Saikou Yaya Barry : « Sidya Touré est la bête noire d’Alpha Condé… »
CONAKRY- Les récentes accusations du président Alpha Condé ne laissent pas de marbre le parti de Sidya Touré ! Par la voix de son secrétaire exécutif, l'union des forces républicaines (UFR) a répondu au chef de l’Etat qui le qualifie de "coquille vide". Dans cet entretien, Saikou Yaya Barry est revenu sur d'autres sujets brûlants de l'actualité.
AFRICAGUINEE.COM: Lors de sa dernière sortie médiatique, le président guinéen Alpha Condé a indiqué l’UFR n’existe plus en qualifiant votre parti de coquille vide. Quelle est votre réaction ?
SAIKOU YAYA BARRY: La bête noire du président Alpha Condé c'est l’Union des Forces Républicaines (UFR). Il n’a pas toujours digéré le fait d’avoir perdu les élections présidentielles en 2010. Ce n’était pas lui qui venait au second tour de cette élection. Il se demande toujours comment et pourquoi c’est l’Ufr qui gagne surtout en Basse-côte (…), certes qu’il est soutenu en Haute-Guinée mais il se considère basse côtier. Son problème fondamental c’est cela. Notre parti se porte très bien, il va jusqu’à annoncer que notre parti est représenté à l’Assemblée nationale, mais c’est une contrevérité.
Au parlement il n’y a qu’une seule personne qui a quitté l’UFR pour occuper un siège là-bas, c’est Deen Touré. Mais ce personnage tout le monde le sait est un transhumant politique, il n’est arrivé au sein de l’Ufr qu’en 2012. Dans la base politique de notre parti personne n’a quitté à part les transhumants. La seule personne qui a quitté et que je considère étant une militante et présidente des femmes, c’est Hadja Aissata Daffé (Directrice adjointe de l’ANIES, ndlr). Tout le reste sont des gens qui sont venus parce qu’ils savent que Alpha Condé, son problème c’est Sidya Touré. Pour un peu attaquer Alpha pour qu’il les récupère et dire que l’Ufr a perdu des éléments. Je suis heureux de vous dire que nous nous portons très bien. L’Ufr se porte très bien et notre parti a le vent en poupe. A travers les orientations des dernières élections, les militants ont compris l’idée qu’avait avancée Sidya Touré. Aujourd’hui nous sommes pratiquement en conformité avec notre conscience et la population nous a donné raison. Nos militants sont massivement présents et d’autres arrivées sont aussi enregistrées.
Sidya Touré, le président de l’Ufr a vu ses documents de voyage confisqués. Comment interpretez-vous cette privation ?
Cela prouve à suffisance que Sidya Touré représente grand-chose. Le fait de retirer les documents de voyage de Sidya Touré, prouve qu’Alpha Condé a mal et se ronge du fait que le président de notre parti soit une personnalité importante dans ce pays. La capacité à Sidya Touré à régler les problèmes, Alpha Condé ne veut pas que les guinéens s’en sortent à travers cela. Ce qui est dommage, Sidya est un citoyen guinéen et il a droit à ses documents. Qu’on décide sans notifier de prendre ses dossiers à lui, c’est ce qui est inconcevable dans un Etat. Monsieur Abé Sylla comme lui, il a une double nationalité, Guinéo-américaine, cela prouve à suffisance qu’on a de considération que pour les étrangers, pour sa part il a récupéré ses documents. Quant à Sidya Touré, qui a été premier ministre et qui a prouvé ses compétences pendant cette période-là, qui s’est opposé d’ailleurs en compagnie d’Alpha Condé au régime de Lansana Conté, qu’on soit capable de lui retirer ses documents de voyage, c’est incroyable. Tout ceci démontre que le pays est en train de sombrer et de s’enfoncer dans le noir. C’est quelque chose qu’il faut arrêter.
Comment voyez-vous les poursuites judiciaires visant notamment certains hauts responsables de l'UFDG ?
