont, à tous les niveaux du système sanitaire. A cause du manque d’accès au dépistage », a déclaré Frederik Van Der Schrieck.
Vivant avec le VIH Sida depuis 15 ans, Hassimiou Camara père de famille témoigne qu'il a perdu son travail, chassé par son employeur, à cause de sa maladie.
« C’est en 2005. J’ai commencé à développer la maladie. Chaque fois, je tombais malade et je pouvais faire un mois alité. Un jour, mon chef de service m’appelé, il dit : Hassimiou tu es une personne courageuse et tu viens régulièrement au service. Mais à cause de ton état sanitaire, je préfère que tu restes à la maison pour te traiter. Après deux mois à la maison, je suis revenu au service, j’ai recommencé à travailler. Le même Chef de service m’a appelé en rappelant ces consignes de rester à la maison. Je lui ai répondu que j’ai terminé mon traitement. Il me dit tu es malade et que si je ne sais pas que j’ai le Sida. Il appelé son vigile qui m’a chassé de son bureau. Je suis rentré à la maison frustré et le moral bas. J’ai entendu le mot Sida et depuis ce jour là je ne savais pas quoi faire. Aujourd’hui, ce n’est pas la maladie qui tue mais la stigmatisation. Quand on est stigmatisé, c’est le désespoir qui s’installe », a dénoncé Hassimiou Camara.
Cet ancien conducteur du train dans une compagnie minière de la place affirme avec fierté qu’il a pu surmonter cette situation. Mais mieux, il a eu trois enfants séronégatifs avec sa femme.
« Un jour j’étais assis dans mon salon en train de regarder la télé, j’ai vu une page publicitaire de MSF à Matam pour la prise en charge gratuite. Le lendemain je suis allé volontairement me faire dépister. A Matam, la dame que j’ai trouvée m'a préparé psychologiquement. A l’époque le résultat, c’était 24 heures. Le résultat de mon test était positif. Mais on m'a rassuré que si je prends mon traitement régulièrement je peux vivre longtemps comme il le faut. Au jour d’aujourd’hui, je mène une vie positive sans aucun problème. J’ai eu trois enfants pendant ma positivité grâce au traitement », a raconté Monsieur Camara
Active depuis 2003 en Guinée, MSF appui 8 structures de santé de Conakry dans la prise en charge médicale et psychologique gratuite des PVVIH et plus de 13.700 patients ont ainsi accès à un traitement.
Bah Aïssatou
Pour Africaguinee.com
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Créé le 1 décembre 2020 10:56