Alpha Condé nous a dit ici qu’il prend la Guinée où Sékou Touré l’a laissé. Nous savons que les arrestations non justifiées, les rapports qu’on fait sur les personnes (…), pour ceux-là qui ont connu cette période sombre de notre histoire, aujourd’hui c’est la même chose qui continue. On arrête d’abord la personne avant de justifier pourquoi on l’a arrêté. Alors qu’il y’a toute une procédure pour arrêter un citoyen libre. Il y’a d’abord une convocation voire même une seconde pour pouvoir procéder à son arrestation. C’est à l’accusateur de prouver les causes (…), le pourquoi de sa convocation. Malheureusement nous sommes dans un pays où les citoyens sont considérés comme des poussins qu’on peut interpeller un jour sans savoir pourquoi ils sont arrêtés. C’est très dangereux pour notre pays.
C’est là où j’interpelle toute la société guinéenne, toutes les composantes de la nation et les institutions du pays. Si nous ne faisons pas attention, le pays est en train de s’acheminer vers un système dictatorial sans précédent. Au 21ème siècle, c’est très grave pour notre pays.
Comment l’opposition compte s’y prendre face à la nouvelle donne politique en Guinée ?
Il faut une organisation de toutes les forces vives du pays. Nous estimons qu’à un moment donné de l’Histoire, la Guinée s’est montrée très clairvoyante en organisant en 2006 et 2007 les concertations des forces vives. Nous avions à l’époque produit trois documents, économiques, sociales et politiques, pour donner une orientation à la Guinée. Aujourd’hui je me dis que les forces vives, c’est-à-dire, les partis politiques, les syndicats, la société civile doivent se retrouver pour réfléchir sur l’orientation que nous voulons donner à notre pays. Nous sommes à un moment critique de notre histoire, nous sommes tombés si bas que nous devrions nous relever. Pour cela, nous ne pouvons le faire en rang dispersé, il est important que les guinéens se retrouvent.
Quelle stratégie doit-on adopter selon vous ?
C’est vrai qu’il nous arrive de s’asseoir, de discuter, de reprendre. C’est comme un enfant, avant de marcher, il titube ; il arrive qu’il tombe et de se relever pour pouvoir marcher. Mais je pense qu’aujourd’hui que le noyau le plus important c’est le FNDC et ce front a bâti sa stratégie et a démontré les tares de ce régime de par le monde. Pendant une année ce combat a montré à la face du monde qui est Alpha Condé (…), c’est déjà une base. Certes il y’a eu quelques personnes qui se sont retirées du système FNDC pour aller à des élections que nous savions perdues d’avance. Néanmoins il ne sert à rien de se positionner comme ça (…), il faut revenir à la maison et rebâtir notre stratégie qui va nous permettre d’avancer.
Est-ce une main tendue ?
Nous sommes guinéens et il faut qu’on se retrouve (…), mêmes ceux qui sont dans les institutions de ce pays sont appelés. Etre dans une institution, c’est pour un petit temps, si le pays est gâté cela n’arrangera personne. Nous devons nous retrouver autour d’un idéal pour dire où nous voulons aller. Avec cette situation-là, on n’ira nulle part, avec ce système on ne peut pas avancer. Donc il est important de réfléchir autrement.
Certains préconisent une nouvelle transition. Etes-vous d'avis ?
Je ne me lance pas dans ce débat. Je parle de mettre un frein dans la façon, dont nous sommes en train de nous orienter pour qu’ensemble toutes les sensibilités de la Guinée évoluent. Pour que cela soit, ce n’est pas dans l’arrogance qu’on va y arriver, ni dans le rejet de l’autre. Il faut que les guinéens sachent que nous avons un problème sérieux à résoudre dans ce pays pour qu'on avance.
Interview réalisée par BAH Boubacar LOUDAH
Pour Africaguinee.com
Tel : (+224) 655 31 11 13
Créé le 18 novembre 2020 10:36Nous vous proposons aussi
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